「 Il regardait passer les trains - Nomin 」

28. Au déni

J'avais froid.

J'avais froid depuis qu'il s'était extirpé de mes bras, s'arrachant à mon emprise alors que j'avais essayé de le retenir.

Ses mains m'avaient gentiment repoussé, et un doux sourire, mi-exaspéré, mi-attendri avait éclairé ses lèvres.

J'avais souris aussi, battant lentement des paupières pour lui signifier qu'il avait gagné. Qu'il était libre. Et j'avais cessé de le serrer contre moi. Alors il s'était levé, déposant un baiser bien trop vif sur ma joue en guise de « merci » et il avait courut jusqu'à son téléphone qui ne s'arrêtait plus de sonner.

Il avait prit l'appel, revenant s'asseoir près de moi, sa main caressant mes cheveux alors qu'il me priait de me rendormir, mon corps secoué de quintes de toux terribles.

— Oui? avait-il finalement dit à son correspondant. Oui, Na Jaemin, c'est bien moi.

Alors la voix au bout du fil s'était mise à parler en continu, et il avait cessé de jouer avec les mèches sombres qui tombaient dans ma nuque, ses pas le menant à la chambre de Mark, dans laquelle il s'était cloîtré.

Resté allongé, un soupir m'avait échappé, alors que je tendais l'oreille, essayant de saisir des bribes de réponses. Mais il ne disait presque rien. Seulement quelques petits « Mmh» de plus en plus faibles à mesure que la conversation durait.

Puis il avait de nouveau parlé, distinctement cette fois :

— Très bien...

Je l'avais entendu soupirer. Un peu trop fort.

— Alors.. ce soir? Même heure? D'accord...c'est noté.

Il était sortit de la chambre, ne prenant même pas la peine de me regarder alors qu'il fouillait dans son sac, resté dans l'entrée.

— Oui, c'est ça... bonne journée.

Il avait raccroché. Et je l'avais regardé sans rien dire. Des milliers de questions me brulant la langue. Des milliers de questions que je n'oserais jamais poser, car il avait l'air en colère.

Il avait fait tomber dans sa paume cinq petits cachets, juste avant de disparaitre dans la cuisine, où je l'entendais chercher un verre dans les placards.

C'était la première fois que je le voyais faire ça. Devant moi. Sans se cacher.

Mais mon coeur s'était tout de même serré. Et j'avais décidé de le laisser en paix.

Quelque chose me disait, dans sa façon de se déplacer, de m'éviter en cherchant ma présence; qu'il préférait que je ne fasse aucune remarque.

Et c'est précisément ce que j'allais faire.

Alors je lui avais obéis, tentant de me rendormir tant bien que mal, tout seul sur le canapé; avec une place libre contre mon coeur, qui n'attendait que lui.

Les yeux entrouverts, je l'avais regardé se préparer pour partir en cours. Il s'était changé dans la salle de bain, et y était resté un moment, en ressortant avec le visage piqueté de rouge.

Rouge qui aurait pu venir d'eau un peu trop froide sur sa peau. Ou de larmes.

J'aurais voulu pouvoir opter pour la première option.

Mais je n'y arrivais pas.

Le coeur broyé, je l'avais vu sortir un petit bout de papier de son sac. Puis il était venu s'asseoir sur le canapé, en souriant doucement :

— Tu fais vraiment très mal le mec qui dort, Jen..

Et j'avais ris, l'entrainant à ma suite, alors que nos regards se rencontraient. Entrant dans une fusion dont nous commencions à nous accommoder.