Seokjin
23/04/2018- Tu as mis tellement de temps à te déclarer... Même après que je t'aie embrassé. Quand tu as revu mes parents après ça, c'était comme si tu les rencontrais à nouveau pour la première fois, tu étais tellement stressé que tu faisais tout tomber.
Je repris une grande inspiration avec d'immense précaution, pour ne pas à nouveau éclater en sanglots.
De toute manière, je n'étais pas sûr que mes yeux puissent à nouveau verser des larmes, j'avais pleuré pendant près de deux heures sans m'arrêter.- Et quand il a fallu l'annoncer à Hoseok et Hani... T'avais les joues rouges et le sourire jusqu'aux oreilles, comme un petit garçon qui annonce à ses amis qu'il a embrassé quelqu'un sur la bouche pour la première fois en maternelle. T'étais tellement adorable que je m'en suis voulu d'avoir vendu la mèche avant que tu leur en parles, mais ils ont bien joué la surprise. Au final, je sais même pas si tu as su un jour que j'avais pas été capable de tenir ma langue.
Ça faisait mal de se replonger dans le passé, mon coeur saignait rien que de repenser à ces images heureuses...
Mais c'était toujours mille fois mieux que d'envisager l'avenir, de réaliser que tous ces moments heureux avaient définitivement pris fin, que tous mes amis étaient morts...Je relevai les yeux vers la lune, les lèvres tremblantes. Il faisait frais dans le jardin, mais rien à voir avec cette couche de glace qui semblait me recouvrir de l'intérieur, j'étais tout engourdi.
Devant moi, allongé sur le sol et sa veste étendue sur sa poitrine, Namjoon semblait dormir.Je l'avais observé pendant son sommeil tellement de fois, même avant que nous soyions ensemble, que je voyais la différence.
Même quand il dormait, Namjoon semblait réfléchir, il avait toujours cet air pensif. Pour la première fois, il était réellement détendu, sans aucune expression sur le visage.J'aurais aimé le serrer dans mes bras encore un peu, comme tout à l'heure dans le salon, mais j'avais peur de le trouver un peu plus froid qu'il n'aurait dû, un peu plus raide. Là, le subterfuge tenait encore à peu près, à un fil.
C'était ma veillée nocturne, mes adieux. Je n'aurais pas supporté de les faire à l'intérieur avec cette odeur de sang omniprésente, ce mur blanc où son nom s'était affiché accompagné de la mort qu'il m'avait prise, ces autres joueurs aux regards hagards.
Nous étions bien ici sous la lune, mais je n'arrivais pas à réaliser.
J'avais beau m'y être préparé quand il m'avait demandé de survivre à sa place, j'étais tombé des nues en le voyant s'écrouler devant moi.Et je n'arrivais pas à lui dire au revoir, pour moi ce n'était pas concevable qu'il parte.
Seulement le silence n'était pas non plus une option, il était effrayant.- E- Et la réaction de Monsieur Yu quand tu es venu me chercher le lendemain de ta déclaration, à la sortie du cours, et que tu m'as embrassé... Je m'en souviendrai toute ma vie, on aurait dit qu'il venait d'avaler sa cravate mauve affreuse. Il a jamais réussi à s'y faire le pauvre, d'ailleurs, je crois que Hoseok avait raison, c'est bien à cause de nous qu'il a changé d'établissement... S'il nous avait pas surpris en train de le faire à l'infirmerie, il serait sans doute resté, mais t'étais tellement gêné que je t'ai laissé croire à la coïncidence. Pour une fois c'était toi qui te voilais la face et passais outre les faits.
Je pinçai les lèvres devant cette douloureuse description de moi-même.
Il m'en fallait parfois beaucoup pour accepter la réalité, quand ça me concernait surtout.
J'étais doué pour comprendre les non-dit, pour comprendre les autres, mais si quelque chose d'évident et de trop douloureux ou gênant à affronter me concernait de trop près, j'étais capable de le nier complètement.
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Le Jeu [Vkook]
General FictionLe but du Jeu de la Mort est très simple. Survivez. Le plus longtemps possible. __________________ Ils sont vingt, dix garçons et dix filles, ils ont tous entre 20 et 30 ans. Le Maître du Jeu les a choisi pour s'affronter dans une lutte sans merci...