V.

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Contre lui, j’avais envie de rester pour l’éternité. Abell était effrayé face à lui-même à cause de sa nature. Mais s’il avait été un Oméga, je ne l’aurais pas remarqué. Qu’il soit si différent me perturbait. Je comptais bien lui prouver que l'amour entre nos deux natures était possible. Tout comme celui de Riki et Aerin, le nôtre pouvait être aussi sincère et magnifique à vivre. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de s'en remettre à moi.

Et si pour l’instant, je voyais loin, son corps contre le mien me rappela à l’ordre. Nous échangions simplement une danse mais le sentir dans mes bras faisait battre mon cœur. Mon visage plongé dans ses cheveux, je sentais son odeur pour m’en imprégner. Bordel, cette senteur me rendait fou.

S’il doutait de cette relation, j’étais certain d’une chose…

- Abell, lève ta tête.

Naïvement, il obéit. Il leva son visage vers moi pour me regarder avec son air innocent et je pus m'emparer de ses lèvres pour l'embrasser.
Il referma simplement ses doigts sur eux-mêmes, froissant le tissu de ma tunique. Puis, après les avoir gardé ouvert, il ferma doucement ses yeux, en rougissant.

Bordel, si j’avais su que l’embrasser serait mieux que d’avoir une relation intime avec n'importe quel Oméga, je l’aurais fait des le premier jour. Ses lèvres étaient légèrement timides mais si tendres que je prenais un plaisir terrible à les embrasser. Puis ma main glissa sous son menton pour le forcer à ouvrir la bouche. Et doucement alors, ma langue rencontra la sienne. S'il ne tenta pas de repousser ce nouveau contact, il n’était pas non plus à l’aise. Doucement, je lui montrai les bons gestes et il suivit le mouvement. Abell apprenait vite, c’était une qualité indéniable pour un Bêta. Ces êtres ignorés de tous possédaient pourtant une très grande intelligence et la chance d'avoir une nature neutre. Et Abell était bien la preuve que les Bêtas étaient perspicaces et sensuels à la fois. Je me remis en question lors de notre baiser. Pas uniquement sur moi mais les Alphas et Omégas. Le lien d’âme sœur qui unissait nos natures étaient un fléau pour tout le monde. J’étais content que Riki et Aerin puissent s’aimer au-delà de ce lien. Et si je n’avais jamais rencontré la mienne, je n’en éprouvais pas le besoin. Abell qui était dans les bras était tout ce dont j’avais envie.

Je réalisai alors que nous pouvions tomber amoureux sans être liés et ce sentiment qui allait à l'encontre du destin me plaisait bien. Mais Abell doutait de ma sincérité et je le comprenais. Les Bêtas vivaient uniquement en communauté, rare étaient ceux à se prétendre pour un Alpha, s'ils se soumettaient, ou un Oméga, s’ils décidaient de dominer. Une vierge comme lui ne pouvait pas prétendre être au-dessus de moi, mais il avait mon profond respect.

Abell avait un physique peu comment grâce à ses parents. Une mère au cheveux roses et aux yeux bleus, un père qui avait de la dignité, cela résumait parfaitement le Bêta. Il était d'une grâce naturelle et élégant. Abell était bien élevé et toujours poli. Je ne l’avais jamais vu se mettre en colère, bien au contraire. Il était affectueux, surtout pour son frère qu'il avait perdu pendant des années.

Je comprenais que trop bien ce sentiment de solitude. Ma grande sœur était morte avant même que je ne puisse la rencontrer. Elle était une sang pur, et moi un Alpha. Notre père nous avait séparé, ignorant ce que je pouvais ressentir. Je le détestais et j’aurais voulu le tuer de moi-même pour ce qu'il nous avait fait. Mais penser à elle ou à notre géniteur n’allait pas me la ramener. Elle s’était sacrifiée pour protéger Riki.

- Bel ? Me ramena à moi le Bêta.
- Oh, euh… oui ?

Nous dansions toujours l'un contre l’autre, faisant de petits pas en avant, puis en arrière. Je n’avais pas remarqué que nos lèvres s’étaient séparées, et c’était mieux ainsi. Je n’avais pas eu à connaître cette sensation fortement dérangeante.

- Je t’appelle depuis plusieurs secondes, tu es sur que ça va ?
- Oui, ça va. Ce baiser m'a bouleversé.

Et c’était carrément vrai. Même s’il n’était pas à l'origine de mes pensées. Mais je ne pouvais pas l’inquiéter avec ce genre d'histoire sans queue ni tête.

- Je reconnais quand les gens mentent.
- Quoi ? Mais je ne mens pas !

Je venais de faire preuve de maladresse. Bordel, je devais sérieusement arrêter d'agir comme s’il était fébrile comme un Oméga. Il était mon premier Bêta, je devais être plus prudent.

- Tu te caches derrière une excuse pour ne pas me dire la vérité. Je déteste ce genre de comportement.

De lui-même, il mit fin à notre étreinte en reculant.

- Ce baiser était une mauvaise idée… dit-il en passant la manche de sa tunique sur ses lèvres.

Mais je ne l’avais pas laissé indifférent pour autant, à en juger ses joues rouges et ses yeux humides. Cela m'allait complètement et qu'il ne le tombe pas dans les bras dès le premier soir m’allaite encore plus.

- Je reconnais avoir fait preuve d'un manque de tact, Bêta. Mais je peux t’assurer que cet échange m'a plu. N’oublie jamais que je suis un prédateur et que tu ne pourras m’échapper.

Mes yeux or plongèrent dans les océans d'Abell. Oh oui, la cible parfaite. La proie la plus précieuse à mes yeux. Une fois en ma possession, je le marquerai jusqu’à ce que ma trace cicatrice dans son cou et ferait de lui, mien pour l’éternité.

LE BÊTA ET L'ALPHA DESTINÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant