31. À la première croix

1.8K 320 300
                                    


Le soleil avait fini par tomber, ses derniers rayons filtrant péniblement entre les immenses gratte-ciels, éclairant le chemin du retour d'un rouge qui me rappelait le sang sur les mains de Donghyuk.

Nous trainions des pieds, marchant à reculons, main dans la main, murés dans un silence étrange. Et cette fois, c'était à cause de moi. Parce que j'avais le coeur serré. Serré de remords. Et la langue qui me brûlait d'un mensonge qui avait trop duré.

Je voulais lui expliquer. Lui expliquer pourquoi j'étais encore chez Mark. Pourquoi je n'étais toujours pas rentré chez moi, et pourquoi j'étais malade comme un chien.

Mais je ne trouvais pas les mots. Rien ne me venait. Et j'avais peur de le blesser. J'avais peur de dire quelque chose de travers. Peur de tout, peur de le perdre.

C'était ridicule. Je savais qu'il ne m'en voudrait pas. Mais je ne voulais pas le quitter sur cette note là. Sur une note qui rajouterait un peu plus de poids sur nos coeurs meurtris. Pourtant, je l'avais juré à Mark. Et Jaemin devait connaitre la vérité.

Alors, tandis que l'appartement du blond approchait dangereusement, je m'étais lancé, l'arrêtant doucement devant moi :

Jaemin-ah.. avais-je dis. Je.. j'ai quelque chose à te dire.

J'avais toussé. M'arrachant les bronches et tout ce qui allait avec, sentant ma mâchoire me hurler d'arrêter ça tout de suite. Parce qu'elle aussi était endolorie.

Puis, son regard inquiet posé sur moi m'avait incité à continuer sur ma lancée. Alors j'avais attrapé ses deux mains dans les miennes, et je lui avais tout raconté; arrêtés là, en plein milieu de la foule.

Je lui avais expliqué pourquoi ma mère m'avait jeté dehors après nous avoir vu ensemble. Je lui avais décrit mes nuits interminables dans le froid glacial du vallon. Et j'avais poursuivi, expliquant tout ce qu'il s'était passé la veille. Pourquoi Donghyuk m'avait frappé et comment tout c'était fini. Comment nous avions ri, bien trop alcoolisés, et comment Mark m'avait proposé d'habiter chez lui. Puisque je n'avais nulle part où aller.

Et j'avais arrêté de parler, fixant son visage sur lequel s'était dessinée une petite moue boudeuse adorable :

Et tu comptais me le dire quand?

Il avait croisé ses bras sur sa poitrine, et m'avait fusillé du regard, alors que je passais ma main sur ma nuque, la massant honteusement :

J'avais peur de t'inquiéter pour rien.. m'étais-je justifié piteusement.

Alors il s'était mis à rire, m'embrassant la joue furtivement, bien heureux de quitter son air en colère qu'il tenait très mal :

Tu sauras que je m'inquiète toujours pour toi, Jeno Lee...

Et nous nous étions retrouvés juste devant l'entrée de l'immeuble de Mark.

Et je n'avais pas envie de monter jusqu'à son appartement. Parce que je ne voulais plus quitter Jaemin. Pas aujourd'hui.

Et à la façon dont il tenait mes mains, je devinais qu'il pensait la même chose.

Alors nous nous étions regardés un moment, et il s'était approché de moi. J'avais reculé doucement et ça l'avait fait sourire. Puis, il m'avait retenu un peu plus fort, venant glisser ses lèvres sur les miennes avec passion, tirant sur mes mains pour que je me rapproche encore. Et j'avais intensifié notre étreinte, dégageant mes doigts pour les plaquer sur ses hanches, ma tête venant cogner contre la porte d'entrée alors qu'il se pressait contre moi.

「 Il regardait passer les trains - Nomin 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant