Jugés [yoonmin]

Chapitre 20

Namjoon referma doucement la lourde porte du vestiaire. C'était une pièce toute simple, avec seulement une dizaine de casiers et deux bancs pour permettre aux employés de se changer en toute tranquillité avant leur service. Mais ce lieu qui lui était pourtant si familier détonnait par la présence du brun.

-Jungkook, chuchota-t-il.

Le revoir comme ça devant lui, sa bouille d'ange dévastée par les larmes, ses yeux désespérés et sa lèvre inférieure tremblotante lui faisait ressentir combien il lui avait cruellement manqué. Il n'attendit pas plus longtemps avant d'enlacer de nouveau le brun, son brun. Parce que même après ces longs mois sans le voir, il était toujours aussi épris de lui. Il n'avait pu passer à autre chose, et s'était enfoncé un peu plus, jour après jour dans un état végétatif qu'il ne croyait ne jamais pouvoir quitter. Mais le corps serré contre lui, lui prouvait le contraire. C'était cela sa raison de vivre et plus jamais il ne le laisserait s'échapper.

Jungkook tremblait de la tête aux pieds, son corps entier pris de spasmes dû à ses sanglots. Il enfonçait un peu plus sa tête dans le cou du cendré et ce dernier sentait la respiration anarchique du plus jeune dans sa nuque. Il le serra davantage contre lui, prenant le risque de l'étouffer de son amour. Il enfouit son nez dans sa touffe couleur chocolat, remplissant ses poumons de son odeur. Un mélange de dentifrice et de candeur qui lui était propre. Cette odeur fit déferler une vague de souvenirs dans la tête de Namjoon, de tous les moments qu'ils avaient passé ensemble, collé l'un à l'autre comme à cet instant.

Le plus jeune renifla et releva la tête, plongeant son regard larmoyant dans celui protecteur de Namjoon.

-Je suis tell- tellement désolé, hoqueta-t-il.

-Tais-toi.

Le cendré abaissa son visage de quelques centimètres, frôlant le nez du brun avant de caresser ses lèvres des siennes. Une simple caresse, à peine un effleurement qui lui rappela tout ce à quoi il avait renoncé durant six mois loin de lui. Son manque n'avait jamais été aussi puissant qu'à cet instant. Tout son corps réclamait celui du brun, ardemment, passionnément. Il voulait le garder au creux de lui, pour toujours.

Jungkook ferma les yeux, chatouillant les joues du plus âgé de ses cils avant de sceller finalement leurs lèvres. Namjoon ne pouvait plus se retenir. Toute sa souffrance, toute la douleur que cette séparation lui avait causée transparaissait dans ce baiser. Il appuyait de toutes ses forces ses lèvres contres celles de son dongsaeng, les bougeant dans un rythme effréné de peur que l'adolescent ne disparaisse à nouveau. Il explorait chaque parcelle des lèvres de Jungkook, leurs langues se lançant dans un ballet endiablé, mille fois répété mais toujours aussi unique, impulsif et charnel comme tout ce qu'ils partageaient.

Il sentit le plus jeune s'abandonner totalement à leur étreinte, devenant plus entreprenant. C'était un baiser violent, traduisant toute la frustration qu'ils avaient accumulé. Ils se raccrochaient l'un à l'autre comme si leur vie en dépendait, comme si ils ne se verraient plus jamais. La passion qui les liait se traduisait dans leurs gestes, cette alchimie qu'ils avaient créé depuis leur rencontre et qui était toujours aussi forte.

Namjoon aurait pu rester éternellement dans cette position, redécouvrant la bouche du brun dans ses moindres détails mais malheureusement pour lui, le plus jeune se détourna.

-Explique-moi ce qu'il s'est passé Kook, demanda-t-il.

Le brun enfouit son visage dans le torse du plus grand, évitant son regard.

-Je- je ne sais pas par quoi commencer.

Sa voix était étouffée par le T-shirt que portait le cendré mais elle arriva tout de même à ses oreilles. Il aurait voulu continuer à juste le serrer dans ses bras sans lui demander aucune explication mais il savait que cela n'aboutirait à rien. Le plus jeune s'enfuirait de nouveau et ce serait retour à la case départ jusqu'à ce que l'un des deux craque encore une fois. Maintenant, ils avaient besoin de clarté sur leur situation pour avancer sereinement. Ou abandonner définitivement.