17. YO-YO ÉMOTIONNEL

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Ce matin-là Mara avait la tête ailleurs. Elle avait passé la soirée dehors, mais si ses parents avaient été assez naïfs pour croire qu'elle avait maté des films toute la soirée avec Iris, son frère savait qu'elle leur mentait effrontément. À la table du petit déjeuné, il l'observait, les yeux plissés, comme pour tenter de déceler le moindre indice. Agacée, Mara finit par s'en apercevoir et lui agita une main sous le nez.

– Tu veux quoi ? 

– T'as l'air ailleurs. 

– C'est le matin. Je viens de me lever. Et on n'a pas cours aujourd'hui parce que c'est le week-end alors je profite. Fou moi la paix. 

– Mara...

Sa mère venait de passer dans la cuisine, les yeux au ciel, agacée par le comportement de sa fille. Mais Mara n'en avait plus rien à faire des remarques de leur mère, et Jesse le savait très bien. L'été dernier sa mère et elle s'étaient prise le bec plusieurs fois pour des broutilles, et Mara avait décrété qu'elle se fichait désormais de son avis. Sa mère voyait ça comme une crise d'adolescence, Mara comme une véritable révolution. Chacun son point de vue. Désireux de fuir un possible conflit à venir, Jesse débarrassa vite ses affaires. De toute façon, Chloé lui avait donné rendez-vous au parc. Son message n'avait pas été très clair, mais elle semblait pressée de le voir. Il s'habilla rapidement, passa un coup de peigne dans ses cheveux qui revinrent de toute façon à leur place initiale et quitta la maison le plus rapidement possible, entendant en fonds Mara monter sur ses grands chevaux. Sa mère avait dû – encore – évoquer un sujet sensible. Insérer ici les garçons, la prise de poids ou les notes. C'était les trois sujets avec lesquels on était certains de se fritter avec Mara. 

Étrangement, Chloé n'était pas à l'heure et ce fut Jesse le premier arrivé au parc. Il prit sa place habituelle en haut du bateau pirate et contempla rapidement le parc, désert. Il n'aimait plus autant cet endroit qu'avant mais... Mais il savait que le fuir ne changerait rien. 

– Jess' ! 

Chloé arriva, emmitouflé dans un pull jaune épais remonté jusqu'en haut du cou. Ils étaient fin octobre, mais les températures avaient baissé plus vite cette année. Rapidement elle se cala à ses côtés, reprenant son souffle. C'était comme si elle avait couru. 

– Tu voulais me parler d'un truc ? Ça avait l'air assez urgent d'après ton texto et... Chloé ? 

Elle ne l'écoutait pas. Ou du moins, ce fut l'impression qu'il en eut en voyant son regard complètement perdu dans le vague. Elle avait l'air d'avoir très froid Chloé, ses joues étaient plus rouges que d'habitude, et ses yeux semblaient eux aussi rougis. Comme si elle avait passé de longues heures à pleurer. 

–  Chloé, ça va ? 

Lentement elle tourna son visage poupon vers lui. Un sourire fade se dessina sur son visage, avant d'aussitôt s'effacer pour laisser place à une grimace triste. Et puis les larmes lui montèrent aux yeux et elle éclata en sanglots. Il la prit immédiatement dans ses bras mais elle le repoussa, essayant de sécher ses larmes au passage.

– Ne... me touche pas Jesse je... 

–Calme toi, d'accord ? 

 Il avait pris sa voix paniquée. 

– J-je suis une ho-horrible personne... Je mérite pas d'être ton a-amie... 

Étrangement il sentit son monde s'écrouler sous ses pieds. En soi il n'y avait pas vraiment eu des révélations mais... Il n'avait aucune idée de quoi elle parlait, mais ses nerfs étaient tellement à vif ces derniers temps que les idées les plus folles lui traversèrent l'esprit : c'est toi qui as faits ça ? Les mots c'est toi ? Ou le meurtrier de Kaya, c'est toi ? C'est toi et tu viens tout m'avouer après des mois de grand jeu d'actrice ? Chloé pleurait toutes les larmes de son corps, Jesse ne disait plus un mot, et quand elle parvint à prendre son calme, elle bafouilla quelques mots :

SEVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant