Chapitre 5

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L'elfe blond à ses côtés l'imita, et la Lunard fut frappée par la ressemblance entre les deux êtres. Ces derniers possédaient ce même regard bleu perçant, et les mêmes pommettes saillantes. La même dureté et froideur émanait des deux êtres sylvains, mais Gaviria y perçu une infime chaleur, une légère ouverture dans l'armure d'un des deux elfes. 

Le seigneur se redressa fièrement, laissant son interlocuteur fulminer seul. Ce dernier serrait le poings si fort, que ses jointures en devenaient blanches. Curieuse, la prisonnière se demanda alors ce qui avait bien pu le courroucer autant.

L'elfe en retrait observait tour à tour les gardes, et ses prunelles s'attardèrent sur la Lunard. Comme pour la plupart des vivants du Troisième Age, ces créatures n'étaient que de vagues légendes, impossible à démêler du vrai du faux. L'elfe blond vint alors à se demander s'il s'agissait vraiment d'une Lunard. N'étaient-ils pas tous disparus ? Avait-elle un lien avec le vagabond qui moisissait dans leur cellule depuis plusieurs mois à présent ? Mais son esprit était trop embué par l'irritation pour répondre à ces interrogations. La discussion, pourtant longue et acharnée, n'avait servi à rien. Il n'avait pas gagné gain de cause, et son père, le roi Thranduil, était campé sur ses positions.

Ce fut d'ailleurs sa voix glaciale et tranchante qui coupa court à ses pensées :

- Et bien, je vous écoute Deren, dîtes-moi ce qui vous amène, lâcha-t-il durement. 

L'intéressé saisit le bras de la rôdeuse, et l'avança dans la lumière jaunâtre des cavernes. Celle-ci leva ses yeux sanguin, et observa le roi elfe. Elle ne savait quoi penser : tant d'orgueil et d'hypocrisie résonnait en lui, telle une couverture de soi cachant la douleur qui s'y trouvait. Une tristesse infinie semblait déchirer son âme, ressoudée par l'indifférence et l'antipathie. 

Ce dernier la considérait d'un œil méfiant, lui aussi assaillis de questions sans réponses.

- Nous l'avons trouvée non loin du sentier... commença un des membres du cortège.

- Inutile de parler la langue des elfes, elle le comprend bien assez, n'ai-je pas raison ? fit-il, conscient de la rhétorique de sa phrase. 

Ses yeux, semblables aux lames bleues incandescentes qu'ils forgent au sein de leur montagne, la détaillèrent avec une lenteur sans nom.

- C'est vrai, répondit-elle sans plus de précisions. 

Mais la vérité de sa déclaration fit sourire le roi, une moue satisfaite parant son visage.

- Mes cachots vont finir par devenir remplis de Lunard, force est de constater que votre race a effet survécu toutes ces années durant, constata-t-il.

Pendant que Thranduil parlait, il s'avançait vers le petit groupe, celui-ci s'écartant pour mieux dévoiler la rôdeuse. Elle soutenait son regard, infaillible, aussi rigide que du marbre. Le roi s'arrêta dans sa marche gracieuse, l'interrogation traversant son esprit.

- On dit énormément de choses sur les Lunards. Vous êtes presque dotés d'autant de noms qu'il n'y a d'étoiles dans le ciel, entama-t-il. Certains vous appellent les Marcheurs Blancs, ou encore les Messagers de l'Ombre. Les écrits se perdent, les récits s'oublient, vous voilà presque effacés du monde. Et pourtant, il y a quelques mois de cela, un de vos semblables s'est retrouvé dans ma forêt. Je n'y ai vu là qu'une coïncidence, après tout, personne n'avait parlé de votre extinction formelle. Le mystère plane toujours, mais je crois savoir maintenant de quoi il en résulte, s'arrêta Thranduil.

Il continuait d'observer Gaviria, l'air plongé dans une intense réflexion. La prisonnière, elle, ne comprenait pas ce qu'il venait de déclarer. Un autre Lunard avait foulé ces terres ? Et il était ici, en train de croupir dans une de ses cellules. La rôdeuse avait passé un temps fou à chercher ses semblables, avait écumé encore et encore les routes, forêts, montagnes et plaines de la Terre du Milieu pour qu'au final ils se retrouvent ici. C'était après des siècles de voyage qu'elle apprenait l'existence d'un des siens dans ces cavernes, sans doute vivant grâce au maigre d'espoir d'une éventuelle libération ; ce qui ne pouvait pas arriver dans les mois à venir, visiblement. L'elfe semblait décidé à garder le ou la Lunard dans sa prison. Le seigneur reprit la parole, d'une voix claire, et lente :

- Vous êtes si peu, c'est pour cela que vous tous allez vers le Sud, en Eriador. Mais que croyez-vous trouver là-bas? Serait-ce un rassemblement ? Demanda le roi à sa prisonnière.

Celle-ci n'avait en réalité aucune explication. C'était dans un acte désespéré qu'elle avait décidée de suivre ces rumeurs, sans doute complètement infondées. Thranduil attendait, mais sa nature peu patiente l'emportait. Il formula alors sa question différemment :

- Ou bien, essayez-vous de retrouver d'autres Lunards ?

La question du roi elfe la prenait au dépourvu, et ne sachant quoi répondre, Gaviria s'enferma dans un long mutisme. La jeune femme crut voir la joue de l'elfe tressaillir, et elle sut dire si c'était à cause de son silence, ou d'un autre mal. Les secondes passèrent, sans que personne ne dise mot, et tous sentirent la tension prendre forme peu à peu. Face à cela, son interlocuteur lâcha un soupir, exaspéré.

- Très bien, vous semblez peu encline à la discussion. Peut-être qu'une journée dans mes cachots vous fera changer d'avis, mais j'ai peur que vous ne restiez plus longtemps si vous continuez à vous loger dans le silence, l'averti l'elfe.

Gaviria sentit un garde lui empoigner le bras. Elle savait pertinemment qu'une fois en bas, plus jamais elle ne reverrai la lueur du jour. Parler s'avérait inutile puisque celle-ci ne savait rien, mais elle devait se sortir de cette situation plus qu'alarmante. Il était hors de question que cette dernière passe le restant de l'éternité dans les cavernes scintillantes du roi. 

Scintillantes... 

Soudain, une idée lui traversa l'esprit. C'est alors qu'elle s'exclama :


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Bon, vous avez le droit de me haïr ou de vouloir ma mort, j'ai fait exprès de m'arrêter là ^^

Merci beaucoup à ceux qui votent ou qui laisse de petits commentaires, je vous adore vous êtes les meilleurs <3 <3 <3. Gros bisou mes petits elfes.

Elanore

La Rôdeuse Du Nord : messagère de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant