Lettre 40 - Fred

1.1K 122 16
                                    

20 décembre, 09h03, 1995,

'Mione, 

Je t'observe dormir. Tu es belle quand tu dors.  Tu sembles paisible, sans toutes tes protections, toutes tes limites, toutes tes barrières, toutes tes armures, que tu portes en permanence, sans même te rendre compte je pense. 
Tu es ainsi que l'eau d'un lac, qu'on peut observer presque à la dérobé, sans qu'elle ne le sache dans ses moments les plus intimes, des ses miroitements lunaires, secrets et silencieux. Dans ses instants rien qu'à elle et qu'on vole avec nos grosses paluches mal gantées, pratiquement comme des malfrats de bas étages. 

Les premiers rayons d'un soleil nouveau qui perce de par la fenêtre caresse ton corps avec une tendresse que je lui envie jalousement. Moi aussi je veux. Moi aussi je veux la même chose. Je veux jouer avec la lumière, jouer avec ta peau, jouer avec ton corps abandonné et détendu. 


Je t'observe dormir. Tu ressembles à une princesse au cheveux en bataille, à une déesse avec un filet au coin de la bouche. Bref tu es belle. 


Je t'observe dormir. C'est comme si j'observais un spectacle auquel je n'étais pas convié. Je me sens hors là-loi. 

Je t'observe dormir, à défaut de trouver le sommeil. 

Je t'observe dormir. C'est comme si j'étais un chevalier servant, mandaté pour protéger tes rêves, au péril de sa vie si il le fallait. 

Je sais que c'est idiot. Je sais que tu n'as pas besoin qu'on te protège. Mais j'ai toujours voulu te protéger. 
Et désormais, je veux te protéger encore plus. 
Parce que je n'ai pas sut protéger mon père...  


Fred. 


De mon cœur à  toi - FremioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant