37. KIT DE SURVIE

77 13 8
                                    

Jesse avait tenu parole. Il n'avait parlé de son rendez-vous avec Wesley avec personne. Et cela faisait trois semaines. Bientôt le mois de mars toucha à sa fin, et le jeune homme avait cette impression désagréable de se retrouver au point mort. Rien n'avait avancé dans son enquête. Wesley et lui se parlaient par SMS. Ils se parlaient même beaucoup. Beaucoup plus que lors de ces derniers mois. Holly n'avait pas arrêté de fouiner à droite, à gauche, toujours flanquée de son nouveau chien-chien. Ce type dérangeait Jesse, pour une raison qui lui échappait encore. Et pour couronner le tout, Holly gardait tout pour elle, et Jesse la soupçonnait secrètement d'en être au même point que lui : au début de tout. De son côté Wesley recevait chaque jour de nouveaux messages de la part de son harceleur. Des messages intrusifs. Pas insultant, jamais. Mais des messages qui lui faisaient comprendre qu'il était observé à chaque instant. Et qu'il était sous l'emprise de son maître chanteur. 

« Je ne comprends pas pourquoi tu ne vas tout simplement pas voir les flics. L'agent Fitzgerald sait que quelqu'un te harcelait par message, il te croira. »

« Non. Je vais trouver cette ordure, et le ramener par la peau du cul au poste. Crois-moi, ça sera beaucoup plus simple si je le fais en solo. »

« Avec moi, tu veux dire. »

« Oui, si tu veux. »

Leur dernier échange lui avait était resté en peu en travers la gorge. Au lycée, Wesley disparaissait à chaque intercours. Personne de la bande n'avait de ses nouvelles, même Iris qui tentait par tous les moyens de la capter.

– Jesse, tu nous le dirais si tu avais des nouvelles, n'est-ce pas ?

– Évidemment.

Que non, pensa-t-il. Ce fut comme sir Iris avait lu dans ses pensées : elle soupira et lui lança un regard navré. Il était évident que la jeune femme se faisait du souci pour lui, mais Jesse était incapable de le voir.

– Et tu me le dirais si tu recommençais à recevoir des mots, hein ?

– Oui. Mais je te jure que je n'ai rien reçu récemment.

Et ça, c'était la vérité. Aucun des six n'avait reçu de nouvelles menaces, de nouveaux mots à glacer le sang. Depuis que Wesley avait été arrêté, tout semblait avoir repris son cours. Plus personne ne les accusait à tour de rôle d'avoir tué Kaya. Le calme après la tempête. Ou avant, Jesse ne savait plus sur quel pied danser. Elliot semblait avoir laissé tomber son enquête. Holly avait trouvé tout cela suspect. Surtout que ce dernier semblait plus nerveux que jamais après le retour de Wesley. Mara s'était pleinement tournée vers ses études, et Chloé ainsi que Jules l'avait imité. Seul Iris montrait de temps en temps des élans de curiosité quant à cette histoire sans fin. Mais tous ignoraient qu'ils étaient deux. Deux derrière le meurtre, deux derrière les mots et les menaces. 

* * *

Août 2017, Wesley.

Les mains de Wesley tremblaient. Elles tremblaient comme les mains d'un enfant qui s'apprêtait à faire la plus grosse bêtise de sa vie, ou comme les mains d'un garçon qui avait déjà poussé le bouchon trop loin. Ici, c'était clairement la deuxième option. D'ailleurs, en ce moment même, Wesley Standall avait bien du mal à rester calme. Il n'était pas chez lui, mais au domicile des Benneth. Kaya était avec une amie au cinéma. Son père travaillait. 

Au début, le jeune homme avait eu des remords. Se faufiler dans leur jardin, en sachant pertinemment où était la petite clef de substitution pour rentrer par-derrière... Il avait vu Kaya l'utiliser une fois, alors qu'elle l'avait invité chez elle. Bien sûr son père n'avait jamais été au courant. Ils gardaient pour eux le fait de se côtoyer en dehors des cours. Une fois à l'intérieur de l'immense bâtisse, Wesley avait soufflé un coup. Et puis, il s'était mis à l'ouvrage. Il n'était pas venu pour vandaliser, ou exprimer sa colère envers son père d'une quelconque manière. Non. Il venait voler. Parce que monsieur Benneth était plein aux as, que ce n'était un secret pour personne et qu'il avait forcément chez lui deux ou trois choses qui pourraient intéresser un prêteur sur gages peu scrupuleux. 

SEVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant