L'utilité d'un Farfadet [TERMINEE]

Chap 7 : Seule dans la jungle

Le félin s'approcha encore d'Emma, qui retint sa respiration. La jeune fille contrôlait sa peur. Après tout, le "gros chat" ne faisait que marcher. S'il avait voulu attaquer, il se serait tapi dans les buissons et aurait bondi avant même qu'elle ne s'aperçoive de sa présence.

Emma souffla. Elle était enfin parvenu à se rassurer. Elle eut même le courage s'esquisser un petit sourire à l'animal. Ce n'était pas tous les jours qu'elle aurait l'occasion d'observer de si près une aussi belle panthère.

À peine avait-elle achevé ce raisonnement que l'animal s'arrêta, effectua un demi tour et s'éloigna, comme si Emma ne l'intéressait plus.

*

Irina s'assit sur le bureau de Marvel et croisa ses jambes.

- Bon, je crois qu'il est temps pour vous de m'autoriser l'accès à votre salle d'expérimentation...

- Négocions d'abord. Je vous donne les codes pour accéder aux résultats enregistrés dans nos ordinateurs, et en échange vous libérez ma fille du parc.

- Très bien, mais je vous préviens, je vérifierai que les codes sont les bons avant de relâcher votre fille. Dans le cas contraire... Je ne vous aiderai pas.

En vérité, Marvel n'avait nullement l'intention de donner les fameux codes. Mais il espérait que la sécurité intervienne assez tôt afin de menacer Irina par tous les moyens possibles. Évidemment, jamais il n'aurait pris un tel risque s'il s'était agi de sa propre fille.

*

Emma continua donc sa progression à travers une végétation de plus en plus étrange. Elle ne reconnaissait aucune plante, ni aucun bruit. Des sifflements et des bruissements résonnaient partir autour d'elle, sans qu'elle parvienne à distinguer s'il s'agissait de grillons, d'oiseaux ou d'autres animaux. Mais où donc était-elle ?

Perdue, elle s'assit en tailleur par terre - après avoir vérifié que le sol était sec et dépourvu d'insectes - et entreprit de faire la liste de tout ce que son sac de cours contenait. Après tout, peut-être qu'elle trouverait quelque chose d'utile...

Elle déverrouilla son portable, qui ne captait toujours aucun réseau. Inutile, donc. Elle décida d'économiser au maximum la batterie, si jamais elle retrouvait du réseau, ou encore pour avoir de la lumière si elle devait rester ici toute la nuit. Elle sortit ses écouteurs, mais à part pour attacher des objets, ils se serviraient pas. Un paquet de mouchoir, ça c'était intéressant. Une plaquette de Doliprane, pour la tête ou la fièvre. Une barre de céréales, qu'elle décida de garder pour plus tard, lorsqu'elle aurait vraiment faim. Des feuilles, des stylos, un compas, des ciseaux (certainement utiles pour remplacer un couteau), des clefs de maison, un porte-monnaie avec vingt euros et quelques cartes de magasin, un agenda, un livre de maths et enfin un livre de Platon pour la philo. Elle n'avait même pas de bouteille d'eau... Et comme elle ne fumait pas, elle n'avait pas non plus de briquet. Rien ne pourrait donc l'aider, malheureusement. Elle n'avait ainsi qu'un parapluie et un manteau de mi-saison pour se protéger de cette jungle mystérieuse...

*

Dans sa maison, Charlotte Marvel se leva du canapé pour décrocher le téléphone fixe qui résonnait dans toute la grande maison.

- Famille Marvel à l'appareil, annonça-t-elle.

- Bonjour mademoiselle, Harold Marvel est-il là ?

- Non désolée, il travaille encore. C'est de la part de qui ?

- C'est délicat. Vous êtes sa fille ?

- Oui, c'est moi-même.

- Vous connaissiez Carl Johnson ?

- Bien sûr, sa famille est très proche de la nôtre.

- Je suis le commissaire Lawrence. J'ai le regret de vous apprendre que Carl Johnson est décédé ce midi.

Charlotte laissa échapper un cri de stupeur. Carl ! Non pas lui ! C'était le meilleur ami de son père ! Ses deux enfants étaient très proches d'elle...

Charlotte appela son frère à travers la maison :

- Augustin ! Appelle papa vite ! Il est arrivé quelque chose à Carl !

Un jeune homme d'un an de plus que Charlotte, aux cheveux châtains et l'allure sportive, dévala les escaliers en trombe.

- Comment ça ? S'inquiéta-t-il. Il est à l'hôpital ?

Sa sœur s'effondra en sanglots.

- Non, pire que ça...

- Oh mon dieu... souffla Augustin. Il faut prévenir papa. Et sa femme ? Et ses enfants ?

- Les pauvres ! Dans quel état ils doivent être...

Charlotte passa sa main dans ses cheveux d'or. Un élément lui vint à l'esprit, la rendant perplexe.

- Papa m'a appelé plusieurs fois ce matin. Tu te souviens, il ne voulait pas qu'on sorte de la maison ?

- Et ?

- Je ne sais pas. Il avait l'air très inquiet, comme si quelque chose de dangereux nous menaçait.

- Un rapport avec son travail secret ? demanda son frère.

Charlotte le regarda dans les yeux en acquiesçant.

- Tu sais quoi, proposa-t-elle d'un air assuré, je crois qu'il est temps de découvrir ce que papa mijote dans son mystérieux laboratoire.