Chap 22 : Enfin des explications

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- Où est-ce qu'on va ? s'agaça Charlotte.

- Je t'aide à sortir de là, lui répondit Antoine Malo, qui était à la fois l'ex-petit copain d'Emma, et le voisin de Charlotte. Depuis un bon bout de temps, les deux jeunes gens marchaient dans les sous-terrains noirs.

- Explique-moi, Antoine. L'autre fois, tu m'as dit que tu avais voulu "me protéger", et que c'était pour cette raison que tu étais sortie avec Emma. Je ne comprends pas.

- Ma Charlotte, tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour te protéger.

La jeune fille ne supportait plus ces interrogations constantes.

- Mais qu'est-ce que tu as fait Antoine ? s'énerva-t-elle. Est-ce que c'est à cause de toi qu'on est prisonniers dans ce parc ? Est-ce que c'est à cause de toi que Carl Johnson, le père de Gaspard est mort ?

- Non ! Se défendit-il en s'arrêtant de marcher. Laisse moi tout t'avouer... C'était il y a plus d'un mois. Une femme est venue chez moi. Elle s'appelait Irina, mais elle ne m'a jamais dit son nom de famille... Elle m'a demandé si je te connaissais bien, si nous étions proches toi et moi.

- Tu as répondu non, j'espère ?

- J'ai répondu non, effectivement. Je lui ai dit que je te connaissais seulement de vue. C'est alors qu'elle a sorti des billets. Une grosse liasse de billets, comme dans les films, et elle m'a donné 100 balles. Puis elle m'a dit que j'aurais droit à beaucoup plus d'argent si j'accomplissais ma mission. Il faut que tu comprennes, Charlotte... Je suis en froid avec mes parents, j'ai besoin d'indépendance, d'une voiture, d'un appartement, de voyager même... Alors j'ai accepté.

- Et c'était quoi cette mission ? demanda froidement la jeune fille.

- Me rapprocher de toi. Dans quel but, ça je ne savais pas. Elle ne me l'a jamais avoué, mais j'ai deviné, avec le temps, que cela n'allait certainement pas jouer en ta faveur. Depuis plusieurs années Charlotte, je ne fais que t'observer, dans l'espoir qu'un jour tu me remarques... Alors j'ai eu une idée. C'était l'occasion de te sauver.

Charlotte n'en croyait pas des oreilles. Ce garçon était dangereusement attiré par elle et cela l'effrayait.

- Pourquoi Irina t'a-t-elle demandé de te rapprocher de moi ?

- Elle voulait des informations. À quelle heure tu te lèves, quel trajet tu empreintes pour aller au lycée, à quelle heure tu manges... Elle devait préparer ton enlèvement.

- Et quel est le lien avec Emma ? finit par dire Charlotte.

- Emma n'habite pas très loin de chez toi. Elle était dans ma classe l'an dernier, mais je l'ai toujours détesté cette fille. Toujours intelligente, aimable, sociale... elle avait tout pour plaire et cela m'insupportait !

- Tu la détestais et t'es sorti avec elle !

- Oui ! Comme ça je l'ai faite passée pour toi. Elle prenait le bus tous les matins, il suffisait de dire cela à Irina, de lui montrer des photos d'elle en lui assurant qu'il s'agissait de toi, et elle était contente !

Soudain, le garçon reçut une gifle monumentale sur la joue.

- Tu es un véritable con Antoine ! cria Charlotte. Faire ça à Emma ! C'est horrible ! Et pourquoi n'avoir pas prévenu la police ? Tout ce qui nous arrive, à Emma, Augustin, Gaspard et moi est de ta faute ! Entièrement de ta faute !

La-dessus, Charlotte s'enfuit en courant dans les sous-terrains sombre.

- Charlotte, reviens ! cria Antoine en se massant la joue. Tout ça je l'ai fait pour te sauver !

Mais la jeune fugitive était à présent hors de vue.

*

Emma évalua la distance entre le sol et la branche sur laquelle elle se trouvait. Comment le minuscule farfadet avait-il réussi à la hisser aussi haut, elle n'en avait pas la moindre idée. Pour le moment, le but était de descendre de cet arbre.

- Farfadet ? demanda-t-elle. Je peux garder la gourde d'eau ?

- Évidemment ! Cependant je dois te prévenir, si tu descends de cet arbre, je ne pourrais plus t'aider, et il ne te restera plus qu'un seul appel avec ta clochette des farfadets.

La jeune fille réfléchit un instant, puis songea que de toute manière, elle ne pouvait pas rester sur cet arbre indéfiniment. Mais avant de sauter, elle remarqua alors un objet, sur une autre branche du même arbre.

Son livre.

- Farfadet ! s'exclama-t-elle. C'est mon livre de Platon ! Rends-le moi s'il te plait, j'en ai besoin pour mes cours.

- Malheureusement, un farfadet n'a pas le droit de rendre un objet qu'il a volé. C'est la loi. Un objet volé par un farfadet ne peut être jamais être rendu à son propriétaire. Je suis désolé...

Emma sourit, amusée :

- C'est pas très grave, j'en achèterais un autre. Garde-le en souvenir, comme ça tu pourras devenir un farfadet philosophe.

Alors la petite créature se mit à sourire et à émettre un petit son aigu, qui attendrit davantage Emma : le farfadet riait.

- C'est mignon un farfadet qui rit, remarqua-t-elle.

- Un farfadet philosophe, répéta le farfadet. L'idée est drôlement originale ! Même nos grands créateurs Johnson et Marvel seraient incapable de réaliser une telle créature !

- On ne peut pas créer des philosophes grâce à des mutations génétiques, expliqua gentiment Emma. La culture et la connaissance demandent un apprentissage.

- Tu es vraiment incroyable comme humaine, admira le petit farfadet. Tu ne mérites pas d'être enfermée dans ce parc comme nous. Va, et bon courage !

- Merci mille fois, petit farfadet.

Emma saisit alors son sac de cours, qui était lui aussi sur la branche - peut importe comment il avait atterri là, l'essentiel était qu'elle ne l'ait pas perdu - puis, tout en se cramponnant des deux mains à la branche, elle laissa tomber son corps dans le vide.

Suspendue ainsi à la branche, elle prit une inspiration et rassembla tout son courage. Si elle parvenir à tomber de la bonne manière, elle n'aurait normalement aucune blessure. Elle souffla, et lâcha prise.

La chute fut très courte, et Emma atterrit sur les pieds, en fléchissant bien les genoux. Heureusement, elle ne ressentit aucune douleur dans le dos. En effet, elle redoutait surtout des dommages sur la colonne vertébral, mais s'en était sortie indemne.

*

Gaspard avait une idée pour dompter l'aigle du Soleil géant.

Il se dirigea à l'opposé de la volière, vers une petite armoire fixée au mur, ressemblant à une pharmacie de secours. Il y avait un code, mais Gaspard le connaissait. En effet, l'armoire contenait les médicaments d'urgences à administre aux animaux en cas d'accident ou de maladie.

Il sélectionna d'abord un sédatif, puis réalisa que l'idée était stupide : son but n'était pas d'endormir l'animal, mais de l'utiliser pour voler. Il opta donc pour une autre drogue très étrange, qui n'avait encore jamais été utilisée : un antidépresseur pour oiseau. Effectivement, en créant cette volière, le père avait prévu que des animaux enfermés ne se sentiraient pas forcément heureux. Un Xanax pour oiseaux dépressifs...

Mais cela n'allait pas suffire. En effet, il fallait maintenant que Gaspard s'approche assez près de l'oiseaux pour lui administrer la piqure avant de monter sur son dos. De plus, un autre problème se posait à lui : il lui faudrait ouvrir la fenêtre de manière à ce que le large oiseau puisse sortir, mais il fallait aussi réussir à la fermer ensuite, pour ne pas que les oiseaux génétiquement modifiés ne s'échappent.

Gaspard eut alors une seconde idée...

L'utilité d'un Farfadet [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant