Chapitre 20

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  Leuficc ouvre la porte de sa maison et entre. Il va ensuite dans la cuisine se chercher une bouteille de cognac, ouvre la bouteille boit ce qui reste de son contenu.

- Alors, lui dit une voix derrière lui, on se laisse aller par la boisson ?

  Le joueur de tennis se retourne. Un homme vêtu avec élégance est assis sur une chaise et joue avec un couteau à cran d'arrêt. Leuficc s'approche de lui et lui dit :

- Ça se gâte, patron. Le commissaire s'approche de nous dangereusement.

- Tiens donc ?

- Pourquoi êtes-vous si calme ? Vous ne voyez pas que ça va chauffer pour nous ?

- Si je suis calme, c'est parce que j'ai déjà vidé ma colère sur mon frère. Cet imbécile a fait une bêtise.

- Quoi donc ?

- Une journaliste est venue fouiner, et j'ai eu la bêtise de lui parler du trafic. Elle a réussi à nous échapper, et Gaston lui a tiré dessus avec son arme. Elle doit être à l'hôpital, à l'heure qu'il est. Ce soir, j'ai l'intention de lui faire une petite visite.

- Une minute... À quoi ressemblait cette journaliste ?

- Plutôt jeune, rousse, avec la tenue appropriée pour le tennis. Pourquoi ? Tu la connais ?

  Leuficc repose la bouteille de cognac sur la table, s'assoit et met sa tête entre ses mains.

- Tu la connais, en conclut son patron.

- Elle était venue hier pour un reportage. C'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai un alibi pour le meurtre d'Anaïs. Puis elle est venue aujourd'hui. Je crois que...

  Une pause.

- Que quoi ?

- Qu'elle a dû regarder dans mon petit carnet.

- Quel petit carnet ?

- Celui qui contient des numéros de téléphone et des adresses.

  Un déclic se fait dans l'esprit de l'élégant. Il arrête de jouer avec son couteau.

- Est-ce que je peux y jeter un coup d'œil ? demande-t-il.

- Euh... oui.

  L'élégant se lève, prend le carnet et le consulte. Lorsqu'il arrive à la dernière page, son visage reste inexpressif. Il dit pourtant avec une voix grondante de colère :

- Je crois savoir qui est la personne qui a aidé le commissaire à connaître ton rôle. Et cette personne, c'est cette journaliste.

- Vous croyez?

- J'en suis même sûr.

- Alors, que faisons-nous ?

- D'abord, nous débarrasser du commissaire. Pour le moment, c'est lui notre plus grande menace.

- Et comment comptez-vous faire ?

- Oh, tu sais... Un petit tour près du fleuve, une bousculade malencontreuse... et adieu monsieur le commissaire.

- Dîtes...

- Oui ? Y aurait-il un souci avec mon idée ?

- En fait, je veux juste savoir... si c'est vous qui avez tué Anaïs et Hugo.

- Et pourquoi est-ce que j'aurais fait ça ?

- Eh bien... Ils auraient pu devenir gênants pour vous... Alors...

- Alors, je me serais dit qu'il faudrait que je les tue et que je ne déguise pas ces meurtres en accidents ? Tu me prends pour qui ?

- Pour mon patron, patron.

- C'est ça, c'est ça... Néanmoins, je pense que je vais mener ma petite enquête sur cette affaire.

- Pourquoi ?

- Il se peut que ce soit quelqu'un de notre bande qui aurait agi sous l'effet de la panique - pas comme Vipère. Mais je n'y crois pas. J'ai bien expliqué à chacun leur rôle, et je leur ai fait comprendre qu'il faut s'y tenir. Donc, de deux choses l'une : ou le motif de ces meurtres ne nous concerne pas, ou le meurtrier en a après nous.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- Un pressentiment... Et maintenant, je me demande de qui il faut le plus se méfier : les flics... ou le meurtrier ?

  L'homme élégant lance son couteau qui se fiche dans le mur.

***

  Dans l'appartement d'Avril, Marlène est en train de préparer une soupe tandis que son amie lui dit :

- Non mais, t'es d'accord avec moi, Marlène ? On ne peut pas rester les bras croisés pendant que Laurence fait tout le boulot.

- Alice, on t'a tirée dessus. Si le commissaire juge bon que tu restes hors de tout ça, c'est qu'il a une raison.

- Il ne veut pas que j'enquête avec lui, voilà la raison.

- Ne dis pas ça, Alice. C'est pour ton bien.

- C'est ça. Non mais, Marlène, je ne suis pas faite en sucre.

- Ça fait la cinquième fois de la soirée que tu me dis ça.

- Ah ?

- Allez, la soupe est bientôt prête.

  Avril s'installe pour le dîner pendant que son amie touille avec une cuillère le contenu de la soupière. La jeune journaliste prend une cuillère et la fait tourner avant de la reposer, songeuse. Puis, elle demande à Marlène :

- Tu penses que c'est ce Leuficc le meurtrier ?

- Avec tous les indices qu'il y a contre lui, je pense que oui.

- Pourtant, il n'a pas pu commettre le premier meurtre : il était avec moi lorsque c'est arrivé.

- Mais alors, qui est-ce ?

- Je vois bien le grand Gaston... Tu sais, celui qui a tenté de me tuer.

- C'est prêt, dit la secrétaire en prenant à deux mains la soupière.

- Marlène ? Tu m'écoutes ?

- Bien sûr que je t'écoute, répond Marlène, encore debout avec la soupière. Mais tu ne devrais pas te mêler de ça. Tu as déjà failli perdre la vie aujourd'hui.

  Des larmes lui viennent aux yeux. Son amie se lève, s'approche d'elle et lui dit pour la réconforter :

- Ne t'en fais pas, Marlène. Après tout, ce n'est pas la première fois que ce genre de choses m'arrive, et je m'en suis toujours sortie.

- Oui...

- Alors, on dîne ou pas ? dit Avril avec un ton joyeux pour changer de sujet. C'est que j'ai une de ces dalles.

  Marlène sourit avec elle et pose la soupière sur la table. Mais elle le fait si maladroitement qu'elle en renverse le contenu. Les deux amies se regardent, Marlène avec une mine qui montre qu'elle est désolée.

LPM - Jeu, assassinée, et matchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant