CHAPITRE DIX-NEUF - Le signe des reliques

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Théodore prit une grande inspiration en voyant le regard que lui donnait sa sœur jumelle. Il reprit la cigarette qu'elle avait dans sa main gauche et l'apporta à ses propres lèvres. Il détourna les yeux et regarda les poissons par-delà la vitre. Il ne savait pas quoi dire et pourtant il sentait que c'était le moment. Ses doigts se crispèrent sur son verre quand une main attrapa son poignet. Son cou craqua lorsqu'il tourna brutalement la tête vers elle. Il avait un visage furieux et tira sa sœur avec lui dans la laverie de la maison de Serpentard. Trois étages plus bas, encré dans les profondeurs du lac. Il ouvrit la porte avec précipitation et la referma tout aussi rapidement. Il allait exploser.

- « Tu n'as pas l'air d'aller bien, Théo. »

- « Tu trouves ? » répondit-il instantanément de manière sèche.

- « Hey ! Tu vas me parler autrement ! » réagit Tess, en fronçant les sourcils.

- « Je te parle comme je veux ! C'est toi qui te fou de ma gueule ! » dit-il en haussant le ton.

Leurs rugissements n'étaient entendus par personne, heureusement.

- « Pardon ?! Moi je me fou de ta gueule ! »

- « Oui, c'est ça ! »

- « Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tous les jours tu me parles à peine et là, la seule chose que tu fais c'est m'engueuler. Mais qu'est-ce que je t'ai fait ? »

- « J'en ai marre que tu couches avec tout le monde ! »

Ça y ait. C'était dit. Il pensait qu'une fois dit, le poids serait parti mais il était toujours là. Il devenait de plus en plus lourd, et plus ils se criaient dessus, plus c'était douloureux.

- « Alors c'est ça ! » beugla Tess dans ses oreilles. « Pour toi je suis quoi exactement ? Est-ce que tu me prends pour une pute, Théo ? » lui demanda-t-elle avant de poursuivre : « Oh mais non, ce n'est pas possible, Thomas ne paye pas ! Mince alors ! Mais, est-ce que je serais une salope ? Est-ce que je suis une salope pour toi ?! »

- « Je n'ai pas dit ça ! »

- « Oh mais tu le penses ! Putain ! J'en reviens pas ! Mon propre frère ! »

- « C'est de ta faute aussi ! Pourquoi est-ce que tu as changé ? Je t'aimais tellement Tess ! » hurla Théo, le visage dévasté par la douleur.

Le visage de la brune se déforma et il la regarda pleurer. Elle n'avait plus montré de tels sentiments depuis la perte de leur mère.

- « Théo... » souffla-t-elle.

Elle baissa les yeux de honte, comme si ce simple geste allait cacher ses larmes et recula jusqu'à s'adosser à un grand bac ou les draps sale de la maison étaient entreposés.

- « Je n'ai jamais chercher à te faire du mal. » réussit-il à percevoir derrière son chagrin. « Mère me manque tellement. Je voulais être indépendante et autonome, je voulais que père soit fière de moi et j'ai échoué lamentablement. » révéla Tess.

Elle qui était toujours joyeuse et taquine laissait peu à peu son masque se brisé. Elle lui rappela Drago. Comment n'avait-il pas pu voir qu'elle souffrait encore bien plus que lui ? Il était égoïste.

D'une voix tremblote qu'il ne lui connaissait pas, elle raconta ce qui avait pu se passer dans sa tête depuis la mort d'Daena Nott. Son petit bonheur c'était arrêté en même temps que le cœur de leur mère. Étant petite, elle avait toujours désiré être une bonne fille bien élevée et qui se trouverait un petit mari après l'école et il lui aurait fait trois ou quatre bébés. C'était son souhait. Elle était jeune. Quand vînt le dixième jour du mois de juillet de l'année quatre-vingt-onze, trois jours avant leur anniversaire, avant qu'ils ne reçoivent leurs lettres de Poudlard. Sa mort avait été douloureuse et son muscle qui lui servait à vivre était déjà remplit de sang. Deux heures et c'était fini. Deux heures où les jumeaux avaient la peur au ventre et les larmes sur leurs joues. Théodèm, ne voulant pas qu'ils assistent à cela, les deux enfants étaient restés de l'autre côté de la porte. Quand les sanglots de leur père étaient arrivés à leurs oreilles, Théodore, qui avait sa sœur dans ses bras c'était recroquevillé sur lui-même et avait pleurer comme jamais dans le cou de celle-ci. Les jours qui avait suivi avait été lourd et le treize, ils avaient reçu leur lettre de Poudlard. Tess ne l'avait pas ouverte que déjà elle réclamait voulant aller en France. Théodèm et Théodore n'avaient rien dit mais ils savaient qu'elle voulait s'éloigner d'eux. Sa mère venait de mourir. Son modèle n'était plus là à lui tenir la main et à lui chantonner une mélodie pour qu'elle s'endorme après un cauchemar. Jusqu'à la rentrée, ils étaient restés ensemble puis elle était partie. Aux vacances de noël, elle était revenue et leur petite Tess, douce et gentille n'existait plus. Elle était devenue insolente, égoïste, méchante. Théo ne la reconnaissait plus. Il avait pourtant essayé de la faire changer. Mais il avait abandonné à l'âge de seize ans, quand elle lui avait dit haut et fort, qu'ils n'étaient pas du même monde et qu'elle était une adulte maintenant. Il l'avait très vite compris ce jour où il avait vu le carnet qu'elle gardait caché dans sa chambre, derrière son miroir. Le carnet de ses amants. Quelque chose c'était brisé en lui quand il avait lu la suite de nom sur plusieurs pages. Il en avait vomi son déjeuner.

HERMIONE ZABINI, Tome I - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant