38. AMITIÉ BANCALE

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Jesse toqua trois petits coups secs sur la porte d'entrée des Standall. Sans grande surprise, ce fut la mère de Wesley qui lui ouvrit, un air fatigué sur le visage. Cependant, malgré ses cernes apparents et sa fatigue indéniable, elle semblait aller mieux. Peut-être parce que son fils était de tour, ou tout simplement parce qu'elle se trouvait être dans une bonne période.

– Bonjour madame, Wesley est là ?

– Il est parti me chercher quelques petites choses à la pharmacie, tu veux rentrer ?, demanda-t-elle d'un ton enjoué.

– Avec plaisir !

Jesse s'engouffra dans le domicile des Standall, et Claire insista pour lui servir une tasse de chocolat chaud, en attendant que son fils revienne. Elle lui posa quelques questions bateau sur sa scolarité, celle de sa sœur, et la santé de ses parents. Jesse sentait pertinemment que la femme en face de lui faisait tout, absolument tout, pour éviter le sujet de son fils. Et il la comprenait. Elle n'était pas dans une position facile depuis qu'il avait remis les pieds ici.

– Ma série ne va pas tarder à commencer., fit-elle en allumant la télévision., je suis désolé de t'ennuyer avec, mais je dois reconnaître être devenu accro !

Jesse rigola doucement.

– Je comprends, j'ai moi-même mes séries favorites dont je ne me lasse plus.

Il disait ça, mais cela faisait des mois entiers qu'il n'avait pas pris la peine de se poser devant la télévision familiale, ou même son ordinateur pour regarder quelque chose. Il n'en avait plus ressenti l'envie, ou même le besoin. Discrètement, il attrapa son portable et envoya un message rapide à Wesley. Il savait que ce dernier était réticent à ce qu'ils se voient en dehors du lycée. Alors le prévenir qu'il se trouvait déjà chez lui avant qu'il ne rentre lui paraissait être une bonne idée. 

« Je suis chez toi, il faut qu'on parle. »

« Tu déconnes ? »

« Non. »

« J'y suis dans deux minutes. Ne monte surtout pas dans ma chambre. 

Reste en bas. 

Tu crains.

Tu fais chier. »

Jesse leva les yeux au ciel en lisant les réponses, les unes après les autres. Il l'avait agacé, et il le sentait d'ici. La série de Claire commença, et deux minutes après, comme prévu, Wesley fit irruption dans la maison. Il embrassa sa mère, déposa la poche de médicament sur la table de la cuisine et attrapa Jesse par le poignet, l'air furax.

– On monte maman, à tout à l'heure.Il grimpa les marches deux par deux, et devant sa porte de chambre, s'arrêta.

– Attends deux minutes ici.

Wesley entra et lui referma la porte au nez, laissant Jesse face au mur. Depuis le temps, Wesley devait bien se doutait qu'il se fichait éperdument du bazar de sa chambre, si bazar il y avait. Ou alors, c'était autre chose....

La porte s'ouvrit trente secondes à peine plus tard. Wesley avait tiré les rideaux, s'assurant que la fenêtre qui donnait dans sa chambre soit entièrement recouverte.

– C'est au cas où., fit-il en voyant l'air intrigué de l'autre garçon.

Jesse opina du chef.

– Au cas où on t'observerait de dehors, c'est ça ?

– Oui. S'il te voit ici...

Wesley serra des dents.

– Tu voulais quoi Jesse ? Sérieux, on a dit qu'on se parlait par message uniquement. C'est quoique tu ne piges pas là-dedans ?

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