19 juillet 2012
Cher journal, Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. Il n'avait pas le droit. Il n'avait aucun droit sur moi. Pourquoi je l'ai laissé faire ? Pourquoi me suis-je imposé cela ? Qui m'a dit que je devais me mettre à genoux devant lui et devenir son souffre-douleur ... sa chose ... son jouet ? Pourquoi je ne fais rien ? Pourquoi je me laisse dominer comme ça ?
Non ... non, je n'ai pas peur. Je suis juste ... un lâche. Un faible. Un incapable. Un bon à rien –comme il le dit si bien. Et je sais que je ne devrais pas. Je devrais me relever, m'opposer. Lui montrer que je suis fort, qu'il ne m'atteint pas. Mais même le peu d'estime qui me restait de moi-même, il me l'a enlevé. Depuis ce soir-là, je n'ai plus de dignité. Il m'a arraché mon amour-propre avec une cruauté impitoyable. C'est arrivé il y a deux mois de cela. Et avant ces deux mois, je pensais que j'avais vécu le pire. Mais je me suis bien planté.
Ah, ah ... Les souvenirs de cette nuit me hantent à nouveau, et voilà ... je me mets à pleurer alors que je devrais y être habitué. Tu te souviens quand je t'ai dit que ses coups n'étaient pas le pire dans toute cette histoire ? Ces deux derniers mois, je n'étais pas prêt à l'ancrer sur tes pages. Mais aujourd'hui, je suis prêt. C'est peut-être ridicule parce que tu es un journal et que tu ne me répondras pas. Et c'est justement la raison pour laquelle je n'ai aucun mal à t'écrire ce que je n'ose et ne peux avouer de vive voix. Toi, au moins, tu ne me jugeras pas.
La nuit du jour où Tobey m'a surprit avec Garett ... je pensais avoir fait un cauchemar. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'entendais sa voix rocailleuse me murmurer à l'oreille des choses ... écœurantes. Des choses que je ne le croyais capable de dire, un jour. Tout comme je ne le croyais capable d'aller jusque-là. J'ai senti ses mains sur ma peau qui touchaient chaque partie de mon corps. Je sentais un poids lourd m'enfoncer dans le matelas. Et je me souviens, de m'être débattu. D'avoir hurler de toutes mes forces. D'avoir essayé de le dégager de là mais il était bien plus fort que moi et me maintenait la tête contre mon oreiller. J'ai même cru qu'il allait m'étrangler. Je lui ai supplié d'arrêter. J'avais mal. Très mal. Je ressens encore la douleur en moi, qui me déchire de l'intérieur. Et son souffle saccadé qui m'agressait les narines parce qu'il sentait l'alcool. « Puisque tu aimes la queue, tu vas enfin pouvoir servir à quelque chose. C'était ce que tu voulais, pas vrai ? ».
Non, je n'ai pas rêvé. Quand je me suis réveillé le lendemain, ankylosé, le corps empli de spasmes douloureux, et que j'ai vu du sang sur mes draps blanc, j'ai su que ce n'était pas un cauchemar. C'était bien arrivé. Il m'a violé. Il m'a violé alors que j'étais en état de vulnérabilité. Il m'a violé dans mon sommeil.
Et depuis, il ne s'est jamais arrêté. Il me touche. Il me bat. Il me bat. Il me touche. Il me touche en me battant. A chaque fois que je passe devant lui quand il est saoul, je ne suis sûr de ne pas en sortir indemne. Il arrive toujours à trouver une excuse pour poser la main sur moi. Toujours. Pendant deux mois, ce calvaire a continué, et il n'est pas prêt d'arrêter. Pourtant, j'ai essayé de le raisonner. Plusieurs fois. En lui parlant de maman. Je pensais qu'il l'aimait. Je pensais qu'il se rendrait compte qu'il n'avait pas le droit de lui faire ça. « Tu crois que j'avais le choix ? Tu crois que ça me faisait plaisir de la voir agoniser sur son lit de mort ? Elle n'était plus qu'un putain de fardeau que je rassurais, alors que c'était déjà un cadavre ! ». C'est tout ce que j'ai pu lui tirer. Il n'a jamais aimé maman. Il a trahit maman. Il nous a trahit.
Il me dégoûte. Ses mains sur moi, me dégoûtent. Sa respiration me dégoûte. Son odeur me dégoûte. Le regarder en face, me dégoûte. J'en veux à maman de lui avoir menti. Mais comment aurait-elle su qu'un petit mensonge pouvait détruire ma vie ? Je le hais. Je me hais. Je hais la Terre entière. Et pourquoi je ne fais rien ? Parce qu'il me draine de toute mon énergie. Et comme si ça ne suffisait pas, il se nourrit de ma faiblesse. De mes pleurs et de ma souffrance.
Alors le seul moyen que j'ai trouvé pour disparaître, est de me cacher à l'endroit où je suis actuellement. Il ne sait pas qu'il existe. Personne ne le sait – à part maman. Nous l'avons découvert tout les deux lorsque j'étais encore enfant. C'était notre petit secret. Et à chaque fois que je sens le danger arriver et que je suis trop faible pour y faire face, je me réfugie dans ma chambre, et m'enferme dans cette petite tanière. Il ne m'a jamais trouvé. Ça le rend fou. Il hurle mon nom, me menace. Mais je ne sors pas. Il m'arrive même de passer la nuit, dedans. Alors il casse tout. Et j'entends tout. Comme si des mines implantées dans la maison explosées. Je peux même y rester toute une journée. Du coup, je ne me nourris pas. Je ne prends pas soin de moi. J'ai perdu beaucoup de poids et quand j'avale quelque chose, je vomis instantanément. Et cela, est à cause de lui. Je ne peux plus rien faire tant qu'il est là.

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Distress Call
Fiksi PenggemarIl fait noir. C'est la première fois que j'entre dans cette pièce. Debout sur le pas de la porte, je tâtonne le mur pour trouver l'interrupteur. Et quand la lumière s'allume, je crois apercevoir du coin de l'oeil une ombre s'échapper dans l'aire som...