Chapitre 1

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Bon, il faut que j'arrête de m'apitoyer sur mon sort maintenant. Commençons par regarder où je suis. Je tourne la tête de tous les côtés en essayant de me repérer aux arbres, aux odeurs mais je me rends rapidement compte que rien ne m'est familier. Parfait je suis donc perdue... Ajoutons ça à ma liste de bonnes nouvelles.

Je n'ai plus qu'à courir tout droit et voir où ça me mène de toute façon je n'ai pas de meilleures idées. J'adore cette sensation de vitesse quand je cours. Courir à une vitesse inhumaine mais pourtant voir tout ce qui m'entoure en détail. Pouvoir voir chaque poussière soulevée par mes pas, chaque feuille de chaque arbre. C'est un vrai délice pour les yeux, toute ces feuilles, jaunes, rouges, marrons. Oui, c'est l'automne, ma saison préférée. Quand tous les arbres revêtissent leur manteau coloré. Certains trouvent cette saison triste, après tout c'est la fin de l'été, le début de l'hiver mais moi je trouve qu'elle me ressemble : elle est perdue entre deux grandes mers. Il n'y fait pas aussi froid qu'en hiver mais quand même moins chaud qu'en été, les arbres ne sont plus verts mais pas encore nu. En gros, elle est un croisement entre deux saisons, tout comme moi qui suis un croisement entre deux espèces. Je rie de moi-même. Depuis quand suis-je devenu poétesse ?

Mais malgré ça, je me laisse absorber par le paysage au point de ne pas voir la falaise arriver droit devant. Je suis obligée de piler pour réussir à m'arrêter. Je me trouve tellement au bord que j'ai le buste au-dessus du vide et je bats des bras pour retrouver mon équilibre. Une fois stabilisée je peux enfin passer à mon activité préférée : l'observation.

Devant moi, s'étend la mer jusqu'à perte de vue bien sûr ce n'est pas une mer bleu turquoise mais plutôt une mer d'un bleu profond avec ses petits moutons blancs qui viennent s'écraser contre la falaise. Quant au ciel, comme à son habitude à Fork, il est orageux avec de gros nuages noirs qui mettent, cela dit, bien en valeur la mer. J'aurais pu observer cette mer et son ciel pendant des heures si un craquement dans mon dos ne m'avait pas fait sortir de ma transe.

Sans réfléchir je fais volte-face et me retrouve nez à nez avec un groupe de loup et pas de simples loups non, bien sûr des modificateurs. Je n'ai aucune envie de me battre et je les vois déroutés par mon odeur ne sachant pas si je suis une amie ou une ennemie. Je saisis donc ma chance et saute sur une branche haute d'un arbre tout près. Je me mets alors à jouer au petit singe, sautant de branche en branche pour m'éloigner d'eux. Et même si mon tour m'a beaucoup amusé, eux ne rient pas et ils se lancent à ma poursuite en grognant.

Puis j'entends l'un d'eux s'arrêter et un hurlement résonne dans toute la forêt. Magnifique, moi qui ne voulais pas me faire remarquer, je suis servie ! Toute la meute sera bientôt là pour me souhaiter la bienvenue avec de grands coups de crocs. Je n'ai plus le choix soit je me transforme soit je meurs. Ce ne fut pas un gros dilemme même si la transformation ne me fait vraiment pas rêver, je ne peux rien contrôler quand je suis comme ça, c'est comme si quelqu'un d'autre prenais le contrôle de mon corps mais bon aux grands maux, les grands moyens.

À peine ai-je décidé cela que je me retrouve encerclé par les loups. Et bien sûr, je n'ai pas regardé où j'allais et je me retrouve complètement à court de branche. Je me concentre donc sur mon côté animal, laissant mon sang chauffer comme s'il se m'étais à bouillir dans mes veines. Bientôt je sens mes dents pousser et mes os se déformer. En un hurlement qui n'a plus rien d'humain, je tombe au sol et mon esprit vampirique sombre dans les ténèbres laissant la place à mon côté loup.

La fille aux sang-mêléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant