32. TROUVAILLES

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                Mark Fitzgerald avait découvert le corps de Kaya Benneth il y a quelques mois avec son équipe, et désormais, il se retrouvait assit en face du garçon accusé du meurtre. Un garçon qu'il avait vu grandir, aller dans les mêmes établissements scolaires que ses enfants. Un garçon avec une vie de famille compliquée, une mère malade, au père aux abonnés absent depuis sa naissance dont personne n'avait jamais vu le visage ici, à Jich Hills. Désormais Wesley Standall se tenait en face de lui, droit comme un « i », le visage fermé. Il avait passé plusieurs semaines accompagné d'un psychologue, puis d'un psychiatre un peu plus spécialisé, et cette dernière n'en avait rien tiré. Wesley ne souffrait d'aucun trouble de la personnalité, chose qu'avait voulu tout de suite savoir Mark Fitzgerald. Le garçon s'était rendu. Il avait livré sa version des faits, tout, dans les moindres détails. Pourtant, l'arme du crime qui avait été retrouvé quelques mois plus tôt au domicile des Benneth ne comportait aucune de ses empreintes.

Puis, Wesley s'était emporté. Il avait piqué une crise de colère telle que deux hommes avaient dû être appelé pour le maintenir de force au sol, et le calmer. On lui avait passé les menottes, tandis qu'il répétait encore et encore que c'était bel et bien lui, l'auteur du meurtre. Pourtant, aux yeux de Mark Fitzgerald, quelque chose clochait. Quelque chose n'allait pas. Wesley ne disait pas tout, comme si l'on avait posé sous la gorge de ce dernier, un couteau tranchant pour le faire parler. Monsieur Benneth avait été rappelé au poste. Quand il avait tenté de dialoguer avec Wesley, ce dernier s'était muré dans un silence tel qu'il en était devenu glaçant. Pour l'heure, Wesley Standall était donc l'unique suspect, mais Mark Fitzgerald refusait d'y croire.

– Wesley, est-ce que tu m'écoutes ?

– Oui.

– Bien, reprenons depuis le début...

– J'ai déjà tout avoué, monsieur Fitzgerald. Tout.

– Non Wesley. À chaque fois, nous en revenons au même point. Pourquoi ?  Et pourquoi tes empreintes ne se retrouvent-elles pas sur l'arme avérée du crime ?

– Elle a été nettoyé. J'en sais rien. C'est pas mon boulot de savoir ça.

– Et pourquoi Wesley ? Pourquoi aurais-tu tué Kaya Benneth.

J'ai tué Kaya Benneth.

Sa voix en tremblait même plus. Au départ, il avait eu du mal à articuler ces mots. Il se souvenait du jour où il s'était rendu. Il lui avait fallu dix bonnes minutes avant d'enfin cracher le morceau. Mais les semaines étaient passées, et à présent, les mots coulaient sans aucune embûche. Et ça, c'était le genre de chose qui donnait froid dans le dos à l'agent de police.

Il s'était toujours estimé chanceux à ne jamais avoir eu à résoudre de meurtre. Et aujourd'hui, le vent avait tourné, il faisait face à l'enquête la plus délicate de sa carrière. Une enquête qui n'avançait pas, qu'ils avaient bien manqué de laisser tomber, faute de preuves. Jusqu'au jour où Wesley était venu au commissariat.

– Monsieur Benneth souhaite de rencontrer aujourd'hui. Tu étais au courant ?

– La psy me l'a sous-entendu.

– Et ?

– Et ? Que voulez-vous que j'y fasse monsieur.

– Je serais présent, pour éviter tout débordement. L'initiative vient de nous, pas de lui. Nous pensons que te retrouver en face du père de cette fille te fera comprendre que...

– ... que tuer c'est mal ? Que j'ai mal agit ? Vous ne m'apprenez rien.

Les mains de Wesley s'étaient remises à trembler. Ce gamin cachait quelque chose, et ça, c'était évident. Il jouait un rôle, Mark Fitzgerald le sentait, mais il ne savait juste pas encore lequel. Il soupira, et se leva de sa chaise, épuisé. Il s'était porté volontaire pour traiter de son cas. Maintenant, il le regrettait amèrement. 

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