LE BÊTA ET L'ALPHA DESTINÉS

XI.

Une fois seul, je pus dénouer la serviette qui tomba au sol pour être nu. L'immense salle de bain était tout en marbre avec des matières nobles. La tuyauterie était en or avec quelques diamants en guise de décoration, cette richesse allait bien avec Bel.

Mes pas résonnaient dans toute la pièce quand je marchais. Le sol était froid mais la chaleur des eaux était assez forte pour me faire oublier cette fraîcheur pénible.

J'avais noué mes cheveux avec une pince mais certaines mes mèches retombaient devant mon visage et dans ma nuque. Avant d’entrer dans les bains, je mis la pointe de mes pieds dans les eaux pour ne pas rentrer précipitamment et me brûler. Mais Bel avait été avenant et la température était des plus agréables, bien qu'un peu chaude encore. Alors je descendis dans les eaux prudemment, une jambe après l’autre avant d'y mettre le corps entier et m’installai dans l'immense baignoire encastrée dans le sol. Il y avait des pétales qui remontaient à la surface et je souris face à cette délicate attention, et du lait végétal pour mon corps. Bel savait que je prenais soin de ma peau et jusqu’au bout, il avait pensé aux détails. Il y avait une bassine d'eau fraîche sur le rebord, ainsi que du linge propre pour me laver et les rincer. Non loin, une autre bassine vide était à ma disposition pour me rincer.

Ça faisait du bien de me retrouver un peu seul et de réfléchir. Bel avait accepté de veiller sur la petite pendant mon absence afin que je puisse me détendre. J'avais encore mal au visage suite au coup que j’avais reçu mais la blessure n’était plus apparente. Et comme Bel ne pouvait entendre mes pensées, je lui mentais. Bon, je ne souffrais plus autant qu’avant mais ça faisait quand même mal. Cet espèce d'ordure n'y avait pas été tendrement avec mon visage et ne m'avait pas râté.

En attendant que cela passe, je pouvais faire un point sur ma situation. Bel était un Alpha très important pour Fëanor’d. S'il n’était pas un prince, il était étroitement lié à la famille royale mais également par les différents quartiers que son père occupait. Il avait repris la tête mais en tentant de changer les choses pour apporter une forme de paix dans ces lieux. Bel donnait beaucoup d’argent aux associations afin qu’elles puissent aider les plus pauvres. Il suivait cela de plus près avec Arthur. Depuis la mort de son père, beaucoup de choses avaient changé. Mais je m'inquiétais pour lui à cause de la santé de sa mère. Elle me faisait penser à Muglerina et tous les deux souffraient à cause de leurs âmes sœurs. Si Muglerina n’en était pas encore à ce stade, bientôt il ne pourrait plus marcher du tout. Ce n’était qu’une question. Puis, je pensais à ma nature. Si j’étais maudit par le destin, je pouvais jouir d'une bonne santé. Je ne risquais pas de souffrir d'un lien injustement comme cet Oméga et Arthur. Ritsuki avait une chance incroyable d’être tombé sur quelqu’un comme Aerin. À deux, ils avaient affronter le destin et je me demandais ce qui me retenait d’en faire de même avec Bel.

Cet homme plus jeune que moi semblait avoir besoin de moi. J’ignorais ce que nous étions pour l’autre mais ses lèvres me manquaient. Je réagissais comme un Oméga et ce n’était pas bon du tout. Je ne voulais pas être considéré comme tel. J'avais énormément de respect pour cette nature, mais je restais un Bêta et je voulais qu'on m’accepte tel que j’étais.

Mais c’était compliqué.

Le penser était plus facile. Rêver, s'imaginer, cela faisait du bien à ma tête. Mais rien ne se passait comme je le voulais. Bel avait retourné tout mon être et j’en venais à sérieusement me demander pourquoi j’étais tombé amoureux de lui.

Si je posais la question à mon frère, il me dirait : « Il n’y a pas de raison particulière, tu l'aimes pour ce qu'il est et ce qu'il représente à tes yeux », ou quelque chose du genre. J’étais bien troublé pour un Bêta, ça ne me ressemblait pas. Que devais-je faire ? Je n’avais peut-être pas le courage d’affronter le destin et de lutter pour l’amour.

Ah, peut-être était-ce la faute des eaux vaporeuses un peu trop chaudes qui me faisaient perdre la tête ? J’eus une bouffée de chaleur immédiate et me laissais glisser contre la paroi marbrée de la baignoire, enfonçant mes fesses le plus loin possible dans les eaux, je laissais mon corps passer sous le liquide incolore et parfumé en fermant les yeux. Je me plongeais dans un océan de chaleur et de bien être, oubliant mes craintes, mes peurs et même ma nature. Seul un bien être m’envahit.

Je profitais de cet état second inconsciemment pour perdre connaissance et me noyer dans les eaux.