Chapitre 4

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  La première personne que rencontre Laurence en sortant du commissariat est sa propre secrétaire Marlène. Celle-ci détourne la tête comme un chien pris en faute.

- Ah ! Vous voilà, lui dit le commissaire. Alors, ça s'est bien passé, avec Avril ? Vous avez bu du café en grignotant des petits gâteaux ?

- Je n'ai rien bu, ni mangé, commissaire.

- Qu'avez-vous fait, alors ?

- J'ai...

- J'espère pour vous que vous avez une excellente raison, Marlène.

- Eh bien...

- Oui ?

  En son for intérieur, Marlène se met à paniquer. Il lui faut une idée, car, si elle disait qu'elle n'avait rien fait, Laurence va la sermonner comme une collégienne. Une idée lui vient.

- J'ai décidé de faire du tennis.

  Le commissaire n'en croit pas ses oreilles.

- Vous voulez faire du tennis ?

- Oui.

- Et en quoi est-ce que le tennis est plus important que votre travail ?

- Eh bien... tout simplement pour je puisse mieux apprendre à me défendre.

- Je ne vous suis plus, Marlène.

- Au tennis, on se sert d'une raquette. Et on peut très bien se servir d'une raquette pour se défendre. C'est arrivé à une amie d'enfance...

- D'accord, d'accord Marlène, dit le commissaire pour éviter une anecdote assommante. Vous m'avez convaincu.

- Qu'est-ce qu'il y a, commissaire ? On dirait que ça ne va pas ?

- Au contraire, Marlène. Je me sens comme Hercule qui est sur le point de tuer l'hydre de Lerne.

  Marlène, ne connaissant pas les mythes grecs, ne comprend pas de quoi parle le commissaire.

- Si vous le dîtes, dit-elle tout simplement.

- Figurez-vous que je suis enfin sur le point de boucler cette affaire de trafic.

- Ah! Quelle bonne nouvelle...

- Je ne serai donc pas là ce soir, Marlène.

- Pourquoi ?

- Parce que mon informateur m'a donné rendez-vous ce soir.

- Un rendez-vous... galant ?

- Non, Marlène. D'ailleurs, je ne sais pas si mon informateur est une femme.

- Qu'est-ce que vous allez faire, maintenant ?

- Je vais rentrer chez moi pour me préparer.

- Pour votre rendez-vous ?

- Bien sûr que oui, Marlène ! Cela fait trois semaines que je travaille sur ce trafic, et je n'ai pas l'intention de laisser échapper une piste. Mais il se peut que ça soit un piège.

- Un piège ? Mais tendu par qui ?

  Le commissaire se tourne vers elle, interdit. Elle n'a rien suivi ou quoi ? Il lui fait alors comprendre sa pensée.

- Il m'arrive de me demander, Marlène, si vous vous intéressez vraiment à ce qui se passe. Bon, ce n'est pas tout, mais je dois y aller.

  Et Laurence quitte sur ces mots sa secrétaire. Cette dernière le suit des yeux d'un air soupçonneux avant de rentrer dans le commissariat.

***

  Alice Avril rentre dans le locaux de son journal, La Voix du Nord, aux environs de seize heures. Il faut dire que l'interview du champion de tennis s'est déroulée plus longtemps que prévu. En plus, elle va le revoir ce soir pour prendre des photos. Elle s'assoit à peine sur son siège que le téléphone sonne. Elle décroche et dit :

- Allô ?

- Alice ? C'est Marlène. Est-ce que tu peux m'aider ? C'est en rapport avec le commissaire.

- Tant que ça enquiquine Laurence, je suis partante.

LPM - Jeu, assassinée, et matchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant