Alter Ego, Nuits Surnaturelles Tome 1

Chapitre 12

Becca ne comprenait plus rien. Mais qu'arrivait-il donc à Ray? Il avait été d'excellente humeur toute la journée. Il lui avait expliqué les implications de leur métier, leur produits et le réseau social concerné. Il lui avait montré les logiciels que l'entreprise utilisait, les démarches et les procédures. Il avait été patient, tranquille et doux. Lorsqu'elle s'était trompée, il n'avait pas perdu son calme. Il lui avait encore expliqué, jusqu'à ce qu'elle comprenne tout. Cependant, depuis qu'ils étaient rentrés et surtout depuis qu'ils s'étaient attablés pour le diner, Ray semblait de méchante humeur. Alors qu'il était d'ordinaire courtois et d'excellente compagnie, il s'était montré taciturne et bougon lors du repas. Puis il s'était définitivement emporté, sans raison, grognant et grondant, les yeux jaunes. Finalement, il avait filé dans sa chambre. Becca était perplexe. Les autres personnes présentes, parfaitement à l'aise, comme si de rien n'était, continuaient leur repas avec le même détachement et la même bonne humeur qu'avant. L'indifférence des hommes étaient presque aussi perturbante que la réaction de Ray. Elle avait vraiment l'impression de les comprendre de moins en moins. Mais son alter ego la poussant à aller voir Ray, elle se dit qu'elle ne comprendrait pas mieux les loup-garous en restant les bras ballants. Elle se leva donc et s'excusant, sortit de la pièce pour monter dans la chambre de Ray.

Elle toqua légèrement à la porte, persuadée que Ray avait déjà perçu son odeur. Un grognement lui répondit de l'autre coté de la porte. Elle rentra donc et referma doucement derrière elle. La pièce était aussi grise avec des rideaux bordeaux mais il semblait y avoir plus de meubles. S'avançant dans la chambre ressemblant beaucoup à la sienne elle vit toutefois des différences. Quelques photographies en noir et blanc ornaient les murs. Un couple de personnes âgées sur un banc, des chiens s'ébrouant et jouant dans une rivière, une vue panoramique de la ville de nuit, avec les immeubles éclairés. Ces photographies étaient superbes, empreintes d'une touche de mélancolie que le noir et blanc renforçait avec élégance. Près du mur, le regard rivé sur une photographie, Ray gardait le silence.

"Ray? Quelque chose ne va pas?

-Pourquoi dis-tu cela? Parce que j'ai grogné sur Tom ou parce que je suis parti précipitamment? Pfff, ce n'est rien. Tout va bien.

-Bien sur que non ça ne va pas. Je m'inquiète tu sais et si tu ne me dis rien, je risque de m'inquiéter encore plus.

-Non. Ne fais pas ça.

-Ne fais pas quoi?"

Sans qu'elle s'y attende, Ray se retourna et l'enlaça. Il pencha la tête et l'embrassa fougueusement. Becca se laissa aller dans ses bras, contre sa bouche. Lorsqu'il s'éloigna d'elle, après leur baiser, il semblait encore plus perturbé qu'avant.

"Ray?

-Je ne pensais pas que ça m'arriverait. Pas aussi vite.

-Mais de quoi tu parles?

-Quoique près de cinquante ans, ce n'est pas si vite je présume.

-Ray?

-Et pas avec toi. La première femme louve-garou. La fille de l'alpha.

-Ray!

-Tu ne comprends donc pas? Je me suis lié à toi. Je t'ai choisie pour compagne.

-Quoi?

-Mon loup et moi...nous nous sommes liés à toi."

Becca ne suivait plus du tout la conversation jusqu'à ce que Ray l'enlace encore. Se pencha vers son oreille, il lui murmura un tendre "je t'aime Rebecca".

Une foule d'émotions et de sentiments contradictoires émergèrent en elle. Comme une vague englobant tout son être, comme une chaleur incandescente irradiant depuis son moi intérieur, son alter ego explosa de joie. D'une joie pure et enfantine, brillante et folle. Poussée par son alter ego, Becca voulait approuver à gorge déployée et lui affirmer son affection. Mais cette pulsion était celle de son alter ego. Becca la repoussa avec difficulté et s'interrogea sur ses propres sentiments. Elle ne voulait pas de cela. Certes Ray était à la fois sexy et gentil, brillant et charmeur. L'homme idéal. Et il était vraiment sexy. Elle était très heureuse de leur relation. Elle l'appréciait au plus au point. Mais elle ne désirait rien de plus. Elle avait déjà assez à faire dernièrement, entre sa nouvelle condition de louve-garou, son nouveau rang dans la meute, son nouveau travail. Etait-elle prête en plus à ajouter une relation amoureuse sérieuse? Elle n'en était pas sûr. Surtout que les troubles de Ray, son comportement et ses propos démontraient sans l'ombre d'un doute qu'il désirait une relation sérieuse. La panique prit alors la relève aux commandesdu manège émotionnel auquel s'amusait l'esprit de Becca. Ils se connaissaient depuis une semaine et il en était déjà aux grandes déclarations. Il n'allait tout de même pas la demander en mariage dans une semaine aussi? Tout cela était beaucoup trop rapide. Mais avant qu'elle puisse lui répondre quoique ce soit, Ray poursuivit.