Douze

730 57 49
                                    

Newhall.

Une simple petite ville du Derbyshire au centre du Royaume-Uni. Une simple ville avec de simples habitants villageois. Au premier abord, on pourrait se croire dans l'une de ces cités bourgeoises aux gens à la vie totalement normale. Mais ceci n'est qu'une illusion, un simple masque. Personne ne sait ce à quoi s'attendre quand ils découvrent pour la première fois cette ville. Personne et pas même la population elle-même. Et tout me dégoûte. Cette image de perfection incrédule, cette tranquillité faussement innocente. Les gens autour de moi. Et en particulier, toute cette ignorance. Cette ignorance qui me fait mal au cœur. C'est donc vrai. Le monde est bien plus sombre qu'il ne le paraît. Aucun individu n'est capable d'imaginer la profondeur de ses secrets.

En voyant toutes ces vies qui défilent sous mes yeux, à travers la vitre de l'autobus, j'ai l'impression d'être témoin d'un instant éphémère qui est prêt à ne plus exister dans la seconde, la minute, l'heure ou le jour qui suivra. S'ils savaient ... Et puis comment est-ce possible ? Comment ne peuvent-ils pas se douter des choses étranges qui se passent dans leur ville ?

Je descends de l'autobus. Et je reste debout devant l'arrêt, en train d'observer le quartier. Ce quartier semblant si tranquille mais au visage me paraissant si faux. Les gens vivent leur petit quotidien, sans se douter de ce qui se cache derrière cette image de vie parfaite. Cela m'étonne que personne ne remarque que les choses qui s'y passent ne sont pas aussi normales qu'ils ne le pensent. J'ai presque envie de leur hurler dessus, leur dire de se réveiller. Pour eux, tout est comme d'habitude. Sauf pour moi.

Quand j'arrive devant notre pavillon, je suis incapable de franchir l'entrée. Mon cœur s'emballe et je frissonne d'effroi et d'appréhension en fixant la maison. Que se passera-t-il si j'y entre ? Je serai seul, et cette idée m'angoisse. Ma conscience a déjà prit ses jambes à son cou pour se réfugier à l'autre bout du pays. Et moi, je suis là, tétanisé, tremblant intérieurement. Qu'est-ce que je fais ? Il est hors de question que j'entre là-dedans. J'observe distraitement les environs autour de moi, remontant nerveusement mon sac à dos sur mon épaule. Puis quand mon regard tombe sur la résidence de Harry, je me renfrogne. Lui qui m'avait dit que je le verrais le lendemain de notre soirée, et le jour d'après. Je ne l'ai pas vu le reste du weekend. Et je ne comprends toujours pas pourquoi. Je n'ai pas arrêté de culpabilisé sans aucune raison ou peut-être, en pensant que c'était ma faute. Ce baiser échangé. Fais chier. Je n'ai pas envie qu'il prenne ses distances à cause de ça.

Je déglutis et cligne plusieurs fois des yeux, et décide de me rendre à sa porte – en espérant qu'il soit là. Je sonne et frappe quelques coups. On ne sait jamais. Et j'attends.

" Louis ... " quand j'entends cette voix douce, rauque et fragile à la fois, mon cœur fait un rebond et je me retourne. Puis je suis soudainement pris par une gêne pathétique. J'enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon.

" Salut. Je voulais te voir. " je dis d'une petite voix.

Il hoche doucement la tête et fronce légèrement les sourcils.

" Où étais-tu ? " la question m'échappe sans retenue. J'enchaîne tout de même, au point où l'on en est. " Je ne t'ai pas vu, hier et avant-hier. "

" Je sais. " il marmonne sous le ton du regret en baissant les yeux vers ses Converses. Puis c'est à mon tour de me renfrogner. Il n'a pas l'air d'être parti bien loin. On dirait même qu'il a fait le tour du quartier, ou même ... qu'il était toujours là.

Et quand un silence éloquent repose entre nous, j'ai presque l'impression que quelque chose ne va pas. Que quelque chose le tracasse. Est-ce qu'il s'en veut tant que ça ? " Ce n'est pas grave, tu sais. " j'essaie de le rassurer. " Je voulais juste-- "

Distress CallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant