Distress Call

Sept

Je suis assis sur le canapé de la salle de séjour, enveloppé dans une couverture, devant la télévision. Maman me tend une tasse de thé chaude et s'assied à mon côté, pendant que mon père est occupé à régler les plombs de la salle de bain. Mais il est hors de question qu'il remette ce rideau de douche. 

" Bois ça, ça va te faire du bien. Tu veux qu'on appelle un médecin ? "

" Non, c'est bon. J'ai seulement glissé. "

" Mais tu as failli être asphyxié. Je veux être sûre que tu n'as pas de mal à respirer. "

" Ça va aller, maman. " j'insiste doucement.

Je la retrouve enfin. Cette maman inquiète et maternelle. Et ça me fait du bien. Je me remets peu à peu de mon incident dans la salle de bain. Mais en y repensant, une partie de moi ne peut s'empêcher d'être perplexe. Comment ai-je pu être le prisonnier d'un simple rideau de douche ? En temps normal, ça n'aurait pas été difficile de se relever tout simplement en retirant le tissu d'une seule main de mon corps. Je n'aime pas du tout ce qu'il m'est arrivé après tout ce dont j'ai pu être témoin ou ce que j'ai pu ressentir dans cette maison. Et je fronce les sourcils en me rendant compte que mon esprit irrationnel commence à gagner de plus en plus face à ma conscience. Je devrais peut-être...

Non.

...juste en parler quelques instants ?

Non, Louis.

Je ne cherche pas à l'effrayer, je veux juste être rassuré, être sûr que c'est seulement moi le problème et rien d'autre.

La tasse chaude entre mes mains, je regarde distraitement le fond du récipient en inspirant intérieurement.

OK. 

" Maman ? Est-ce que je peux te demander quelque chose ? "

" Bien sûr. "

" Tu promets de ... ne pas flipper ? "

Elle fronce les sourcils malgré son regard assistant et inquiet.

 " D'accord. " dit-elle humblement en hochant la tête.

Et je déglutis en prenant sur moi. 

" Parfois, est-ce que ça t'arrive de ... de ressentir ... des choses, dans cette maison ? " je commence très prudemment.

" Des choses ? " répète-t-elle.

Je soupire. 

" Oui, hum ... En fait, depuis qu'on a emménagé ici, je ... je ne me sens pas vraiment à la maison. J'ai l'impression d'être sur un territoire étranger, sur lequel on était pas censé mettre les pieds. " 

Maman ne réplique pas et continue de me regarder d'un air confus. Et même si elle n'a pas l'air de savoir où je veux en venir, je crois la voir en train de retenir sa respiration. Mais elle paraît désinvolte et passe une main réconfortante dans mes cheveux.

" Tu n'aimes pas cette maison, n'est-ce pas ? "

" Non. " 

Elle m'a posée la question que je craignais le plus, et ma réponse n'est pas du tout celle que j'avais préparé en cas de cette situation. Mais ça m'est égal à présent, mieux vaut dire les choses comme elles sont. Je l'ai trop laissé à l'écart de mes ressentiments, elle et mon père. Je monte les pieds sur le canapé et colle mes genoux à ma poitrine, la tasse de thé entre mes jambes et mon ventre. Je baisse les yeux vers celle-ci et expire nerveusement. 

" Ne le prends pas mal, mais ... je ne sais pas si c'était une bonne idée de s'installer ici. "

" Pourquoi ? "