36 - Lettre

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"Ma fille,

Je suis persuadée que tu ne liras jamais cette lettre mais je pris le bon Dieu pour que, d'une manière ou d'une autre, elle arrive entre tes mains.

J'ai beaucoup de choses à te dire... Je n'ai jamais eu le courage de te les dire quand j'étais là. Comprends-moi mi corazón... Tu avais douze ans et je ne pouvais pas tout te dire...


Tout d'abord, sache que je t'aime de tout mon coeur... Plus que je n'ai jamais aimé personne... Tu es l'amour de ma vie, mon sang, mon tout. Ne laisse personne te dire que je ne t'aime pas, ne laisse personne te dire que tu es une mauvaise personne. Je te le dis ma fille : tu es magnifique, tu es gentille, tu es généreuse... Tu es la plus belle personne que je n'ai jamais rencontré sur cette Terre. Ne doute jamais de toi mon amour... Je t'aime et je regrette de ne pas te l'avoir dit assez quand j'étais là...


J'ai laissé cette lettre sur ton bureau juste après que tu sois partie à l'école. Je voulais que tu la retrouves en revenant. On était mardi, tu adorais ce jour parce que tu avais ton entraînement de foot... Je souris rien qu'en repensant à ta fabuleuse frappe pendant la finale de la coupe de France U12... Tu as un avenir ma fille, un bel avenir, un grand avenir...

Si tu n'as pas reçu cette lettre le mardi de l'année de tes douze ans, c'est que papa a jugé que je n'avais pas le droit de te dire adieu. Tu sais, ton père a été un homme merveilleux pendant de nombreuses années. Il a été un père exemplaire et un mari remarquable... Malheureusement, les gens changent parfois... Ça a été le cas de ton papa ma belle. Mais ne lui en veux pas trop...


Pour commencer par le commencement... Ton papa et moi nous sommes rencontrés à nos 20 ans... Nous nous sommes mariés deux ans après, ton frère est né la même année et six petites années après, tu es arrivée et tu nous a comblés de bonheur immédiatement. Je sais que tu te souviens de toutes ces années ma belle... Ton père était en déplacement pendant les six premières années de ta vie. C'était les plus belles années que j'ai jamais passé à tes côtés. On vivait toutes les deux à Madrid dans notre grande maison. Quand ton papa est rentré, il n'était plus le même... Il a commencé à de venir violent, méchant et à se comporter de manière immonde avec moi... Il nous a forcé à déménager à Paris et à quitter notre maison... Je ne vais pas te faire de dessins ma chérie, tu es assez intelligente pour comprendre... Cette vie à été très dur pour moi et j'ai enduré cela pendant près de 6 ans... Tu étais ma lumière dans cette vie sombre, ma rose dans ce jardin de ronces...

La veille de ce fameux mardi, ton père m'a fait une demande. Il voulait te faire oublier ton enfance... Ne le demande pas d'explications : il était fou. Je n'ai jamais réellement compris mais il m'avait parlé d'un hypnotiseur ou je sais quelle bêtise. Évidemment, une demande avec ton père sonnait plus comme un ordre... J'ai refusé. Ces années étaient les seuls magnifiques souvenirs qu'ils me restaient et je refusais que tu les perdes. Ces souvenirs sont à nous, à jamais et pour toujours.

Ton père s'est mis dans une colère noire quand je lui ai dit "non". Ce "non" a changé ma vie, la tienne. Il a voulu te prendre de force pour t'emmener chez son hypnotiseur, il avait perdu la raison. Il t'a violemment attrapé le poignet et t'a tirée de toutes ses forces hors de chez nous. Tu pleurais en me suppliant de faire quelque chose. Tes pleures ma belle, je me suis jurée de ne
plus jamais les revoir. Je t'ai arrachée des bras de ton père et je nous ai enfermées dans la salle de bain. Je t'ai chanté cette comptine espagnole que tu aimais tant :


"Hoy en mi ventana brilla el sol

Y el corazón se pone triste contemplando la ciudad
Porque te vas

Como cada noche desperté pensando en ti
Y en mi reloj todas las horas vi passar
Porque te vas"


"Aujourd'hui à ma fenêtre le soleil brille, et mon cœur s'attriste en contemplant la ville : parce que tu pars 

Comme chaque nuit je me suis éveillé pensant à toi et sur ma montre j'ai vu défiler toutes les heures : parce que tu pars"   


Tu te calmais lentement... Ce soir là, je me suis jurée que tes larmes ne couleraient plus jamais pour ton père.

Alors, j'ai appelé le notaire et j'ai ajouté sur mon testament que j'exigeais que tu ailles vivre chez ton frère qui était majeur. J'étais incapable de bien m'occuper de toi ma chérie...


Le lendemain, tu t'es réveillée. Je t'ai embrassée une bonne centaine de fois et je t'ai dit tout autant que je t'aimais. Puis tu es partie au collège avec ta joie et bonne humeur, une rose dans les cheveux. J'écris cette lettre juste après ton départ. Je compte ouvrir la fenêtre de notre appartement parisien et m'échapper de ce monde.


Ma fille, je te devais quelque explications. Je ne pouvais partir comme ça.


Maintenant, tu vas me promettre quelques trucs... Bats-toi pour être heureuse, ne laisse jamais un homme ou quiconque lever la main sur toi, continue le foot et deviens la meilleure joueuse jamais vu... Ma fille, fais ta vie comme tu le souhaite. Ne rentre pas dans l'entreprise de ton père, soit indépendante... C'est important. J'ai fais l'erreur de travailleur avec lui et j'en ai énormément souffert. La chose la plus important que tu dois me promettre mon amour, la seule chose à respecter ma belle c'est de ne jamais tomber amoureuse d'un homme mauvais. Ne tombe pas amoureuse d'un homme ou d'une femme qui ne t'aime mas autant que tu l'aimes. L'amour, c'est comme une prison. Une jolie prison par moment mais en réalité tu y es enfermé à jamais.


Voilà ma puce... Tu sais tout ce que tu dois savoir...


Je t'aime.


Maman."






__________

Le chapitre tant attendu... Beaucoup d'entre vous avait deviné que la lettre viendrait de sa maman. J'espère quand même que vous ne vous attendiez pas à ça !

Dites-moi si c'est ce à quoi vous vous attendiez ! Vous avez aimé le manière dont j'ai écrit cette lettre ? Vous pensez quoi de la maman et du papa d'Emily ?

A demain !

Il disait "Toi et Moi" - Benjamin PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant