18. CONFRONTATION

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Jesse fixait le plafond de sa chambre depuis plusieurs heures déjà. Il était ressorti après avoir lu la lettre, regardé la photo de ses amis (l'étaient-ils vraiment d'ailleurs?) pendant les longues minutes. Il avait pris son vélo, avait pédalé jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'aux frontières de leur petite ville. Puis il avait pédalé en direction du parc et de leur bateau pirate, avant de finalement changer d'avis et de tout simplement errer dans les rues mal éclairées de Jich Hills. Pourquoi était le mot qui le revenait le plus souvent en tête. Pourquoi Chloé ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi Kaya ? Qui leur en voulait ? Pourquoi sa vie était si merdique ? Et puis... cette autre pensée, encore plus négative : peut-être qu'au fond, je l'ai mérité.

Il avait retenu ses larmes avec peine, mais ressentait cette petite fierté de ne pas avoir craqué dehors. Maintenant, essoufflé, et sentant la sueur lui coller au front et aux jambes, il se sentait las. Vidé. Il était une heure du matin quand on frappa doucement à la porte de sa chambre et il se redressa sur un coude. Mara se tenait là, derrière la porte. 

– On peut parler frangin ?, chuchota-t-elle.

D'un geste de la tête il lui fit signe d'entrer. Elle alla se caler sur son lit, enjambant les affaires qu'il avait laissé traîner par terre. 

– Quelque chose ne va pas M' ? 

Cela faisait des semaines que toi et moi ne nous étions pas parlés rien que tous les deux, se mit-il alors à penser. Elle hocha doucement la tête et baissa les yeux pour fixer ses orteils, toujours silencieuse. Elle ne releva même pas qu'il n'était pas habillé pour dormir.

– Tu sais que tu peux tout me dire..., continua-t-il.

Il se sentait coupable de vouloir la rassurer comme ça. Combien de fois sa sœur lui avait dit la même chose l'été dernier ? Et combien de fois avait-il dit "oui, je sais" mais sans jamais être vraiment honnête avec elle ? Il aurait pu lui dire, pour Wesley. Mais non. J'avais été assez con pour me taire, comme tu le souhaitais Wes. Je t'en veux tellement de m'avoir enfermé dans ce mensonge, pesta-t-il intérieurement.

–C'est à propos de Warren ? 

Il lançait des idées un peu au hasard, mais remarqua que sa sœur esquissa un sourire léger. Elle haussa les épaules et releva la tête, frotta ses joues sans doute un peu rouges et passa une main dans ses cheveux.

– Ça va très bien entre nous. 

Entre nous. C'était un nous maintenant. Jesse ravala pourtant vexation : elle était en droit d'avoir ses histoires à elle. Et de ne pas le lui dire. Lui n'avait pas été honnête avec elle après tout. 

– J'attendais le bon moment pour te le dire. 

– Ah. 

– Ça te dérange ? 

– Tant que tu es heureuse, non., répondit-il du tac au tac.

– C'est pour m'annoncer ça que tu viens me voir à deux heures du matin dans ma chambre ? 

Elle secoua la tête.

–  Non c'est... Je ne me sens pas en sécurité ces dernières semaines Jess... Les mots, les menaces... On n'a toujours aucune idée de qui tout cela vient. Je pensais que tout allait s'arrêter après l'enterrement, que le ou la débile derrière tout ça arrêterait une fois Kaya enterré mais... Mais non. J'ai reçu un autre mot l'autre jour qui me disait « si tu penses lui arracher des informations, rêve » en parlant de Warren. Deux jours plus tard, Warren a reçu un mot à son tour : il n'est plus de la partie. - Elle prit une petite pause avant de reprendre. -« Je devrais me sentir soulagée, il ne fera plus appel à lui mais... Je suis inquiète Jesse. Je crois que je vais aller voir la police. 

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