La Rédemptions

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— Aria, Aria, viens à l'intérieur , s'il te plaît ! Résonne une voix, insistante, dans l'air du soir.

Je feins d'ignorer l'appel, me laissant allonger sur l'herbe fraîche, savourant la douceur qui caresse ma peau. Le soleil décline lentement à l'horizon, projetant des teintes dorées qui embrasent le paysage. Une chaleur réconfortante enveloppe mon être, m'enveloppe dans une bulle de quiétude. C'est un moment précieux, un instant de paix dans ce monde tumultueux. C'est familier.

Ce lieu, je le connais bien. C'est mon refuge, mon havre de tranquillité. Chaque brin d'herbe, chaque rayon de soleil, je les ai mémorisés, gravée dans ma mémoire. Ils font partie de moi, de mon histoire.

J'enlace un brin d'herbe entre mes doigts, le laissant glisser délicatement sur ma peau, tandis que mes paupières se ferment lentement, plongeant mon esprit dans une torpeur apaisante.

— Aria !

Une présence s'approche, piétinant légèrement l'herbe à chaque pas. Je reste immobile, gardant les yeux clos, me blottissant davantage dans cet instant de béatitude. Une main se pose sur mon épaule, m'incitant à me retourner. Je réprime un sourire en entendant cette voix familière, empreinte de douceur et de fermeté.

— Bon sang, Aria, ne m'ignore pas ! Réprimande-t-elle

Je sens une légère traction sur mon oreille, me faisant finalement redresser. Le soleil se voile d'ombre sur mon visage lorsque quelqu'un me surplombe. Toujours les yeux clos, je m'enroule sur moi-même, cherchant à prolonger cet instant d'intimité. La texture fraîche de l'herbe chatouille ma peau, me rappelant la nature vivante qui m'entoure.

— Je t'ai appelée presque cinq fois. Si tu ne rentres pas, ton repas va refroidir et je ne vais pas le réchauffer pour toi, déclare ma mère, secouant une cuillère d'un air désapprobateur, continuant de parler.

J'observe ma mère d'un regard embrumé, captivée par sa silhouette élégante. Une once de culpabilité m'envahit alors que je frotte doucement la saleté de mon visage, acquiesçant d'un hochement de tête, mes mains serrées.

— Désolée maman...

Un léger sourire éclaire le visage de ma mère, qui me prend tendrement dans ses bras. Mes petites mains s'agrippent à ses épaules, tandis que je repose ma tête contre la sienne, m'enivrant de son parfum familier.

— Tu es presque trop lourde pour que je te porte, plaisante-t-elle en tapotant doucement ma tête tout en marchant. Tu grandis pour devenir une grande fille.
— Je suis déjà une grande fille.
— Oh, oui, je suis désolée, dit-elle, son sourire s'accentuant. Ma grande et belle fille.

Un sourire éclaire mon visage, et je baille légèrement, laissant échapper une douce mélodie.

— Il y a quelqu'un ici pour te voir, Aria.
— Est-ce Ava ou Elyo ? je demande, curieuse.

Ma mère secoue la tête, avant de pénétrer dans la maison. Assise à la table, elle se tourne vers moi.

— Il t'attend, Aria, dit-elle d'une voix douce, avant de s'enfoncer dans la cuisine.

Je contemple l'homme aux cheveux noirs, assis calmement à la table. Je recule d'un pas, secouant la tête avec hésitation. Une légère anxiété monte en moi, m'empêchant de m'approcher.

— Papa... Parviens-je à murmurer, ma voix frêle s'échappant de mes lèvres.
— Laisse-moi te faire un câlin, Aria, déclare-t-il d'un ton apaisant. Nous allons partir.

Un frisson parcourt mon échine, et je secoue de nouveau la tête, courant vers le réconfort des bras de ma mère. Je m'accroche à sa robe, tapotant doucement sa tête de ma main tremblante.

The nevernightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant