18 - Interdiction

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Aujourd'hui, c'était le grand jour ! Le premier match des bleus en Russie contre l'Irlande !

Nous étions actuellement dans le car qui nous amenait au stade où se déroulerait la rencontre.

- Pas trop stressé ? demandais-je à Benjamin.

- Je joue pas.

Ça a le mérite d'être clair.

Depuis que Didier avait annoncé la composition, il se comportait de manière distante avec tout le monde.

Je préfère ne rien dire... Je ne veux pas d'embrouilles...

Nous arrivons au stade : c'est grand. Je prends quelques photos du complexe avant de rejoindre Juliana.

- Ils sont dans les vestiaires, m'expliqua-t-elle. Tu dois faire leur photo de groupe pendant que je fais autre chose.

Elle aussi devient de plus en plus distante. Ou alors... C'est moi qui commence à changer. Je change. Ma vie change, mes fréquentations changent alors pourquoi pas moi ? Je n'ai jamais eu de mal à me remettre en question. Ça m'a parfois porté préjudice... Ne revenons pas sur cette période de ma vie.

Les joueurs sortent et je les rassemble pour faire une photo officielle.

- Les gars... Allez vous échauffer sur le terrain. Dîtes à Didier que je vais chercher ma carte mémoire dans le bus.

Je passe les portails de sécurité et me dirige en courant vers le bus. Je récupère rapidement une seconde carte mémoire. Avec le stress du premier match en Russie, je l'avais oubliée.

Je sors du bus et me dirige, toujours au pas de course, vers la sécurité. Je passe rapidement le portail.

- Hop, hop, hop. Carte, dit un homme de la sécurité.

Je fouille rapidement dans mes poches et lui présente ma carte de photographe.

- Pour vous ça sera par là-bas... dit-il en désignant une autre entrée.

- Pourquoi ?

- Vous n'êtes pas photographe officielle d'une des deux équipes. Vous allez avec les photographes.

- Je suis photographe officielle de l'Equipe de France.

- Présentez-moi votre carte alors.

Je cherche dans mes poches : rien, mon sac : pareil. Oh non... Ne me dîtes pas que je l'ai oubliée ! S'il vous plait. Pas le tout premier match...

- Monsieur, allez chercher n'importe qui du staff des bleus et il vous dira que je fais partie du staff.

- Vous avez pas votre carte, vous dégagez. Interdiction d'entrer.

J'emprunte, avec regrets, l'entrée réservée aux photographes non-officiels.

Une chose me surprend : il n'y a que des hommes. Je me place entre deux barbus, juste en face du banc des bleus.

Les remplaçants et le staff ont déjà pris place sur le banc. Je me sens bien débile à ce moment. Je suis seule, comme une abrutie, à cette place qui n'est pas la mienne.

- Tu sais que Mbappe a une copine ? dit un journaliste à un autre.

- Oui je savais... J'enquête dessus pour la presse people de ma boîte.

Ce sont des vraies commères ! Pire que Juliana.

Avant le commencement du match, je jette un coup d'œil aux joueurs. Benjamin a le visage crispé comme je ne l'ai jamais vu, Pogba a l'air concentré, Griezmann rigole avec Lloris. Aucun d'entre eux, même pas Juliana, ne s'est rendu compte de mon absence... Je ne dois pas être très importante.

- Tu fais quoi ici toi ? me demanda le garçon à me droite.

- Comme toi, je suis photographe.

- Mais t'es une gonzesse !

- Et ?

- Bah tu regardes pas le foot... Tu vas plutôt derrière la cuisine.

- La gonzesse sait frapper donc t'as intérêt à fermer ta gueule si tu veux pas mon poing dans ta tête.

Ok... Reste calme et zen... Je ne vais tuer personne... Pense à Petite philosophie du bonheur, livre sur la paix intérieure... Très bon écrivain, au passage.

Je jette un coup d'œil au banc. Ils ont tous l'air d'être contrarié... Il y a un problème ? Antoine court en direction de la sécurité alors que Presnel se presse de retourner dans les vestiaires. Tout à coup, Benjamin regarde dans ma direction et se lève. Il court toute la largeur du terrain dans ma direction, sous l'œil mauvais de tous.

Une fois arrivé devant moi, il me dit :

- Tu fais quoi ici ?

- Je travaille, répondis-je.

- Je suis d'accord avec toi Ben... dit le journaliste à côté de moi. Une meuf ici : c'est du grand n'importe quoi.

- Mais toi tu vas t'en prendre une ! m'exclamais-je.

- Pour vous ça sera Monsieur Pavard. Et la femme devant vous fait sûrement mieux son travail que quiconque ici.

Des chuchotements se faisaient entendre dans tout le stade.

- Viens, on y va, dit Ben en me tendant sa main.

Je la prends et franchi la barrière de sécurité.

- Au revoir, connard... dis-je au gros con derrière moi.

Nous marchons sur la pelouse pour nous rendre au banc de touche. Je suis toute rouge, tout le monde nous regarde... Les journalistes nous prennent en photo.

Arrivés au milieu du terrain, je murmure à Ben :

- Tu peux lâcher ma main, s'il te plait...

Il la lâche de suite et rougit à son tour.

- Je t'ai jamais vu aussi vulgaire... rigola-t-il alors que nous marchions toujours.

- Je suis énervée là, dis-je sèchement.

J'accélère le rythme jusqu'au banc.

Le match démarre et moi : je suis dans la merde.













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Je sais, je sais... J'avais sur que ça serait le seul chapitre de la journée... Mais il apportait pas grand chose à l'histoire !

c'est vraiment le dernier de la journée !

À demain

Il disait "Toi et Moi" - Benjamin PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant