Chapitre 3

262 19 0
                                    

  Quand le commissaire-divisionnaire Tricard entre dans le bureau de Laurence, la première chose qu'il voit est le commissaire lui-même, endormi parmi des dossiers ouverts et éparpillés. En fermant la porte, il réveille Laurence en sursaut. Ce dernier se frotte les yeux tandis que Tricard lui reproche :

- Franchement, Laurence, vous devrez faire une pause.

- Je le ferai dès que ceux qui organisent cette machination seront arrêtés.

- Laurence... On va confier à l'enquête à quelqu'un d'autre.

- C'est très gentil de votre part, Tricard, mais je refuse.

- Le problème, c'est que ça ne vient pas de moi.

  Le commissaire regarde son supérieur d'un air stupéfait.

- On va charger cette affaire à un certain Rasse.

- Rasse ? Jean-Louis Rasse ?

- Oui. Pourquoi ? Vous le connaissez ?

- Pour mon malheur, oui. On lui attribué le mérite d'une affaire d'espionnage alors que je travaillais jour et nuit là-dessus. Tout ça parce qu'il est entré sans le savoir dans un repaire et qu'il y a eu échange de balles entre ceux qu'on pistait. Lui, bien entendu, a donné une version différente.

- Comment pouvez-vous savoir ça ? Vous y étiez ?

- Non, avoua à contre-cœur Laurence. Mais je le sais.

- Vous n'êtes pas un peu jaloux de lui, par hasard ?

- Moi ? Jaloux d'un incompétent comme celui-là ? Vous rêvez, Tricard.

  Le commissaire-divisionnaire s'apprête à répliquer quand le téléphone sur le bureau de Marlène sonne. Laurence peste contre l'absence de sa secrétaire et va décrocher.

- Commissaire Laurence, j'écoute.

- All... Allô ?

  Impossible d'affirmer si la voix est celle d'un homme ou d'une femme. Laurence demande à son interlocuteur :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je... je dois vous parler de... de quelque chose d'important. Un ami m'en a... m'en a parlé... et puis j'ai découvert... des choses qui confirment.

- De quoi parlez-vous, bon sang ?

- De... de ventes de... de bijoux.

  Le commissaire en reste stupéfait. Si ça se trouve, il est sur le point de boucler cette affaire de trafic.

- Que savez-vous ?

- Je... Je préfère qu'on se voie quelque part. Sur le terrain de tennis. Ce soir.

- Quel terrain de tennis ?

- Il n'y en a qu'un... qu'un seul ici... Je vous retrouve là-bas.

  Puis, plus rien. L'autre a raccroché. Tricard demande à Laurence pourquoi est-ce qu'il est pâle.

- Dîtes à Rasse que ce n'est plus la peine de se déranger, lui répond le commissaire en sortant.

***

  Quand Avril arrive chez le champion de tennis Léonard Leuficc, elle voit un homme assez baraqué, aux cheveux blonds et au sourire éclatant. Mais il semble mal à l'aise. Lorsque Leuficc s'approche d'elle, il lui tend la main et lui dit :

- Vous devez être la journaliste. J'imagine que ce n'est pas la peine que je me présente.

- Non, bien sûr, fait la journaliste.

- Vous voulez quelque chose à boire ?

- Il se trouve que je viens de prendre un café et...

- Allez... Pour me faire plaisir.

  La journaliste rousse finit par accepter. Le salon était constitué de deux couleurs : le blanc et le noir. Elle prend place dans un fauteuil et patiente. Mais elle ne peut tenir en place : son instinct de journaliste lui dit que quelque chose cloche avec ce Leficc...

LPM - Jeu, assassinée, et matchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant