XIX.

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Je regardais Abell dans les yeux avant de fondre en larme dans ses bras. Je commençais alors à tout lui raconter alors qu'il me serra contre lui, une main dans les cheveux. Une larme dans les coins des yeux.

***

Il ne me fallut pas longtemps pour apprendre l'exécution du Duc Albert. En apprenant la nouvelle, je m'étais mis en route pour la Capitale.
J'arrivais essoufflé devant la scène que la cour avait mis en place. Arthur avait prévu l'exécution d'Albert dès l'instant où il avait trahi sa confiance. Tromper le roi était passible de la peine de mort. Et si le roi de Fëanor'd ne s'était jamais montrer aussi drastique dans sa façon d'agir, c'était différent avec Albert. Ils étaient tous les deux des sang purs. Le Duc avait ravagé la ville de plusieurs centaines d'Omégas qui avaient besoin d'aide et tué Lily-Lise. Ma chère sœur était morte de la pire des façons, elle qui était si innocente. Même si nous ne nous étions jamais rencontrés, j'avais toujours veillé sur elle, au loin.
Mais je devais empêcher sa mort dans le seul but de sauver ma mère ! Malgré tout, elle restait l'âme sœur de cet individu et son existence était liée à la sienne !

J'étais partagé entre la vengeance et la raison, mais connaissant Abell, il opterait pour le second choix. Il me rappelait Lily-Lise. Il était gentil naturellement et son sourire m'avait pis d'une fois sauver de la folie. S'il n'était pas entré dans ma vie, je serais devenu comme Arthur et Aerin.

Un Alpha des ténèbres.

Je descendis précipitamment de mon cheval que je laissais sur place afin de rejoindre Arthur. Je traversais la foule de gens réunie pour l'occasion, et poussais ceux qui se dressaient devant moi. C'était ma seule chance !

Arthur devait m'écouter. Je n'avais pas d'autre choix. Sinon, je perdrais ma mère en plus de ma sœur. Et je ne voulais pas laisser ce plaisir au Duc de décimer ma famille.

- Arthur !

Le roi entendit ma voix mais ignora du haut de sa place en hauteur. Sur son trône, il me fusilla du regard alors que son compagnon faisait tout l'inverse à côté de lui. Mais ce dernier semblait terriblement malade. Très mince, il avait une peau pâle et des cernes en dessous des yeux. Il semblait trembler en permanence mais avait une expression sereine sur le visage comme apaisé par la présence de son compagnon. Près d'eux, je voyais Aerin et Riki qui me regarda tristement. Il était le mieux placé pour me comprendre. Et quand il remarqua la douleur dans mon regard, il tint son compagnon par l'extrémité de sa manche.

Et si tout ce petit monde était impatient à l'idée d'assister à la mort du Duc, j'étais bien le seul à m'y opposer. La vie de ma mère était plus importante que ma fierté, je me fichais bien d'être pris pour un fou.
Albert était enchaîné au cou, et aux chevilles. Ses poignets étaient liés devant lui et si son heure était arrivée, il restait imperturbable. La mort n'effrayait pas les sangs pur. Au contraire, ce dernier se fichait bien de mourir des mains d'Arthur. Cet homme qui était mon père me regarda. Je détestais voir son visage parce que j'avais le même.

J'ignorais s'il avait conscience que j'existais en tant que son fils, mais je le haïssais de tout mon être. À cause de lui, ma mère était en train de mourir. Et le compagnon d'Arthur lui ressemblait. Ils avaient les mêmes symptômes et je compris que ce roi n'était pas si différent du Duc.

Je me rapprochais d'un peu plus près pour le regarder également. S'il devait aller en enfer, je souhaitais qu'il grave mon regard à tout jamais dans sa mémoire.

Une famille, voilà ce que j'avais toujours souhaité. Moi, je n'avais qu'une mère et elle était malade d'amour à cause d'une ordure comme lui. Je maudissais les sang purs qui jouaient avec les sentiments des Omégas.

- Arthur, mon ami.
- Je ne suis pas ton ami, Duc.

La relation entre les deux hommes était très tendue.

Albert appelait le roi de façon bien familière pour quelqu'un sur le point de mourir. Mais ce dernier accepta de l'écouter sans bouger de son trône comme pour lui accorder une dernière faveur

- Mais j'accepte de t'écouter, Duc. Parle donc.

Albert ria à gorge déployée face au roi avant de rejeter son attention sur moi.

- Tu as bien grandi, Bel.

Mes pupilles se dilatèrent.

- Q-Quoi ?

J'écoutais le Duc, troublé par son attitude. Il me souriait. Mais pas comme il venait de le faire pour Arthur. Non, il avait une toute autre manière de se comporter à mon égard.

Malheureusement, à aucun moment je n'avais de moquerie ou de réticence à mon égard. Je ne voulais pas de sa pitié. Je n'en avais pas besoin.

Pourquoi diable avait il une manière bienveillante de poser ses yeux sur moi ? Il me regardait comme un père.

- Tu ressembles à ta mère.
- Ne parle pas d'elle ! Criais-je.

Je serrais mes poings fortement. J'étais énervé après cet homme. Comment pouvait-il parler de ma mère après l'avoir salement abandonné !? Je le haïssais du plus profond de mon être mais sa mort entraînerait celle de ma mère. Il ne méritait pas de reposer en paix aux côtés de son âme-sœur. Mais j'étais à deux doigts de dégainer mon épée pour lui trancher la gorge. Ma réaction lui plaisait grandement. Il n'attendait que ça. Mais je refusais de succomber à la colère.

Le roi se leva de sa place, exaspéré par la scène. Il voulait mettre un terme à notre confrontation afin de l'exécuter le plus rapidement possible. J'avais beau lui demander de ne pas le faire, il ne m'écouta pas. Le roi passa à côté du Duc mais il baissa sa garde. Ce dernier en profita pour le pousser en se servant de tout son corps. Quand il reprit son équilibre, Albert était dans les airs, en train de lui sauter dessus.

- Père !
- Mon roi !

Aerin et sa mère l'appelaient en même temps et ensemble, ils invoquèrent leurs ronces pour protéger Arthur. Muglerina qui était bien plus affaibli que son fils. Il ne contrôlait plus entièrement son pouvoir et rata Albert de justesse. Mais ses mûriers avaient brisé les liens qui le retenaient attaché. Une fois libre, Albert ne tenta pas de prendre la fuite, mais avait bien l'intention de se battre contre nous tous. J'étais parmi la foule qui se mit à paniquer et à fuir les lieux. Nous n'étions plus qu'entre nous. Et si Arthur se mit à protéger son compagnon, Aerin en fit de même pour Riki qui n'avait aucun moyen de se défendre du sang pur. Le regard de l'Oméga était perdu, il était plongé dans la frayeur car cela lui rappela ce qu'il avait vécu avec mon père.

Il n'avait pas été épargné par lui. Si Riki était pourvu d'une très grande beauté, il avait vécu l'enfer a ses côtés. Le viol et la violence faisaient partis de son quotidien lorsqu'il vivait dans la maison close du Duc. Il faisait une proie idéal.

- Albert !

Arthur était hors de lui. Aerin était en retrait afin de veiller sur les membres de sa famille mais était près à porter main forte à son père en cas de besoin. Mais le roi voulait régler ça seul. Alors quand il commencèrent à se battre, j'arrivais jusqu'à eux en arrêtant leurs coups.

Il n'était pas question de les laisser s'entretuer alors que la vie de ma mère en dépendait.

- Hors de mon chemin !

Arthur agita sa lance dans la direction mais ma lame arrêta son coup. Je perdis mon équilibre un bref instant et réalisais la force de cet homme. Arthur était un sang pur extrêmement dangereux, surtout depuis qu'il avait libéré les ténèbres en lui.

Pendant ce temps, Albert éclata de rire et nous échappa. Il tenta de s'en prendre à Muglerina mais Aerin arriva juste à temps pour l'arrêter. L'Alpha suprême sortit son épée de son fourreau pour prendre part à ce combat. Devant Albert, le prince ne retenait pas sa joie de l'affronter.

- Je vais enfin venger Riki pour ce que tu lui as fait, sang pur.

LE BÊTA ET L'ALPHA DESTINÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant