Chapitre 13

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La rôdeuse marchait à vive allure, pressée de rejoindre la porte principale. Elle ignorait l'état dans lequel cette dernière se trouvait, sans doute abîmée par la catastrophe de Smaug, il y a plusieurs décennies de cela. Cependant, détruite ou non, elle restait la seule entrée que la jeune femme pouvait emprunter. Peut-être il y avait-il des passages secrets escarpés, bien gardés par des buissons de ronces ou autres, mais la Lunard allait devoir faire sans. Le roi l'avait chargé de retrouver les gemmes la veille, le temps avançait contre elle, et son voyage n'était pas tout à fait terminé. Gaviria devait donc avancer et vite.

Tandis qu'elle gravissait, non sans peine, le flanc Sud-Est de la montagne, la ville de Dale se rapprochait. Ses contours se précisaient, et l'amas qu'elle avait aperçu sur la rive prenait nettement la forme d'une ville fortifiée. Le chemin des murailles formait un cercle entre-coupé autour des habitations, relié à la porte par une passerelle fissurée. A cette distance, il était difficile pour Gaviria d'évaluer la longueur de cette dernière. Une partie de Dale semblait complètement détruite, tandis que l'autre tenait encore sur quelques fondations rescapées de la catastrophe. La jeune femme avançait donc au milieu de l'herbe encore humide, baignant dans la rosée du matin. Le Soleil montait rapidement dans le ciel, asséchant les terres de ses chauds rayons. Chaleur que la Lunard ne sentait pas autant que dans les plaines près de la forêt, quelques jours plus tôt. En altitude, l'air était plus frais et moins dense, si bien que le froid comme la chaleur ne lui faisaient plus grand mal, c'est à peine si elle sentait quelconque changement entre les deux. 

 L'astre finit par percer l'horizon, et ses rayons caressèrent doucement la silhouette de Dale. Ils atteignirent les flancs de la montagne lorsque Gaviria arriva près de la ville. Lac-ville était cachée sur sa gauche, et on pouvait apercevoir au loin la rivière du Celduin, arrosant tranquillement la vallée. Peu après avoir débarquée, la Lunard avait observé la chute de Smaug depuis le ciel. Un monstre ailé, qui semblait se raccrocher à des murs invisibles dans l'air, remuant son corps écaillé dans une tentative désespérée d'échapper à son destin. La gueule grande ouverte, les mâchoires remuantes, elle pouvait deviner au loin l'agonie du monstre, visiblement victime de la ténacité des hommes. La jeune femme n'avait aucune idée de ce qui avait provoqué sa mort. Quelle arme pouvait bien mettre à bas le dragon ? Sans doute une ancienne, forgée dans des temps reculés, où les Lunards étaient probablement plus nombreux que maintenant. Jamais elle n'avait entendu parler d'une telle arme, tout du moins, qui aie résistée aux dégâts temps.

Un bruit sourd avait retenti dans toute la vallée, au milieu des herbes humides et de la cité silencieuse. Les gens d'Esgaroth allaient forcément remonter le long de la rivière, et peut-être trouveraient-ils refuge en ces ruines. La créature à la chevelure blanche ne voyait pas d'autre endroit, mis à part les bois du roi Thranduil. En admettant que l'elfe accepte d'héberger ces pauvres âmes, lui, si fier et arrogant. Peut-être y verrait-il une occasion de mettre en valeur la supériorité des elfes, en leur offrant abris et nourriture, comme pour redorer son blason terni. Ou bien resterait-il terré dans ses cavernes, ne prêtant nullement attention au monde extérieur.

Gaviria se souvint alors que Legolas lui avait donné rendez-vous aux ruines, sans réelle indications. Allait-il vite revenir ? La créature aux cheveux d'argents comptait bien lui arracher les réponses aux questions sur son départ si soudain. De gré ou de force.

Lorsqu'elle pénétra dans la ville, le Soleil était déjà haut dans le ciel. La ville était dans sa désolation, toujours aussi impressionnante. La rôdeuse ne savait où donner de la tête. Dale, regorgeait de recoins, de places, de tourelles, de salles presque intactes, et même de quelques piécettes d'or, oubliées ou enterrées sous les décombres. Un étendard troué flottait au vent, pendant mollement le long des remparts. On distinguait à peine les couleurs, ressemblant à un vague jaune, parsemé d'un bleu défraichi. 

La Rôdeuse Du Nord : messagère de l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant