23. BAISER SECRET

125 13 3
                                    

Le trajet en voiture de l'hôpital a chez lui parut durer une éternité. La tête appuyée contre la vitre, la main de Mara dans la sienne, Jesse avait fermé les yeux, simulant une sieste réparatrice pour éviter d'autres questions de la part de ses parents. De temps à autre, son père prenait un virage un peu trop brutalement et il s'efforçait de rester en place, de rester les yeux fermés. Et puis il sentait la main de sa jumelle dans la sienne, chose qui n'était pas arrivé depuis des lustres. Mara n'avait jamais été très affective depuis qu'ils étaient tous deux entrés dans l'adolescence. Aujourd'hui il avait l'impression d'être à nouveau ce gamin de huit ou neuf ans, qui cherchait sans cesse le réconfort de sa sœur pour aller mieux. 

Petit elle le prenait par la main pour le forcer à aller de l'avant. Elle lui séchait ses larmes quand il pleurait, souvent pour un rien, elle rembarrait Wesley quand elle estimait que ce dernier avait été trop méchant avec son jumeau. Petits ils ne faisaient qu'un, même si Mara avait toujours mis un point d'honneur à se différencier de Jesse, par tous les moyens possibles. En grandissant, ils s'étaient éloignés, sans même s'en rendre compte. C'était aujourd'hui, dans cette voiture, alors qu'elle lui serrait la main et passait une main de temps à autre dans ces cheveux en bataille qu'il comprenait que sa sœur n'avait jamais vraiment cessé de veiller sur lui. 

– On est arrivé. 

Son père claqua sa portière et Jesse du arrêter de jouer sa comédie. Pourtant, feignant jusqu'au bout de s'être endormis durant le trajet, il battit des paupières avant de bailler le plus bruyamment possible.

– Ça va aller ? 

La voix presque trop douce de sa sœur le prit au dépourvu. Il opina et suivit son père qui entrait dans leur maison. Ses parents avaient été bizarres à l'hôpital, et ils continuaient ici. 

–  Mara ? Nous aimerions parler à Jesse. 

Il sentit l'hésitation de sa sœur avant qu'elle ne lui lâche enfin la main. C'était dans ces cas là qu'ils étaient véritablement connectés : il sentait la boule de stress qu'elle avait au fond du ventre, et elle devait sentir la sienne. Il n'arrivait pas à décrypter le regard de son père, à la fois dur, mais plus d'inquiétude. Tu dois te poser un tas de questions papa, je sais... je suis désolé, pensa-t-il. 


Assit sur le canapé familial, Jesse faisait face à ses deux parents. En face de lui, son père n'avait pas quitté cet air grave et quant à sa mère... Il n'arrivait pas à déchiffrer son regard. Elle s'était monté angoissée tout à l'heure dans la chambre d'hôpital, mais maintenant, il y avait autre chose. Ils voulaient mettre les choses au clair. Ce fut sa mère qui se lança pourtant la première, passant une mèche de cheveux derrière ses oreilles.

– Chloé nous a confirmé que ce n'était pas toi qui... - Elle ferma les yeux avant de poursuivre. - ... qui l'avait mise enceinte. Dieu merci. 

Parce qu'ils avaient des doutes là-dessus ? Évidemment. Comme les parents de Chloé en avaient eu. Merci papa, merci maman. Je vois qu'on me fait confiance. 

– Est-ce que tu sais qui c'est ? 

– Non. 

Jesse sentit ses poings se crisper. Si, s'il savait. Il avait même son prénom sur le bout de langue, et ne rêvait que d'une chose, c'était de leur balancer en pleine figure. Mais je ne suis pas comme toi Wesley, pensa-t-il. J'ai un cœur. 

– Et même si je le savais, je ne dirais rien. C'pas vos affaires. 

Il se surprit lui-même du ton qu'il employa à ce moment-là. Son père leva les sourcils, visiblement prêt à répliquer, mais sa mère posa une main sur son genou, comme pour l'apaiser.

SEVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant