La Rôdeuse Du Nord : messagère de l'ombre

Chapitre 11

Les deux femmes firent demi-tour, et accélérèrent le pas lorsqu'un autre cri strident survint dans le noir. Leur intuition se confirmait, tandis que la Lunard sentait l'inquiétude de Tauriel :  la ville d'Esgaroth était sous attaque. Tout laissait à croire cela. C'était donc dans la précipitation que Gaviria, tirée par l'elfe brune, arrivèrent à l'embarcation. La première fut d'ailleurs surprise d'arriver aussi vite à la rive. Dans son souvenir, le chemin était plus long. Jamais elle n'arriverait à la montagne, pensa-t-elle désespérement. A croire que les Valars usaient seulement de leur pouvoir pour entraver sa route d'obstacles plus infranchissables les uns que les autres.

Il leur fallu une bonne dizaine de minutes pour traverser le champ glacé baignant dans l'eau qui entourait la ville. De loin, au milieu de la brume, elles ne voyaient rien, en tout cas, Gaviria de son côté n'arrivait pas à discerner quoique ce soit. Pas un bruissement, pas un crissement, et pas un seul froissement de tissu ne retentissaient. Les maisons étaient étrangement silencieuses, comme si ces cris n'étaient que les hurlements d'un vent lointain. 

Leur maigre navire heurta un ponton en un grincement sinistre, avant de s'arrêter complètement. Elles descendirent sur ce dernier, et s'enfoncèrent parmi les maisons flottantes d'Esgaroth. Gaviria fronça le nez lorsqu'elles passèrent devant plusieurs embarcations, des relents nauséabonds attaquant ses narines. Tout semblait calme. Pas un seul bruit venait troubler le calme de la nuit. La Lunard, par pure curiosité leva les yeux vers le ciel. La Lune brillait fortement, cachant de sa lumière le reste de ses étoiles. C'est alors que quelque chose bougea. Quasi imperceptible, la rôdeuse crut avoir rêvé, mais un craquement de bois lui confirma ses doutes. Elle arrêta d'un coup sec l'elfe, lui attirant un regard courroucée de cette dernière. 

- Regardez sur les toits, fit la Lunard. 

A ses mots, Tauriel dirigea son regard vers les hauteurs, et une expression angoissée barra son visage. Des ombres se déplaçaient sur les toits, fendaient la brume de leurs armes luisantes dans l'obscurité. Des Orcs. De là où se tenait Gaviria, elle pouvait distinguer leurs traits déformés, et leur minuscule orbites, brillants comme des pierres précieuses. 

- Dépêchez-vous, suivez-moi ! lui somma Tauriel en se précipitant vers un pont. 

 La captive la suivit à contre-coeur, ne désirant rien d'autres que de fuir cette invasion. Les deux femmes se dirigeaient vers une maison en bois, bringuebalante, d'où sortaient des cris de terreur. L'elfe rousse se précipita à l'intérieur, suivis de la Lunard que la surprise figea pendant quelques secondes sur le pas de la porte. 

Devant elle se trouvait trois Orcs, quatre nains et trois enfants. 

Gaviria reprit rapidement ses esprits face à la confusion qui régnait, et vit Tauriel abattre l'un des assaillants. La jeune femme tourna alors son regard se braise vers la droite, et vit un des nains en difficulté, aux mains avec une des créatures. Sans réfléchir, elle traversa l'habitacle d'un bond, et saisit l'Orc par la nuque. De sa force surnaturelle, celle-ci passa son bras pâle sous la tête de l'ennemie, posa son autre main sur sa tête, et tourna d'un coup sec cette dernière. Un bruit mat retenti, et la créature s'effondra sur le sol, la nuque brisée. Tout semblait s'être passé en une fraction de seconde. Le nain, toujours au sol, la regardait avec des yeux exorbités. Gaviria jeta un coup d'oeil dans son dos, et vit une chevelure blonde foncer dans la maison, attaquant férocement le dernier Orc. En un coup d'épée, ce dernier tomba lourdement par terre. La Lunard reconnu Legolas.

- Mais qui êtes-vous bon sang ?!

         Gaviria se tourna vers le nain qui venait de parler, et elle lui tendit sa main pour le relever. 

- Une personne que vous n'aurez pas à recroiser, répondit-elle en se dirigeant vers la sortie. 

- Vous êtes une elfe ? demanda-t-il.