40. À la fois de trop

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J'étais seul, à nouveau. Comme aux premiers jours. Seul et de retour.

De retour, noyé dans un océan de pétales flétris, d'herbes hautes, desséchées et jaunies par le temps qui court et ne s'arrête jamais. Noyé dans une nature où je revoyais la petite silhouette de mon meilleur ami courir, sautant par-dessus le gué du ruisseau, disparaissant dans le soleil de fin d'après-midi.

Noyé dans une nature où je le revoyais lui, marchant à mes côtés, son appareil photo tombant sur son torse, et ses yeux émerveillés sondant les champs qui nous entouraient.

Je le revoyais, resplendissant de milles couleurs, ses joues plus roses que les fleurs, et nos deux corps s'effleurant à peine.

À l'époque, nous étions amis. De simples amis, qui riaient de tout, et qui se cherchaient, sans comprendre l'attraction qui les liait.

C'était ce jour là qu'il m'avait embrassé, dans la clairière. Et c'était un de mes plus beaux souvenirs; le seul que j'aurais voulu garder du vallon qui m'avait rejeté.

Et je marchais, ressassant nos instants de bonheur, les mains dans mes poches, tournant sur moi-même parfois, comme pour éviter un enfant qui filerait entre mes jambes. Donghyuk poursuivit par un gamin lunaire, qui riait aux éclats.

J'avais longé le ruisseau, comme nous l'avions fait si souvent, et je m'étais enfoncé dans la forêt, gravissant cette pente douce qui avait fait de ses poumons un carnage, et qui m'avait forcé à le pousser, inquiet.

Et quand j'étais parvenu dans notre clairière, son souvenir avait effleuré les brins verts, s'y roulant avec bonheur, et son sourire encadré de douces pouces émeraudes m'avait séduit encore une fois.

Mais j'étais seul, et notre clairière était vide. Comme avant, comme toujours.

Doucement, comme si j'avais peur de briser ce qu'il restait de notre premier baiser, je m'étais avancé sous le soleil, et je m'étais accroupis, cueillant des dizaines de fleurs, alors que derrière moi, Jeno faisait tomber son Jaemin dans l'herbe, tombant amoureux de lui pour la première fois d'une longue série.

Quand j'avais terminé mon bouquet, j'avais vu les deux silhouettes de mes souvenirs s'enfoncer entre les arbres, en sens inverse, et je les avais suivis. Sans bruit.

J'avais l'impression de voir ma vie entière défiler devant moi. Mais j'étais heureux. Heureux d'avoir vécu tout ça. Heureux de l'avoir aimé. Et de l'aimer encore, et ce, pour toujours.

Un petit sourire sur les lèvres, j'étais redescendu à la gare, mon bouquet entre les doigts, et j'étais monté dans le vieux wagon décrépit d'où je l'avais vu descendre. Et en m'asseyant à sa place habituelle, je l'avais remercié d'avoir fait tomber son dessin.

Quand le train avait soupiré à quai, j'en étais sortit, me mêlant à la foule de la ville, serein, car il m'avait appris à l'apprivoiser.

Je lui devais tant. Il m'avait tout enseigné.

Tout, mais surtout l'amour.

Alors, j'avais suivis mon chemin habituel, enroulant le bouquet d'un ruban rouge, épais, que j'avais noué avec application, me dirigeant presque inconsciemment vers ma destination quotidienne.

J'avais enfin aperçu ces portes, que je franchissais chaque jour avec un pincement au coeur. Et j'avais tracé ma route, mes pas connaissant leur voie par coeur.

Ça faisait un mois. Jour pour jour, que je me rendais ici, tous les matins, à la même heure.

Le coeur battant, j'avais longé les murs blancs, et gravit des volées d'escaliers, avant de m'enfiler dans un couloir, toquant contre la porte sensiblement, avant de l'ouvrir.

「 Il regardait passer les trains - Nomin 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant