Chap 8 : Octavia

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- Charlotte attend ! s'écria son frère. C'est sûrement dangereux ! Si papa nous a donné des consignes de sécurité, c'est qu'il y a une raison.

- Carl est mort, Augustin ! Si c'est à cause de leur travail, alors papa est autant en danger, voire plus que nous !

- Préviens la police alors.

- Tu es fou ? La police ne doit surtout pas mettre son nez dans le labo.

- Pourtant ce n'est pas illégal ! Papa à des autorisations !

- Peut importe. Il faut qu'on y aille nous même.

- Ah oui ? s'insurgea Augustin. Et comment ? En bus peut-être ?

- Tu as le permis, non ?

- Ma voiture est en révisons, et Papa a pris la sienne. Et il est hors de question d'emprunter la Porsche, on se ferait repérer direct par les flics.

- Ton ancien scooter ?

- En panne depuis longtemps.

Mais Charlotte n'était jamais à cours d'idées.

- Alors prends la moto de papa.

- Tu es dingue Charlotte. Il faut un permis spécial pour ce type de véhicule, et puis ça nous servirait à quoi ? On ne sait même pas où se situe son laboratoire.

- Moi je sais. Il faut aller à la sortie de la ville, vers les quartiers abandonnés.

- Ceux qui ont été détruit par la tempête s'il y a dix ans ? Charlotte, comment tu le sais ?

- L'autre jour, quand papa allait chercher de l'essence, j'ai regardé l'historique de son GPS.

- Mais pourquoi t'as fait ça ?

- J'ai toujours voulu savoir où travaillait papa ! Alors j'ai fouiné, c'est tout.

Augustin s'assit sur le canapé et prit sa tête entre ses mains.

- Charlotte, tu te rends compte du danger que ça représente ? Et à quoi ça nous servirait d'aller là-bas ? Pourquoi ne pas juste l'appeler pour le prévenir pour Carl ?

- La police a déjà du le contacter. Non, je veux juste savoir ce qui ce passe.

Augustin songea alors que sa sœur était vraiment une impulsive pourrie gâtée, incapable de se maîtriser.

*

Quand Marvel raccrocha le téléphone après que la police l'eût contacté, il sembla effondré.

- Et bien, que se passe-t-il ? risqua Irina d'une voix faussement empatique.

- C'est mon collègue... mon ami... Il est... Mort.

- Que c'est triste ! minauda la femme en secouant ses cheveux bruns.

Tout en prenant une moue désolée, elle sortit discrètement son portable pendant que Marvel ne lui prêtait plus attention, et envoya un sms :

"Félicitation Octavia. Nous formons une jolie paire dans la famille."

*

Arrêtée au milieu d'un parking, la dénommée Octavia sortit son portable, lut le message de sa sœur Irina, et sourit.

Elle avait réussi sa mission. Satisfaite, elle enclencha le moteur et démarra.

*

Malgré les protestations d'Augustin, Charlotte ouvrit la porte du garage, enfila un casque et tendit le second à son frère. Celui-ci poussa un soupir :

- Tu n'as pas idée à quel point tu nous mets en danger.

- Tu aurais toujours pu refuser, tu sais ?

Non, il n'aurait pas pu refuser et il en avait conscience. Il se devait d'accompagner sa sœur, sans quoi elle aurait été capable d'encore pire...

Augustin glissa les clefs dans la fente prévue, enclencha le contact et démarra, sa sœur se cramponnant à lui.

*

Après avoir rangé toutes ses affaires dans son sac, Emma se releva et réfléchit. Il fallait trouver une direction à prendre avant que la nuit ne tombe, et s'y tenir. Mais comment ? Elle n'avait aucune boussole, et le ciel était caché par les hautes branches des arbres.

Puis il lui vint une idée...

Heureusement, elle portait les bonnes chaussures, des petites baskets de ville. Certes ce n'était pas des chaussures de sport, mais c'était déjà mieux que des ballerines ou des talons. Elle remonta son sac à main sur l'épaule, rajusta son manteau puis se dirigea vers le tronc d'un arbre tortueux. Comment s'y prendre ? A part durant quelques séances de sport en cours, Emma n'avait encore jamais pratiqué d'escalade. A vrai dire, elle avait uniquement suivit des cours de natation depuis des années, mais cela n'allait guère lui servir pour grimper au sommet de cet arbre. Heureusement, le tronc n'était ni lisse ni droit, et les branches naissaient assez près du sol. Elle agrippa d'une main ferme la branche la plus basse, appuya un pied sur une racine, l'autre sur le tronc, et d'une pulsion mesurée, s'éleva d'un mètre. Après cela, elle accrocha immédiatement son autre main à une branche plus haute que la première, puis répéta le même enchaînement.

*

Augustin et Charlotte roulaient à travers la ville, avant de s'éloigner progressivement des quartiers habités. La journée touchait à sa fin, si bien que la luminosité diminuait rapidement. Augustin sembla chercher quelque chose.

- Bon sang, comment on allume les phares sur cette bécane ? râla-t-il.

- J'en sais rien mais roule, lui cria Charlotte. On n'a pas de temps à perdre.

Le garçon chercha encore un moment, en vain. Pour l'instant, la nuit n'était pas encore tombée et les lampadaires éclairaient suffisamment la route. Mais il ne fallait pas surtout pas que des policiers les arrêtent à cause de ça...

Cependant, l'obscurité finit par envahir la route, et les lampadaire de firent de plus en plus rares. Augustin ralentit.

- Mais qu'est-ce que tu fais encore ? S'exclama sa sœur.

- Je ne peux pas continuer sans phares, répondit-il en s'arrêtant sur un bas-côté. On n'y voit rien !

Charlotte souffla, mais ne put rien dire de plus. Son frère avait raison et elle savait qu'elle ne parviendrait pas à le faire changer d'avis. Si seulement son frère avait eu le goût du risque ! Mais non, il fallait qu'il soit trop prudent, trop prévoyant...

- Recule-toi de la route, lui dit-il alors qu'il cherchait à la lumière de son portable la manière d'allumer les phares. Une voiture arrive.

En soupirant, Charlotte s'exécuta. Curieusement, la voiture ralentit et s'arrêta au niveau des deux jeunes gens. La vitre teintée se baissa.

- Excusez-moi, leur demanda une femme. Suis-je bien en direction de la ville ?

- Non, c'est de l'autre côté, expliqua Augustin.

- Ah, d'accord, merci jeune homme. Vous vous appelez ?

Étonné de la question, Augustin resta prudent.

- Grégoire, répondit-il.

- Hmm, très bien. Et vous jeune fille ?

- Elle s'appelle Clemence, mentit Augustin avant même que sa sœur n'eut pu ouvrir la bouche.

La femme au volant n'en resta pas là.

- Vous êtes en panne ? demanda-elle en fixant la moto.

- Non, on... faisait une pause. Je suis très fatigué.

- Vous allez loin ? Je peux vous déposer si vous voulez !

- Non merci, nous sommes presque arrivés. Au revoir madame.

Alors, à la surprise du jeune homme, la femme sortit un revolver et le pointa vers Charlotte :

- Certainement pas. Toi et Charlotte, vous allez gentiment monter dans cette voiture et me suivre, est-ce que c'est bien compris ?

L'utilité d'un Farfadet [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant