Chapitre 7

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La couverture a changé! J'ai eu des retours mais si la majorité préfère l'ancienne version je la remettrai. Alors n'hésitez pas à me donner votre avis, à voter et à commenter!

Elle était rentrée épuisée mais contente. Pas contente de sa chasse évidemment. Tous ces morts. Il n'y avait pas de quoi être fier ou heureux à propos de ça. Mais la créature était contente de n'avoir ni blessé ni tué d'humains, d'innocents. Le corps encore perclus mais se sentant nettement mieux qu'au moment de son départ, elle s'était allongée sur le sol froid et humide de la pièce. Elle se reposa quelques heures. Le maître s'affairait sur le plan de travail pendant qu'elle somnolait dans sa cage. Un clac se fit entendre. Un bruit de métal. Cela sortit la créature de sa torpeur. Elle ne s'était pas inquiétée en rentrant puisqu'elle avait accompli sa mission. Elle ne voyait pas de raison d'être punie aussi n'avait-elle pas accordé une seule pensée à cette perspective. Mais voilà, le manège étrange et suspect du maître ne lui laissait rien présager de bon. En relevant la tête, aux aguets de ses moindres mouvements, elle perçut dans la pièce une odeur de sang. Elle n'y avait fait attention en arrivant car il flottait toujours une amère odeur de sang dans cette salle mais cette fois c'était différent. Cette odeur ne lui appartenait pas. Ce n'était pas son sang. Le dos du maître masquait ses activités et elle ne pouvait voir la table. Aussi la créature attendit un instant et lorsque son maître se déplaça légèrement sur la gauche, elle vit le cadavre d'un animal. Sur la table, éventré, dégoulinant de sang, un animal étrange s'étendait, proche de l'apparence d'un chat. En y regardant de plus près, en reniflant attentivement, la créature vit les dents et sentit l'animal jusqu'à comprendre qu'il s'agissait d'un carnivore. Surement un mammifère nocturne et discret, fait pour la chasse comme affectionnait son maître. Mais le pire était que l'animal vivait encore même s'il agonisait lentement. Le maître s'activait joyeusement. Il se déplaça et lui obstrua à nouveau la vue, tout en fredonnant de la musique. Tous ces préparatifs lui parurent particulièrement effrayants. L'odeur de sa peur commença à se répandre dans la pièce mais puisque le maître n'avait pas les sens aussi développés qu'elle, il n'avait surement rien senti. Les bruits d'os brisés, de chair broyée, de sang ruisselant alourdissait l'atmosphère de la pièce que la respiration saccadée par la panique de la créature accentuait. Le maîtrecontinua de s'affairer encore un moment puis il se dirigea vers l'armoire au fond de la pièce. Il en sortit un petit récipient, quelques épices et ingrédients et le livre. Ce livre sombre, noire, puant la mort et la douleur. Il retourna vivement jusqu'à la table et continua joyeusement à couper, mélanger et touiller les ingrédients avant de les incorporer dans une substance réchauffant sur un petit brasero. Le maître prit un couteau et bien que ne voyant pas ce qu'il faisait avec, elle entendit des sons de liquides. Il psalmodiait des mots dans une langue qu'elle ne comprenait pas et bien qu'elle put saisir quelques termes tels que "sanguinem et mortem" ou encore "sanguinem et vitam" elle ne comprit pas leur signification car le langage utilisé lui était inconnu. Pourtant elle pouvait le sentir, elle en était sur, ce ne serait pas positif pour elle . Après un long moment, le maître arrêta ses activités et le couteau toujours en main s'approcha d'elle. Quelques instants plus tard la créature hurlait.

                                                        * * *

Boire le contenu de la coupe avait faillit la rendre malade mais au lieu de rendre son diner sur le sol, elle avait tenu bon et avait tout ingurgité. Ray avait pu voir sur son visage son dégoût. Elle n'avait pas soufflé un seul mot et avait rendu le calice à son père. Bien entendu son alpha lui avait passé le récipient et le couteau afin qu'il les nettoie et les ramène dans l'armoire. Lorsqu'il était revenu, Becca était assise sur une chaise, quasiment au milieu du salon, tentant de se remettre de ses émotions. L'introduction à la meute n'était pas forcément très facile à gérer, surtout pour une louve-garou aussi jeune. Il sourit devant son aisance à employer le terme louve-garou. Tout semblait si naturel avec elle. Quoique vu la grimace sur ses traits, l'introduction avait un peu du mal à passer. Ray se souvint de sa propre entrée dans la meute, une cinquantaine d'années plus tôt. Sentir l'afflux de tous ces loups dans sa tête avait été particulièrement déroutant, même si cela n'avait duré que quelques secondes avant que son loup prenne le relais des autres loups. Et à cette période, la meute était un peu moins abondante. Et il était un loup depuis un bon moment. Pour Becca, les choses ne devaient pas être plus simple. Loin de là. Des couleurs revenaient sur le visage de la jeune femme. Quelques instants plus tard, elle était à nouveau elle même, sans toutefois quitter son siège. Les membres de la meute, partagés entre le chagrin du deuil et la curiosité devant un phénomène tel que Becca, lui tournèrent autour un temps sans oser lui parler. Ray se rapprocha d'elle, refusant de l'abandonner à certains membres de la meute qui manquaient singulièrement de savoir vivre et de manières. Arrivé à sa hauteur, le sourire de reconnaissance qu'elle lui adressa le confirma dans sa décision.

Alter Ego, Nuits Surnaturelles Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant