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    Jay sentait l'air passer dans ses cheveux, les emmêlents au passage. Il ferma les yeux, laissant son dragon élémentaire l'emmener là où bon lui semblait. Jay s'en fichait. Il voulait juste être tranquille, seul. Il voulait qu'on lui fiche la paix. Il voulait être libre.

    Libre? Tu ne le seras jamais. Du moins, pas avec ces idiots. Mais avec moi... avec moi tu serais libre comme l'air. Tu pourras gouverner à mes côtés! Tu auras beaucoup, beaucoup de pouvoir!

    Jay, encore une fois, fit abstraction des paroles de son père. Elles ne valaient rien. Ce n'était rien qu'une tentative supplémentaire. Une tentative vaine. Car jamais il ne rejoindra son père.

    Jamais.

    Tu en es sûr? Y as-tu au moins réfléchi?

    _ Difficile de ne pas y réfléchir quand un taré parle dans ta tête toute les cinq minutes... s'exaspéra Jay.

    Aussitôt, il se maudit: il n'avait pas réussi à ignorer les absurdités de son père.

    Voyons! Moi! Taré! Tu n'y es pas du tout!

    _ Non, c'est sûr! Quelqu'un qui tue sa femme et tente d'éliminer ses deux enfants est quelqu'un de totalement sain d'esprit! C'est bien connu!
  
    Le Maître ne répondit pas.
   
    Le dragon de Jay se posa sur ce qui ressemblait à une colline. Éloigné du tumulte de la ville, Jay se sentait déjà mieux. Il se laissa glisser de son dragon et se réceptionna dans l'herbe verte. Le maître de la foudre inspira une bouffée d'air frais. Il sentit le pollen lui chatouiller les narines mais il n'en fit rien.
    Le soleil était encore haut dans le ciel et une légère brise s'était levée, juste de quoi secouer doucement les feuilles et fleurs des arbres. On pouvait entendre le bourdonnement presque imperceptible des abeilles et le chant des cigales. Exactement ce dont Jay avait besoin et ce à quoi il n'avait pas eu droit depuis des mois.
    La tranquillité.
    Un espace serein où il pourrait rester seul pendant des heures, à comtempler le ciel ou à écouter parler la nature.
 
   Seul.

   Tu n'es pas seul.

   Jay pensait s'être habitué à cette voix dans sa tête mais quand elle vint troubler son état de paix, il fit un bond.
   Une sorte de grincement sinistre resonna dans son crâne; Jay comprit que ce devait être le rire de son père. Il frissonna, se rappelant à quel point ce son était clair et agréable à ses oreilles il y a quelques mois.
   
   Tout à coup, un hurlement déchirant surgit de nul part. Un hurlement qu'il avait déjà entendu.
   
    Mais où? Et quand?

    Il se couvrit les oreilles avec ses mains et ferma les yeux. Soudain, il se rappela. Ce cri...
    _ Ce... ce que j'ai pris pour une... une hallucination la semaine dernière... quand j'entendais Nya et Laya hurler alors que... alors qu'il n'y avait rien. C'était toi! Tu étais déjà là! s'écria Jay.

    Tu as toujours été vif d'esprit... oui c'était moi.

    _ Pou... pourquoi?

    Pour m'amuser. C'était drôle de te voir croire à tout ce que je voulais...

    Sur ces mots, la silhouette de Laya se dessina devant Jay. Au bout de quelques secondes, on aurait pu croire que la maîtresse de l'esprit se tenait là, dans la même robe noire que celle qu'elle portait le jour de l'enterrement.

    Comme elle a grandi... Ta sœur est magnifique, n'est-ce pas?

    _ Parce que maintenant tu en as quelque chose à faire d'elle?! s'énerva Jay. Mieux vaut tard que jamais!

    Tu me fait bien rire... tu es vraiment comme ta mère...

    _ Je t'interdis de parler d'elle!

    Pourquoi? Parce que tu l'as tué?

    _ Je... je ne l'ai pas tué, bredouilla Jay, c'est... c'est toi.

    En es-tu bien sûr? À cette époque, je ne maîtrisais pas encore assez bien mes pouvoirs pour cela... Alors, oui, je voulais la tuer. Mais vous m'avez dévancé et, pour tout dire, ça m'a été bien utile.

    Jay sentie une pression sur son épaule, si forte qu'elle l'obligea à tomber à genoux dans l'herbe.
    _ Qu'est-ce que... arrêtes!

    Que j'arrête? Tu crois vraiment que je t'ai amené ici pour rien? Que je vais oublier mon plan et te laisser partir? Non, non et non.

    Jay essaya de résister, en vain et s'étala sur le sol, dos à l'herbe. C'était insupportable; comme si il avait un poids qui l'empêchait de se relever, lui écrasant les omoplates et lui opprimant les poumons. Bientôt, il eut l'impression que sa tête était dans un étau et que quelqu'un lui maintenait les poignets avec force.

    Maintenant, tu vas m'écouter.




𝟙• Dɪsᴘᴀʀᴜs [Eᥒ Rᥱ́ᥱ́ᥴrιtᥙrᥱ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant