11. L'ENTRETIENT

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– Ce que je comprends pas, c'est comment ils font pour ne trouver personne... C'est vrai quoi. 

– Réfléchis Iris, ils n'ont pas d'arme, plus de suspects numéros un, absolument rien dans la vie de Kaya n'indiquait que quelqu'un veuille lui faire la peau... 

Iris haussa les épaules et croqua dans son sandwich, faisant couler au passage un peu de mayonnaise sur la table. Chloé fit une moue renfrogné avant de l'essuyer rapidement avec un bout de sa serviette et se tourna vers Jesse.

– Vous pensez que ça va se finir comme toutes ces histoires pour lesquels rien n'a été résolus ? Vous savez qu'il vient de commencer des interrogatoires d'élèves . »

– Comment ça ? 

– Ils pataugent, alors ils se disent que ses camarades de classe peuvent aider. Tous les gens de son ancienne classe vont être convoqués. Toi, moi, nous tous en fais, puisque nous étions au moins dans une de ces classes...,soupira-t-elle.

– J'espère que ça pourra les aider mais franchement, pensent-ils sérieusement que l'un des élèves a quelque chose à voir avec son meurtre . 

– Sinon, c'était peut-être juste un accident..., glissa Jules à mi-voix.

– Elle s'est prise une balle, Jules. Une balle. Comment tu veux que ça soit un accident ?, renchérit Iris.

– J'en sais rien moi, cette histoire n'a aucun sens. Point barre., s'agaça-t-il.

Jesse avait décroché de la discussion quand Chloé avait parlé des entretiens. Il n'en avait pas envie. Parler de Kaya, de la relation qu'il avait eue avec elle, parler du passé tout court. Il avait tout fait depuis un mois pour oublier son visage, les moments que lui et la bande avait passés avec elle. Tous autour de cette table avaient plus ou moins fait la même chose. Ils s'étaient tous convaincus qu'ils ne la connaissaient pas alors qu'en réalité, c'était tout le contraire. Il sentait la pression monter peu à peu autour de cette affaire, et elle regagnait l'école, alors même que cette histoire commençait à se tasser.

Comme Chloé l'avait prédit, il fut convoqué. Mais le jour même, en fin d'après-midi. La petite réunion était filmée, ce qui mit Jesse encore plus mal à l'aise. Il avait planqué ses mains tremblantes dans ses poches, et malgré les paroles, qui se voulaient réconfortantes, de la femme menant l'entretient, la pression ne redescendit pas.

– Vous êtes prêt à commencer ? 

– Oui. 

Il avait tâché de camoufler le mal aise dans sa voix, mais il en était encore très loin. Il n'aimait pas cette situation. Se retrouver dans le bureau du directeur, avec deux policiers, le directeur et le psychiatre de l'école... Cette scène était surréaliste. Jamais il n'aurait cru se retrouver dans une telle position. Il avait l'impression d'être fautif avant même d'avoir commencé à parler.

– Bien Jesse, connaissais-tu Kaya ? 

– Oui. 

– Étiez-vous amis ? 

– Nous... 

Amis. C'était un bien grand mot que celui-ci. Lourd de sens. Lourd de responsabilité en ce moment même. L'amitié c'était quelque chose de fort, de profond. Et l'amitié chez Jesse, c'était sacré. Ça l'avait toujours été. Mais ces derniers mois, tout avait foutu le camp de manière grandiose, avec un peu tout le monde.

Juillet 2017, la bande en vacances.

Trois semaines. Jesse et la bande avaient planifié trois semaines dans la maison de vacances, près de la plage de son oncle et sa tante. Il n'avait pas hésité longuement avant de leur laisser la maison, il avait toujours adoré les jumeaux. À peine fut-il arrivé que Jesse bondit hors du véhicule pour leur faire une visite guidée. Au rez-de-chaussée, la cuisine ouverte qui donnait sur un salon confortable, illuminé par de grandes baies vitrées. Son oncle y avait aussi fait construire son bureau et une salle vacante qui lui servait de fourre tout. Le plus souvent, on y trouvait ses affaires de plages, des vieilles planches de surf qui ne servaient plus depuis des lustres aux chaises pliantes et serviettes de plage. Une porte à l'arrière de la cuisine donnait sur le jardin, d'une taille appréciable, où les jumeaux avaient passé des étés à faire griller des marshmallows avec Chloé et Wesley quand ils étaient enfants. C'était à l'étage que l'on trouvait l'unique salle de bain (et Jesse pria pour que ce ne soit pas la guerre à l'eau chaude tous les soirs), les toilettes et les quatre chambres. Il fut décidé que Chloé et Iris occupent la chambre parentale, Mara et Kaya la chambre réservée aux invités. Pour la dernière chambre, au bout d'un duel long et périlleux de courte de paille, Jules et Wesley gagnèrent le droit de dormir dans le lit, Elliot dans le canapé dépliant qui traînait au fond de la chambre et Jesse fut relégué au duvet sur un tapis de sol.

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