Le son aiguë et désagréable de l'alarme s'acharne sur mon crâne depuis plusieurs minutes. Je trouve enfin la force de tendre la bras pour la faire taire. Saloperie de réveil. Puis sous une adrénaline soudaine, je prends l'appareil en main et le lance loin de moi. Il s'éclate en morceaux, au sol, mais je m'en fiche. Je m'en offrirai un autre. Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas prêt à voir la lumière du jour. Je ne suis pas prêt à faire face à cette impitoyable réalité. Je ne suis pas prêt à ouvrir les yeux, tout simplement – et tout comme ces derniers jours que j'ai arrêté de compter, ainsi que les heures et les minutes. Combien de fois ai-je souhaité me réveiller et réaliser que tout cela – depuis le commencement, depuis la seconde où la tourmente a prit possession de mon existence, n'était que l'origine d'un mauvais rêve. D'un cauchemar. Du fruit de mon imagination.
Malheureusement, et comme à chaque fois où je trouve enfin la force d'ouvrir les yeux, cette douleur, cette crevasse qui s'élargit encore et encore dans ma poitrine, mon cœur, dans toutes les parties de mon corps, ce vide incessant et tortueux qui martyrise les tréfonds de mon âme, ce hurlement déchirant que je refoule à l'intérieur de moi et qui ne cesse de m'échapper – selon mes parents–, chaque soir, à travers mes sanglots durant mon sommeil. Toute cette souffrance qui me donne envie d'en finir une bonne fois pour toute afin de me débarrasser de cette putain de broyeuse qui lacère mes tripes, faisant en sorte de ne laisser aucun grumeau me rappelle sans cesse que tout ce vécu a toujours été réel. Et que cette réalité n'a rien d'innocent. Elle ne l'a jamais été, et ne le sera jamais.
J'aurais pu trouver toutes les excuses du monde pour ne pas me lever, et encore moins ouvrir les yeux, mais la pensée de mon interro de maths me contraint à m'en dissuader. Je ne suis même pas sûr d'y arriver. J'ai du mal à me concentrer en cours, ces derniers temps. Et lorsque je révise la veille, le lendemain, j'oublie la moitié de ce que j'ai relu. Ça craint. J'ai complètement foiré mon trimestre. Ce n'est pas comme si c'est ce qui t'importe le plus. Non, pas pour le moment. Du moins, j'essaie, mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. Je trouve tout ça tellement injuste, la vie ... est tellement injuste. Alors chaque matin, c'est le même rituel. Et le déroulement de la journée, est similaire à la veille qui semble encore plus similaire aux jours précédents.
Je me lève en ayant la tête qui tourne et fonce dans la salle de bain. La première chose que je fais, est de me rincer le visage à l'eau fraîche et de prendre le temps de me remettre de cette nuit. Cette nuit faisant partie de ces autres nuits toutes plus éprouvantes que la réalité, elle-même. Puis lorsque je relève la tête, il y a toujours une inscription malicieuse s'adressant à moi, tel le mot de la journée, écrit avec une buée venant de nulle part, sur le miroir. « Bouh ». Et sans attendre, je verse une poignée d'eau dans ma main et la jette sur la glace avant de me passer la paume sur le visage. Ça ne plaît pas à Tobey. Le miroir s'ouvre et je n'ai qu'une fraction de seconde pour me baisser alors que le contenu de l'armoire s'éjecte des étagères. A cet instant, je ne sais jamais quoi faire d'autre que de me coller à un coin de la salle de bain, me recroqueviller sur moi-même et fermer les yeux. Respirant lentement, m'efforçant de garder mon sang-froid et de ravaler mes sanglots.
Je mets les premiers vêtements qui me tombent sous la main – un jean, un haut de corps, et mon manteau noir–, et descends au rez-de-chaussé avec mon sac à dos. Je ne me suis ni douché, ni coiffé. J'ai une sale tête. Je transpire déjà. Mais je m'en fiche. Quand je vois ma mère dans la cuisine en train de préparer le petit-déjeuner, je secoue la tête en lui souriant à peine. Je ne mange rien, et je sors de la maison.
![](https://img.wattpad.com/cover/159239978-288-k740292.jpg)
VOUS LISEZ
Distress Call
FanficIl fait noir. C'est la première fois que j'entre dans cette pièce. Debout sur le pas de la porte, je tâtonne le mur pour trouver l'interrupteur. Et quand la lumière s'allume, je crois apercevoir du coin de l'oeil une ombre s'échapper dans l'aire som...