XXVII.

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Je revenais sur mes pas en courant pour rejoindre la demeure de Bel et le retrouver. En chemin, je pleurais, poussé par l’envie d’être avec lui. Pris par un élan soudain, je courrais de toutes mes forces dans la clairière, mais me foulai la cheville en trébuchant sur une racine et tombais violemment en avant.

Malgré la douleur soudaine, ma volonté me poussa à me redresser. Je me fichais bien d’avoir mal, de m’être égratigné les genoux en tombant. J’étais beaucoup plus lent, ralenti par la douleur. Mais ma jambe ne suivait plus le mouvement. Ma cheville me faisait beaucoup trop mal pour que je puisse avancer de moi même. Mais depuis ma position, je voyais la demeure de loin, incapable de pouvoir l’atteindre, je finis par fondre en larmes devant mon impuissance. Je me déversais en tombant sur les genoux, criant désespérément comme un enfant. Tout se mélangea en moi en cet instant.

J’appelais Bel dans mes sanglots. Incapable de bouger. Pour la première fois, je devenais vulnérable et compris que cela venait de ma nature soudaine d’Omega. Je ne parvenais plus à contrôler mes émotions et ce nouveau corps. C’était si différent. Alors impuissant, je m'allongeai sur l’herbe, près de la rivière en attendant qu'on vienne me chercher. C’était l'occasion pour moi de penser à Bel. J’espérais sincèrement qu’il se soit réveillé et qu’il vienne me sauver. Et même si Marilyne était sa Destinée, je voulais croire en les paroles d'Aerin.

Je n’avais pas besoin d’être lié par le destin pour aimer Bel. Ritsuki y arrivait parfaitement bien avec le prince.

Mais après un long moment à gémir de douleur, et à attendre seule, j'entendis des bruits de pas se rapprocher de moi. En relevant la tête, je fus pris par l'effet du contre jour et vis seulement une silhouette noire se présenter à moi.

Le doux vent fit bouger ses longs cheveux alors que cette personne me tendait sa main pour m'aider. Elle ne dit rien, se contenta de faire des gestes pour aller vers moi. Mais je ne pouvais plus bouger, fatigué par ma nouvelle existence, par la douleur intense que je ressentais. Même lui tendre la main me demandait une quantité importante d’énergie.

- B-Bel…

Je perdis connaissance sans jamais parvenir à attraper cette main. Je m'écroulais sur le sol en prononçant son nom une dernière fois.

***
Subitement, je compris que j’étais dans un rêve. Je voyais Bel au loin, comme je l’avais connu un an auparavant, les cheveux courts. Il était la seule véritable image qui me restait de lui. Néanmoins, quand le vent autour de nous se mit à souffler, je compris réellement ce qui se passait entre lui et moi.

Nous étions plus que dans un rêve. La sensation du vent sur ma peau était intense, eh bien réel.

Nous étions seul au monde, au dessus des nuages et du ciel. Jamais je n’aurais imaginé plus bel endroit pour revoir Bel. Même si nous n’étions pas des âmes-sœurs, le destin m'accordait le droit de l’aimer et d’être aimé en retour par lui. Il exauça mon vœu le plus cher et réalisai que ce n’était pas seulement un rêve. C’était l’interprétation même du lien qui nous unissait. Nos cœurs connectés nous permirent de ressentir l’étendue de cette connexion entre nos deux êtres, comme de véritables âmes-sœurs.

Mais si Bel n’était pas ma moitié, il était la mienne.

- B-Bel !

Dans cet endroit, il n'y avait pas de place pour l’obscurité. Ma cheville me portait bel et bien debout, je pouvais courir loin devant moi pour rejoindre l'Alpha aux yeux d'or. Et instinctivement, il fit de même pour moi. Ensemble, nous allions vers l’autre et je sautais dans ses bras quand il fut plus près de moi. Sans parler, je fondis en larmes dans ses bras après qu'il m'ait rattrapé. Dans sa réception, il tourna sur lui-même, m’entrainant dans son geste et un instant, j’oubliai ce qui m’entourait.
Mais quand nous cessions de tourner, nous reprenions notre posture droite et debout, toujours l'un contre l'autre. Si dans un premier temps, je n'osais pas lever la tête pour le regarder, je pouvais sentir ses bras autour de ma taille, m'enlacer avec tendresse. Il me serrait contre lui comme si j’étais une chose précieuse qu’il avait peur de perdre. Quant à mes mains, elles étaient plaquées contre sa poitrine et je pus sentir les battements de son cœur. C’était la première fois que je touchais réellement le corps d'un autre, et Bel me faisait son effet.

- Abell, regarde moi.

Mais sa voix me ramena à la réalité des choses, malgré le fait que nous soyons toujours nda's ce magnifique endroit.

- J-Je ne peux pas !

Je me mis à trembler car je n’étais plus celui qu'il avait connu autrefois. Je mis une main incertaine sur mon cou, peur qu'il me rejette en comprenant que je n’étais plus un Bêta. Même si j’avais fait le choix de moi-même me sacrifier pour l’aimer, je ne voulais pas qu’il me repousse suite à cette décision. Bel avait dit m’aimer pour ce que j’étais, parce que j’étais différent des autres. Parce que j'avais toujours été moi-même. Bel m’avait connu en tant que Bêta, et je ne voulais pas qu'il me déteste à présent.

Ce changement soudain me fit pleurer une nouvelle fois contre lui.

- Alors les choses sont ainsi, Abell ?
- H-Hein ?

Si j’étais l’aîné et que je le voyais comme un jeune cadet malgré son charme évident, Bel semblait avoir changé, je le trouvais beaucoup plus viril en cet instant. Plus sur de lui, il semblait peu convaincu par mon attitude.

- Après tout ce temps passer à tes côtés, tu me fais aussi peu confiance ?

Naïvement, je levais la tête vers lui pour lui répondre, pour lui dire qu'il avait tort et que j’avais pleinement confiance en lui.

Mais aux lieux de rencontrer son regard, mes lèvres rencontrèrent les siennes.

LE BÊTA ET L'ALPHA DESTINÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant