Chapitre 14:

60 11 1
                                    

Le lendemain matin, Mona se leva en retard, elle avait l'impression de ne pas avoir dormi de la nuit. Elle se précipita dans la salle de bain pour se changer à la vitesse de l'éclair. Elle retourna ensuite dans sa chambre pour prendre son sac de cours et son sac de piscine, et descendit les escaliers pour se rendre à la cuisine afin de se préparer une tartine qu'elle mangera sur la route. Comme chaque matin, les couloirs étaient remplis de groupes d'élèves qui se racontaient leurs mésaventures de la veille. Christina attendait déjà Mona près de son casier. Elle paraissait inquiète, son sourire habituelle avait disparu de son visage.

-         Coucou tu en fais une tête, quelque chose ne va pas ? demanda Mona.
-         On s'est disputés hier soir avec Tony. Depuis, il ne répond plus à mes messages.
-         A propos de quoi ? Il a peut-être besoin d'un peu de temps.
-         Rien de particulier, il me fait souvent des remarques qui ne me plaisent pas.
-         Tu connais Tony quand même, c'est le roi de la taquinerie. Je suis sûre, qu'il est en train de réfléchir à ce qu'il a pu te dire.
-         J'espère que tu as raison. On a piscine à 10h30 c'est ça ?
-         Oui, malheureusement.

A 10h30, la classe de Mona se donna rendez-vous à l'extérieur. Le bus les attendait déjà pour les emmener à la piscine qui se trouvait à quelques minutes de l'établissement scolaire. Mona n'avait jamais aimé la piscine surtout à l'école. Elle se sentait observée et trouva bête que ce cours soit obligatoire. Elle n'avait plus huit ans, pensa-t-elle. La première étape à franchir pour Mona était le vestiaire, tous ces corps qui s'entrechoquent pour s'habiller, les vêtements laisser à l'abandon, et les gloussements entre filles qui jugent leurs corps n'étaient pas une mince affaire pour Mona. Cette dernière sortit ses affaires de son sac de sport : un grand essui vert et un maillot deux pièces bleu marine avec des petites étoiles blanches. Qu'elle n'avait pas mis depuis longtemps.

-         Tu as ressorti ton maillot d'enfance ? s'exclama Alexia avec un ton supérieur.

Mona se retourna et se trouva face à Alexia, Julie et six autres filles. Alexia portait un maillot une pièce noir légèrement découpé sur les côtés pour dévoiler quelques parties de son corps. C'est un maillot que Heidi Klum aurait certainement porté pour un quelconque défilé de mode.

-         Personnellement, je mettais ça quand j'avais six ans, ajouta Julie.

Mona ne fit semblant de rien et continua à ranger ses vêtements.

-         Et toi Alexia, tu t'es crue à un défilé pour Dior ? répliqua Christina les mains sur les hanches.
-         On voit que tu n'y connais rien à la mode, ricana Alexia en reluquant Christina de la tête aux pieds.

Madame Hardy pénétra dans le vestiaire, avec son attitude habituelle.

-         Allez les filles, on sort des vestiaires et on se dirige vers le bassin.

Il ne fallut que quelques secondes pour que les vestiaire soient vides. La plupart des élèves avaient une frousse bleue de Madame Hardy. Après avoir nagé pendant près d'une heure et demie, la classe entière regagna les vestiaires. Mona avait la sensation de coller et de ne pas s'être lavée depuis une semaine. Pendant qu'elle se changea, elle ne devina pas qu'Alexia était occupée de prendre des clichés compromettants...

A 14h02, Mona était postée devant l'école. Très peu d'élèves avaient terminé à cette heure-là, l'entrée de l'établissement était donc calme. Une minute plus tard, Liam montra le bout de son nez avec son sac de cours sur le dos et sa houppette blonde parfaitement coiffée comme à son d'habitude.

-         Salut, lança-t-il.
-         Salut.

Les deux adolescents se regardèrent pendant un moment timidement, avant que Liam ne brise le calme qui planait au-dessus d'eux.

-         Bon, on y va ?  demanda-t-il.
-         Oui, je te suis.

Mona lui emboîta le pas, Liam l'emmena dans le petit sentier qui était situé près de l'école. De chaque côté de celui-ci, se trouvait de grands arbres et différents buissons. Ils suivirent la route pendant une bonne quinzaine de minutes en regardant attentivement le paysage qui les entourait. Ils arrivèrent très vite à proximité d'un petit escalier en bois qui aurait dû être refait depuis longtemps et donnait sur une cité.

-         Tu veux t'asseoir ?
-         Oui si tu veux, répondit Mona.
-         Tu étais déjà venu ici ?
-         Non, jamais. Tu as l'air de bien connaître.
-         Oui, je viens souvent ici lorsque j'ai envie d'être un peu seul, se confia Liam.

L'endroit n'était pas des plus confortable, le sol était parsemé de cailloux, de vieux chewing-gum, de capsules de bouteilles et d'autres détritus. Le point positif de ce lieu était le calme qui y régnait, le seul son que l'on pouvait entendre était le chant d'oiseaux qui annonçait le début des beaux jours.

-         C'est dommage qu'un si bel endroit soit laissé à la dérive.
-         Oui, enfin c'est surtout les gens qui devraient être plus respectueux, clarifia Liam.
-         Pourquoi voulais-tu me voir ?

Les mots sortis de la bouche de Mona sans qu'elle s'en rende compte.

-         Je voulais apprendre à te connaître, car au final on ne se connait pas plus que ça.
-         Tu as raison.

Liam se pencha pour visiblement ramasser quelque chose. Que pouvait-il bien ramasser dans ces détritus, se demanda Mona. Il montra à son amie ce qu'il avait ramassé. Dans sa main, se trouvait un simple caillou.

-         Un caillou ? Je pensais que tu allais me montrer quelque chose de plus exceptionnelle, ria Mona.
-          Mais c'est exceptionnel ! Un caillou c'est solide, difficile à briser.

Mona commença à se tordre de rire, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus rit comme cela, même en présence de sa meilleure amie.

-         Pourquoi tu te marres ?
-         Car on dirait que ton caillou ressemble à l'Afrique, s'exclama Mona.
-         L'Afrique ?
-         Oui, le continent.

Liam retourna le caillou dans tous les sens afin de se représenter l'Afrique.

-         Tu as une drôle représentation de l'Afrique, avoua-t-il. Grande imagination.
-         Merci, on me le dit souvent.

Soudain, il mit le caillou dans la poche de sa veste, comme s'il avait peur de le perdre.

-         Pourquoi tu mets le caillou dans ta poche ?
-         Je veux le garder pour me souvenir de cette journée, avoua-t­-il.

Les joues de Mona devinrent tout à coup très rouges, Liam la mettait mal à l'aise.

-         Tu veux qu'on continue à marcher ? s'empressa-t-il de demander.
-         Oui, d'accord.

Les deux amis continuèrent le chemin, en regardant attentivement autour d'eux.

-         Tu sais, je regrette d'être sorti avec Alexia. Elle peut être très méchante, si seulement on pouvait revenir en arrière.
-         Regretter ne sert à rien, dis-toi que tu as compris le genre de personne que c'était. Ça t'a servi de leçon.
-         Oui, mais j'y pense parfois. Je vois bien qu'avec toi elle n'est pas tendre.
-         Elle ne l'a jamais été...

Mona regarda l'écran de son téléphone, il était déjà 15h30. Elle devait bientôt quitter Liam pour pouvoir prendre son bus. En sa compagnie, le temps avait filé comme à la vitesse d'une voiture de Formule 1.

-         Je vais devoir y aller si je ne veux pas rater mon bus, clarifia Mona.
-         Oui bien sûr.

Roque Où les histoires vivent. Découvrez maintenant