Le commissaire Laurence boit un verre de whisky debout en regardant les lueurs de la nuit pendant que son gramophone fait tourner un disque. Sur la table basse se trouve un dossier, celui d'Hugo Difoisis. Le commissaire vient de le consulter, et il n'y a pas trouvé la moindre chose qu'il puisse juger utile dans la résolution de cette affaire de meurtres.
Le téléphone se met à sonner. Laurence quitte son poste d'observation, s'approche du téléphone et décroche.
- Commissaire Laurence à l'appareil. Oui. Vous voulez me parler ? Eh bien, passez demain au commissariat. Comment ? Maintenant ? C'est aussi grave que ça ? Si j'ai lu les journaux ? En général, je me méfie des âneries écrites sur ces feuilles de choux. L'Écho de l'aile ? Non, je ne l'ai pas. Comment ça, c'est à propos du meurtre de la joueuse de tennis ? Et d'abord, qui êtes-vous ? Écoutez, si vous ne me dîtes pas qui vous êtes, je ne peux rien faire pour vous. Allô ?
On vient de raccrocher à l'autre bout du fil. En grommelant, Laurence pose le combiné sur son socle et retourne lire le dossier de Difoisis. Il en est sûr, il a laissé passer quelque chose. Mais quoi ? C'est ce qu'il essaie de découvrir. Il cherche au niveau de sa famille, de ses activités, de ses relations tels que des amis...
Son regard tombe sur une note. Il ne l'aurait pas prise en compte si un détail écrit dessus n'avait pas attiré son attention.
Entretenait des relations intimes avec Juliette Martoin, serveuse au Rox-âne. S'est ensuite séparé d'elle.
Rox-âne... Mais c'est le nom brodé sur le mouchoir trouvé sur les lieux du meurtre de Difoisis. Est-il possible que cette ex ait été dans l'entrepôt au moment du crime ? Après tout, il y avait du sang sur le mouchoir. Peut-être le sang de la victime. Le commissaire se dirige vers le téléphone et compose un numéro : celui du commissariat. Il patiente un peu avant que quelqu'un décroche à l'autre bout du fil.
- Ici le commissaire Laurence. J'ai besoin d'informations sur une certaine Juliette Martoin. Si c'est urgent ? J'enquête sur un meurtre, alors oui, c'est urgent. Bonne soirée.
Laurence raccroche lorsqu'on . Il va à la porte et ouvre. Il se retrouve face à un homme aux cheveux noirs, âgé sans doute de quarante ans et qui ne peut pas s'empêcher de jeter des coups d'œil derrière lui.
- Qui êtes-vous, et que faîtes-vous là ? lui demande le commissaire. Je vous préviens, si c'est pour me faire le coup du pipeau avec vos sondages, je vous claque la porte au nez.
- Vous êtes bien... le commissaire Laurence ?
- C'est moi. Et vous, vous êtes... ?
- Jean-Luc Duvaux.
Nom d'un chien ! Le suspect recherché par l'inspecteur Rasse ! Très vite, Laurence prend l'acteur par le col et l'emmène d'un geste dans son appartement, en prenant soin de fermer la porte.
- Mais lâchez-moi, gémit Duvaux.
- Qu'est-ce que vous faîtes ici ? lui demande plutôt le commissaire.
- Écoutez, tout le monde me recherche pour le meurtre d'une femme que je ne connais pas. Même les journaux en parlent. Alors, je me suis que ce ne serait pas une mauvaise idée de vous convaincre que je suis innocent.
Le commissaire jette Duvaux sur son canapé comme un vulgaire torchon. Il prend ensuite une cigarette, l'allume et demande d'un ton sec :
- Allez-y, parlez.
- Déjà, je ne connais pas cette femme. C'est déjà un argument en ma faveur, non ?
- J'ai déjà croisé des criminels qui choisissaient des victimes au hasard.
- Ah ? Eh bien... il se trouve que j'ai un alibi pour le meurtre.
- Comment pouvez-vous connaître les détails alors qu'on en a peu dit à la presse.
Duvaux ne peut pas s'empêcher de rire. Devant l'incompréhension de Laurence, il lui dit :
- Vous ne devez pas être au courant de ce que disent les journaux. Votre collègue, l'inspecteur Rasse, a tout dit. À votre avis, comment est-ce que je suis au courant ?
Le commissaire est en train tourne le dos à Duvaux. Aussi ce dernier ne peut pas voir le visage furieux du policier. Aussi sûr qu'il s'appelle Swan Laurence, l'inspecteur Rasse ne se sortira pas indemne de cette affaire.
- Donc, reprend l'acteur, voici mon alibi : j'étais chez... une connaissance avec qui j'ai dormi. Elle pourra confirmer.
- Ce n'est pas ça, le problème.
- Alors, qu'est-ce que c'est ?
- Vous êtes soupçonné non pas d'un meurtre, mais de deux.
Duvaux se lève aussitôt à cette nouvelle.
- Comment ça ? Les journaux n'en ont pas parlé.
- Le second meurtre a été commis aujourd'hui même, lui répond Laurence en se retournant. Demain, les kiosques vendront la nouvelle. Mais ce qui est plus grave pour vous, c'est que des témoins vous ont vu sur les lieux.
- Mais c'est impossible. J'étais chez ma maî... ma connaissance avec deux copains toute la journée. Ce sont d'ailleurs eux qui m'ont conseillé de vous voir.
- Un alibi comme celui-là peut être détruit. Et l'inspecteur Rasse va s'en donner à cœur joie. Il est tellement imbu de lui-même qu'il refusera d'avouer qu'il s'est trompé, même si on réussit à prouver votre innocence.
- Mais c'est un malade, ce type. Je ne lui ai rien fait. Pourquoi est-ce que vous ne le virez pas ?
- Je l'aurais volontiers fait, mais on me l'a imposé.
- Ah ? Et pourquoi ?
Le commissaire jette par le regard des éclairs à son interlocuteur.
- Vous n'avez pas à me questionner à ce sujet. Je suis policier, et vous, vous êtes suspecté d'avoir commis deux homicides.
- Vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi ? Je vous dis que je suis innocent.
- Je vous crois, bon Dieu ! Mais si vous n'arrêtez pas de geindre comme une fillette, je vous enverrai au frais.
- Mais vous n'avez pas le droit !
- Oh que si, j'ai le droit. Après tout, vous êtes le principal suspect de deux meurtres, et donc, je peux vous coffrer. Alors, tenez-vous tranquille et ne me dérangez pas.
Duvaux se rassoit comme un écolier grondé par une institutrice. Laurence est sur le point de faire de même lorsqu'on sonne. Il laisse échapper son mécontentement et va ouvrir. Il n'aurait peut-être pas dû.
- Bonsoir, commissaire.
C'est Rasse, avec des agents de police derrière lui.
- Je vous arrête pour complicité envers un meurtrier.
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LPM - Jeu, assassinée, et match
FanfictionLe commissaire Laurence patauge dans une affaire de trafic de bijoux. Alors qu'il continue son enquête, il reçoit l'appel d'une personne qui prétend avoir des informations sur le trafic. Quand le commissaire arrive au rendez-vous, il découvre le cad...