06 décembre, 22h06, 1995,
Fred,
Ce soir dans la chambre, parmi leurs jacasseries assommantes, sans queue ni tête, Lavande et Parvati m'ont demandé si j'étais amoureuse.
Amoureuse ? N'est-ce pas un mot trop faible pour définir les sensations que tu t'amuses sadiquement à me provoquer ?
J'ai rien répondu tu sais. Comme d'habitude au fond. Vaut mieux se taire que se trahir. Mais mes joues parlaient pour moi. Mais mon silence parlait pour moi. Mais mon être entier refusait de se taire, de taire combien il t'aime et te chérit.
Elles ont comprit. Elles ont comprit. George se serait probablement moqué en disant que même un muet, sourd et aveugle saurait le voir, l'entendre et le dire. J'aurais probablement rétorqué plus ou moins dare-dar et les joues en feu qu'un muet ne peut pas parler, de même qu'un aveugle ne me pas voir et un sourd ne peut pas entendre.
Ne m'en veux pas. De même que je ne peux blâmer ton idiot de frère de se moquer de mon ridicule, ne m'en veux pas de me cacher derrière mon esprit de moins en moins pragmatique en dernier recours.Il n'est plus très sain, mais c'est la seule chose qu'il me reste.
Les deux commères qui me servent de colocataires ont poussé d'affreux gloussements d'oiseaux qui dénotaient de combien elle se foutait de ma gueule, et qu'elle allait se délecter de ce scoop. " La petite Miss-Je-Sais-Tout amoureuse ? On va se marrer." Je sais lire leurs regards avec le temps, et là Fred, je sais pertinemment que je vais en prendre pour mon grade. Dans le meilleur des cas.
Elles ont tenté de me faire cracher le morceaux. Je suis resté muette. Autant par fierté que par timidité. Autant parce que je ne veux pas me l'avouer que je ne veux pas leur avouer.
Mais surtout, c'est parce que je n'aime pas le dire à haute voix.
Toi, tu es le genre d'amour, qu'on se contente d'écrire. Le genre poétique, lunaire, vague à l'âme. Le genre qui fait couler l'encre et nous pousse à déchirer les feuilles. Le genre sans genre. Le genre de tellement trop de choses que je trouverais peut-être le courage de t'écrire un jour.Désolée de ne pas assumer Fred. Je ne veux pas que tu le saches.
Et puis, entre nous, tu vaux tellement plus que de stupides ragots d'adolescentes qui n'ont rien de mieux à faire de leur vie.
Tendresses,
Hermione.
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De mon cœur à toi - Fremione
Hayran KurguOn peut aimer sans jamais oser rien dire. On peut aimer, et lutter contre le silence à coup de mots. Des mots fragiles, agiles, rêveurs. Des mots qui subsistent comme ils peuvent, entre deux feuilles de papiers. Qui existent dans des sourires. Qu...