chapitre 8

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Darian ne doutait pas de sa parole, en revanche il doutait de celle du roi. Celui-ci n'était pas connu pour son honnêteté, et encore moins pour sa clémence. Les deux Lunards semblaient condamnés dans le cachots des elfes, Darian en était convaincu. Peut-être Gaviria sortirai, mais lui, sûrement pas. Celui-ci imaginait déjà le rire sarcastique et moqueur de Thranduil à la demande de sa compagne de route. Libérer une Lunard devait lui coûter beaucoup, deux, ce serait une insulte à sa fierté.

Comme le silence avait l'air de s'installer une nouvelle fois, l'homme à la chevelure blanche se redressa, et dirigea son regard de braise vers la prisonnière.

- Qu'as-tu fais pendant mon absence ? Voulu-t-il savoir.

- Peu de chose à vrai dire. Je suis restée longtemps dans le Nord, entre les Monts de Fer et les Montagnes Grises. J'ai ensuite tenté de passer par Erebor, mais le carnage de Dale m'en a dissuadé. Puis j'ai voulu rejoindre Bree, pour aller vers L'Enedwaith, mais j'ai croisé les elfes de la Forêt Noire entre-temps... finit Gaviria.

- Et alors ?

      Le mutisme de la Lunard répondit amplement à sa question. Pas d'hommes ou de femmes aux yeux rouges dans le Nord, rien à l'Est non plus. Darian doutait que le Sud leur apporte plus de chance. Voilà bien des décennies qu'il faisait mille fois le tour de la Terre du Milieu, sans jamais rien trouver. Il n'avait rien eu de plus que des rumeurs, des témoignages de villageois à moitié fous, ou des récits de rôdeurs complètement enjolivés. Le voyageur restait donc sceptique, s'attendant à ce que les dires venant du Sud ne soient que des mirages et désespérantes fantaisies. Il savait Gaviria peu naïve, et se demandait alors quelles raisons la motivaient à errer jusqu'à l'ancien Vert-Bois, forêt connue pour sa dangerosité.

- Tu sais, toutes ces rumeurs dans l'Enedwaith, ce ne sont probablement que des fables, rien de plus, déclara le prisonnier

       Gaviria regardait en face d'elle, silencieuse. Bien-sûr que oui, elles l'étaient forcément. Mais la Lunard préférait courir aveuglément après de faux espoirs, que courir après le néant. Mis à part ces propos mensongers, rien ne la retenait en Terre Du Milieu. Que pourrait-elle bien faire de sa vie ? Les Lunards ne sont les bienvenus nul part, et un être sans cœur ni sentiments ne saurait vivre dans le monde des hommes. C'était donc plus par dépit, que la jeune femme cavalait après ces illusions.

- Sans aucun doute, répondit-elle.

      Dès que ces mots eurent franchis la barrière de ses lèvres, des bruits de pas se firent entendre dans l'escalier de pierre. Les deux Lunards s'approchèrent des barreaux, posant leurs mains pâles sur le fer des cachots. Le cliquetis des armures résonnait le long des parois rocheuses, annonçant la venue de gardes elfes. Le bruit métallique ne trompait pas. Comme pour leur donner raison, leur ombre se dessina quelques instants dans le colimaçon avant de laisser place à trois elfes. Les deux bagnards échangèrent un regard impassible, avant de poser leurs yeux sur les créatures sylvains.

- Le roi requiert votre présence Lunard, lâcha un des deux elfes à l'intention de Gaviria.

Celle-ci se releva sur ses jambes, devinant la raison de cette convocation. L'autre garde s'approcha des barreaux, fit tourner la clef dans la serrure et attrapa la prisonnière par le bras. Sous les yeux curieux de Darian, la petite troupe refit le trajet dans le sens inverse, montant les escaliers infinis du royaume de Thranduil.

Pour la deuxième fois de la journée, Gaviria se retrouvait face au visage glacial et prétentieux du roi. Près de lui se tenait le même elfe blond qu'auparavant. Le cortège s'arrêta, laissant le sort de la Lunard entre ses mains.

- J'ai réfléchis à votre proposition Lunard, commença Thranduil, guettant la réaction de sa prisonnière.

Comme il s'y attendait, celle-ci ne cilla pas, attendant patiemment la suite de sa phrase.

La Rôdeuse Du Nord : messagère de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant