Il est arrivé. Je le vois traverser le pavillon à travers la fenêtre de la cuisine. Je me précipite à la porte, et il a à peine le temps de sonner que je lui ouvre déjà. Il se tient sur le palier, les mains dans les poches de son slim, lèvres pincées et la tête entre les épaules, comme s'il se sentait intimidé. Je ne peux m'empêcher de sourire timidement face au rayonnement de son visage sous la lumière de l'entrée de la maison. Il a reprit des couleurs depuis hier soir. Je me décale sur le côté pour le laisser entrer. Et quand il arrive près de la salle de séjour, il tourne sur lui-même en regardant autour de lui, comme si c'était la première fois qu'il entrait ici. Mais je ne dis rien et me contente de fermer la porte en m'efforçant de paraître le plus détendu possible.
" Tu es en train de faire cuir quelque chose ? " me demande-t-il doucement. Quoi ? Je le dévisage d'un air interrogateur. Il lève un sourcil. " Ça sent le brûlé. "
" Oh merde ! " Ce n'est pas vrai, la pizza ! Je me précipite vers le four, enfile le gant de cuisine, et sors rapidement le plateau du feu en manquant de le lâcher complètement sur la table de travail de la cuisine. Quel désastre. Ma pizza est complètement cramée. Je secoue le gant au-dessus de celle-ci pour dégager la fumée, en arrêtant de respirer pour ne pas m'asphyxier. Harry me rejoint à mon côté en s'esclaffant discrètement. Je lui lance un regard faussement réprobateur. " Oui. Je ne suis pas un cordon bleu, comme tu peux le voir. Et encore, c'était du surgelé. " Qu'est-ce qu'on va manger, maintenant ? J'expire d'agacement. " On a plus qu'à manger des chips et se bourrer de Coca. "
" Qu'est-ce que tu as dans ton réfrigérateur ? " sourit-il.
Je le regarde se diriger vers celui-ci et l'ouvrir. Je ne pense pas qu'il y ait grand-chose à part, quelques œufs, des légumes et de la salade. Hum, pas grand-chose, hein ? Ça va, je ne suis pas un adepte de la nourriture diététique. Sauf quand c'est maman qui me force à en manger.
" Où sont les assiettes ? "
Docilement, je me dirige vers l'une des armoires de la cuisine et sort deux assiettes. " Une seule suffira. " Oh ? Je repose une assiette dans le placard et le referme. Il prend le paquet de salade prêt à être consommer du bout des doigts et le colle au niveau de sa hanche en soufflant légèrement. Je le sens tout à coup crispé, et je vois sa main qui serre tellement fort la porte du réfrigérateur pour la maintenir ouverte que je peux voir ses veines ressortir. " Tu peux sortir les trois ingrédients, juste devant ? "
" Bien sûr. "
Je me rends à son côté, et sors du frais, une grappe de tomates cerises, un petit sachet de croûtons, et un paquet de fromage en dés. Je les pose sur la table de travail à côté de l'assiette. Quand il referme le réfrigérateur, il se rend lentement près de moi et pose la salade que je prends instinctivement. Je l'entends souffler une nouvelle et expirant discrètement, mais je joue les indifférents. Il me fait peur quand il fait ça. On dirait qu'il s'apprête à faire une crise d'asthme ou je ne sais quoi.
" Tu fais de l'asthme ? " je demande presque sans m'en rendre compte. En fait, ça m'a échappé. Je ne lève pas les yeux de l'assiette sur laquelle je dispose les feuilles de salade.
" Ouais. " répond-il. Mais je n'ai pas manqué le fond d'hésitation dans sa réponse. Néanmoins, je ne dis toujours rien et hoche la tête.
Un silence s'installe entre nous. Un silence à la fois humble et oppressant.
" Est-ce que tu as de quoi faire une sauce ? " finit-il par demander.

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Distress Call
FanfictionIl fait noir. C'est la première fois que j'entre dans cette pièce. Debout sur le pas de la porte, je tâtonne le mur pour trouver l'interrupteur. Et quand la lumière s'allume, je crois apercevoir du coin de l'oeil une ombre s'échapper dans l'aire som...