La Rôdeuse Du Nord : messagère de l'ombre

Chapitre 16

Il ressemblait à un Soleil miniature au milieu de la nuit noire. L'artéfact brillait, dégageait de lui-même un éclat doré, bleuté, que même les mots les plus savants ne sauraient décrire. La Lunard serra les dents, puis rangea sa dague dans son fourreau. Et dire qu'elle avait remué toute la montagne à la recherche de cette pierre, voilà qu'elle était entre les mains d'une créature faisant la moitié de sa taille.

- Je vais avoir besoin de cette pierre, déclara la Lunard, tout en s'avançant imperceptiblement vers le Hobbit.

Ce dernier fronça les sourcils, et rabattit vivement le haut de sa sacoche, cachant à la vue de la jeune femme l'objet de sa convoitise.

- J'ai bien peur d'en avoir besoin également, répliqua Bilbon.

- Dois-je vous faire passer par-dessus la muraille pour que vous me donniez l'Arkenstone ?

- Non... ce ne sera pas nécessaire, répondit-il avec un frisson traversant son échine.

La rôdeuse campée sur ses jambes à quelques mètres de lui le mettait mal à l'aise. Ses yeux rubis scintillaient dans la nuit, comme animés par une lueur mystique. Ses traits durs, gelés, semblaient aussi solides que le marbre de la montagne, d'une cruauté infaillible. Le semi-homme avait d'habitude la langue déliée et rusée, capable de charmer monstres et elfes. Mais la Lunard n'apparaissait nullement sensible à sa maîtrise des mots, et se trouvait bien décidée à récupérer l'artéfact. Les pensées de Bilbon se bousculaient à vive allure, tandis qu'il cherchait un moyen pour se dépêtrer de la situation. Il ne pouvait pas repartir sans cette maudite pierre.

- Il semblerait que nous ayons un conflit d'intérêts, commença prudemment le hobbit.

- Il semblerait oui.

La voix de Gaviria claquait au milieu du rempart. Un coup de manche sur le crâne pourrait aisément le mettre hors d'état de nuire, pensa cette dernière, mais pour une raison inconnue, elle avait rangé son arme. Si elle devait obtenir l'Arkenstone par la force, ses mains de statues feraient amplement l'affaire.

- Je vous conseille donc de mettre fin à ce conflit Hobbit, et de me remettre la pierre, ordonna la créature en blanche en esquissant un autre pas.

- Peut-être pouvons-nous mettre nos intérêts en commun...

- La pierre semi-homme ! le coupa-t-elle avec véhémence. Si vous tenez réellement à votre vie, donnez-la moi.

L'intéressé sursauta face à l'impétuosité de Gaviria, et un flot de mots sortit de sa bouche sans qu'il ne puisse l'arrêter.

- Je dois donner cette pierre au roi Thranduil ! Lâcha-t-il. Ou bien la donner à quelconque homme d'autorité pour arrêter cette folie ! Il serait, dans votre intérêt de la stopper aussi, car si la montagne est attaquée, j'ai bien peur qu'aucun de nous n'en ressorte vivant.

Gaviria songea au roi elfe, pensant que si ce dernier avait chargé le hobbit de récupérer l'Arkenstone, il ne lui aurait pas demandé d'aller chercher les pierres blanches. Elle réalisa ensuite ce que Bilbon venait de dire, suggérant une attaque imminente. Sa curiosité piquée, la jeune femme se vit plus disposée à écouter le semi-homme devant elle. Le hobbit qui, malgré la terreur grandissante, ne tremblait point, et tentait de se ternir sur ses petites jambes autant qu'il pouvait.

- Pourquoi le pic serait-il attaqué ? voulu-t-elle savoir.

- N'avez-vous donc pas vu les lumières de Dale ?

Son interlocutrice ne bougea pas, continuant de le fixer. Ce dernier s'approcha alors des remparts et pointa de son bras les ruines se trouvant quelques mètres plus loin. La Lunard s'avança près de lui, et, méfiante, observa ladite direction. Elle se trouva surprise car le détenteur de pierre disant vrai.