Le Jeu [Vkook]

Épilogue

Taehyung
29/04/2023

Cinq ans. Et tous les ans, à la même période, je mettais en route cette vidéo. Les informations du soir du vingt neuf avril deux mille dix-huit.

"... ont été retrouvés ce matin dans les environs de la ville de Daegu. Certains étaient porté disparus depuis maintenant des mois. Quinze cadavres étaient alignés dans la cour d'une grande villa, les enquêteurs sont perplexes. La zone avait déjà été quadrillée mais il semblerait que les agents responsables des recherches aient fait preuve de négligence. Une enquête est toujours en cours pour... "

Une image de la maison s'afficha et je cessai d'écouter la voix de la présentatrice du journal pour me concentrer.
La façade m'était cruellement familière, comme à chaque fois que je voyais ces images. Mais je n'arrivais pas à me souvenir.

La villa s'effaça et des visages s'affichèrent à l'écran. En dessous, des noms.
Il y avait eu tellement de morts... Et nous ne nous souvenions de rien, aucun de nous. Les rescapés, les survivants.

Nous nous rappelions juste être parti pour une semaine, et puis nous être réveillés à l'hôpital. Entre les deux, on nous avait dit qu'il s'était écoulé près de quatre mois, mais nous n'en gardions que des flashs et des impressions.

Certains vivaient plus mal que d'autres cette amnésie, mais en tout cas, personne ne comprenait, pas même les médecins.
Nous n'avions aucun signe de mal nutrition ou de blessures à notre sortie de la villa, aucun signe de traumatisme crânien, pas de drogues dans le sang, aucune marque. La villa avait été fouillée de fond en comble. Il semblait, au vu des empreintes et des affaires de tous les disparus encore présentes que nous avions juste... Vécu dans cet endroit pendant des mois.

Sans s'approvisionner ? Sans jamais sortir ?
Non, personne ne comprenait. On nous avait soupçonné pendant longtemps, nous, les rescapés, d'avoir tué tous ces gens, mais rien n'avait été prouvé.
À vrai dire, j'étais bien incapable de dire de quoi j'étais ou non responsable, tout comme les autres.

Un visage familier apparut à l'écran.
Kim Namjoon. C'était le petit ami d'un des survivant.
Seokjin avait toujours été celui d'entre nous qui voulait garder le contact, qui avait besoin de ne pas rester seul. C'était lui qui avait initié ces rendez vous annuels.
Lui et moi nous voyions plus souvent, avec Jackson qui habitait aussi dans le coin, mais une fois par an, le vingt-neuf avril, nous nous retrouvions tous.
Tous les six.

Les deux dernières années, les réunions s'étaient déroulées ici, dans mon café, et à présent, cela prenait des allures de traditions.
Quand j'étais sorti de l'hôpital, j'avais pas mal relativisé sur ma vie et j'avais décidé de me lancer dans ce qui me plaisait vraiment. J'avais poursuivit mes études de pâtisseries, et j'avais fait un prêt.
Aujourd'hui les affaires marchaient bien.

- Patron ! me lança Shinae, l'une de mes serveuses, me faisant relever la tête de mon ordinateur portable et retirer un de mes écouteurs. Ils sont là !

- J'arrive.

Elle s'éclipsa dans un hochement de tête et je reportai mon regard sur l'écran.
Un garçon souriait sur une photo de vacances découpée pour l'occasion.
Jeon Jungkook.

Mon cœur se serra désagréablement et je refermai le portable en reposant mon casque sur mon petit bureau, prenant une inspiration pour chasser cette impression.
Je connaissais Jungkook avant, au lycée, et sa mort me faisait tout drôle.
Au début, je pensais que c'était juste à cause de notre bref passé commun, parce que je l'aimais bien à cette époque, et parce que ça m'avait fait réaliser que ça aurait pu être moi, mais je sentais qu'il y avait plus que ça.
Je me sentais profondément triste en pensant à Jeon Jungkook, et je ne savais pas pourquoi.
Et puis, qu'est-ce qu'il faisait là bas ?