Chapitre 8

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  Après un certain temps sur sa moto - drôle d'impression dans cette tenue de tennis - et ensuite avoir garé son engin devant le commissariat, Alice Avril voit le commissaire Laurence en sortir. Elle s'approche de lui en le saluant :

- Alors, comment ça va, Laurence ?

- Très mal, Avril. Et c'est votre faute.

- Ma faute ? Qu'est-ce que je vous ai fait ?

- Oh, rien à part avoir mis ma secrétaire contre moi.

- Alors là, Laurence, je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

- Ne faîtes pas l'innocente, Avril. Il y a quelques minutes à peine, elle me fait la tête. Et je vous connais assez pour savoir que vous êtes capable de la monter contre moi.

- Mais j'ai rien monté du tout. La dernière fois qu'on a parlé, elle a été vexée pour un rien.

- Vous connaissant, vous l'avez certainement traitée de potiche.

- Parce que vous, vous ne la traitez pas comme une esclave, peut-être ?

- Il existe un livre qui s'appelle le dictionnaire, Avril. En le consultant attentivement, vous comprendrez qu'une secrétaire est différente d'une esclave.

- J'ai l'impression que vous ne venez de vous en rendre compte que maintenant, commissaire.

  Le commissaire préfère sur le coup changer de sujet :

- Sinon, qu'est-ce que vous faîtes ici, avec vos gros sabots ? Vous voulez des informations, je suppose ?

- Ce serait top.

- Dîtes-moi, vous détestez toujours les personnes qui se pavanent et se croient au-dessus de tout ?

- À votre avis, pourquoi est-ce qu'on est les meilleurs ennemis ?

- Eh bien, puisque vos sentiments n'ont guère changé, je vais vous présenter une personne que j'exècre plus que vous.

- C'est qui ? Une féministe ?

- Non. Un inspecteur au nom stupide de Rasse.

- J'ai l'impression que vous allez me jouer un mauvais tour, Laurence.

- Quelle ironie de votre part, Avril.

  La journaliste fait la grimace au commissaire, qui ne peut s'empêcher de sourire, et entre dans le commissariat, tandis que Laurence va à sa voiture. Avril pénètre dans le bureau du commissaire et voit Tricard qui est en pleine discussion avec un type qu'elle devine comme étant l'inspecteur Rasse dont lui a parlé Laurence un petit peu plus tôt.

- Voyons, Rasse, vous ne pouvez pas avoir résolu cette affaire aussi rapidement.

- Je suis un professionnel, ne l'oubliez pas.

- D'accord, mais vous avez des preuves, au moins ?

- Une fuite, ça vous va ?

- Mais ça peut tout vouloir dire, une fuite.

- Ah oui ? Et quoi donc ?

  Tricard ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais renonce. Il tourne la tête et voit Avril.

- Tiens, c'est vous.

- Qui est-ce ? demande Rasse.

- Rasse, je vous présente Alice Avril, reporter à la Voix du Nord, lui répond Tricard avec précipitation. Bon, excusez-moi, mais j'ai... du travail.

  Le commissaire-divisionnaire quitte sur ces mots les deux personnes. Avril n'est pas dupe : Tricard a pris la fuite. L'autre s'avance vers elle et lui dit :

- Alors, comme ça, vous êtes journaliste.

- Oui.

- Je sais parfaitement pourquoi vous êtes ici.

- Ah bon ?

- Vous êtes venue pour m'interviewer.

  La journaliste a un instant l'envie de démentir, mais s'abstient. Après tout, peut-être qu'en le brossant dans le bon sens du poil, elle pourra avoir des infos.

- Allez-y, dit-elle en sortant un carnet et un crayon. Je vous écoute.

- Dès qu'on m'a appelé pour ce trafic de bijoux, j'ai aussitôt su à quoi m'en tenir...

  Maintenant, la journaliste sait pourquoi Rasse déplaît à Laurence.

LPM - Jeu, assassinée, et matchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant