41. FIN DE MATCH

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Madame Standall avait le sourire aux lèvres, et semblait plus heureuse que jamais. C'est l'effet que tu lui fais quand tu acceptes de manger chez nous, lui avait glissé Wesley. Il n'avait pas pu refuser son offre de rester petit déjeuner chez eux. Après tout, cela faisait plusieurs soirs qu'il restait ici, sans qu'elle n'ait aucune explication, et qu'il partait tôt le matin avant qu'elle ne se lève. Ce matin-là, elle avait réussi à l'attraper avant qu'il ne lui file entre les doigts.

– Prêt pour tes examens de fin d'année Jesse ?

– Euh, oui, ça devrait aller...

Il lança un regard en biais à Wesley. Comme lui, il était dans la mouise, mais ne disait rien. Wesley lui avait dit de rester optimiste, alors c'est ce qu'il faisait. Mais ses notes de ces derniers mois lui faisaient plus peur qu'autre chose.

– Wesley, mon chéri, est-ce que le coach a accepté que tu joues pendant le match ?

– Il m'a foutu remplaçant. C'est déjà ça.

C'était même un miracle. Mais le coach n'avait qu'une idée en tête : faire remporter au lycée le plus de trophée possible. Et Wesley était un élément dont il ne pouvait pas se passer, il le savait très bien. Avec Jules, ils faisaient partie cette année des meilleurs de l'équipe. Cependant, la situation délicate de Wesley l'avait poussé à le retirer de l'équipe provisoirement. Le mettre en emplacement, c'était lui tendre une main. Sa mère soupira en entendant ces mots et bu une nouvelle gorgée de son café.

– Je viendrais vous voir.

– Maman, tu n'es pas obligé...

– J'y tiens ! C'est une des dernières fois où je verrais mon fils sur une pelouse avant qu'il ne quitte la maison pour je ne sais quelle université !, rigola-t-elle.

Wesley esquissa un large sourire mais au fond, Jesse le savait triste. Sa mère ne pourrait jamais lui payer une quelconque université. Jamais. Sauf en s'endettant, ce que Wesley refusait catégoriquement. Il avait dû faire une croix sur les bourses sportives promises par l'établissement à son arrestation, il n'avait plus rien. 


Ils parlèrent tous les trois encore une petite heure et Jesse réalisa à quel point il se sentait bien ici. Claire savait pour lui et son fils. Il le sentait. À la manière dont elle avait de les regarder tous les deux... Mais étrangement, il ne se sentait pas mal à l'aise, et Wesley non plus. En réalité, cela n'avait rien changé.

– Je te raccompagne Jess.

– Je peux rentrer tout seul comme un grand, tu sais...

– Après les messages que j'ai reçus hier soir ? Tu rêves. Je te raccompagne.

Il leva les yeux au ciel et haussa les épaules.

– Si tu y tiens...

Mais au fond, il crevait de trouille. Il n'avait presque pas fermé l'œil de la nuit. Il avait attendu que le sommeil vienne, en vain. Il s'était agité dans les draps de Wesley, fixant le plafond, puis la fenêtre sans arrêter de repenser aux messages que le garçon allongé à ses côtés avait reçus. Cette histoire le dépassait. Tout devenait beaucoup trop dangereux. 


Sur le chemin du retour, les deux garçons se firent silencieux. De temps en temps, Jesse jetait des regards derrière eux, comme pour s'assurer que personne ne les suivait. Et Wesley le voyait, et ne pouvait s'empêcher de se rapprocher un peu plus de lui.

– Ton plan, c'est quoi ?

– Tu verras.

– Wesley, sérieusement...

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