pluto | 23

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Таенуuиg

Hiver Dix-Huit

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Hiver Dix-Huit.

Mes pensées se bousculaient dans ma tête tel un torrent enragé. Ma respiration demeurait irrégulière et mes mains tremblaient toujours, même après plusieurs heures. Je fermai fortement les yeux pour éviter d'affronter la réalité de trop près. Comme si ça allait changer quelque chose au crime que je venais de commettre. C'était comme si le monde entier me jugeait sans me comprendre, alors que les gens autour de moi passaient à côté de ma silhouette appuyée contre le mur sans même m'adresser un simple regard. Je me sentais oppressé, gêné, j'avais envie de vomir.

Mais qu'avais-je fait oh mon Dieu ? Tout était de ma faute. J'aurais du savoir que Yoongi était un type dangereux, auquel je ne pouvais faire confiance. Alors pourquoi je lui avais tout de même donner cette arme ? Ma gorge se serra alors que j'étais toujours en état de choc, seul dans la rue pourtant remplie de monde. J'étouffais. Je devais rentrer chez moi et me dire que tout allait bien, que c'était juste une connerie sans importance.

Non, Yoongi, mon seul ami, n'avait pas tué son père avec l'arme que je lui avais fourni. Non, je n'étais pas complice de meurtre. Je courus comme un fou à travers les rues illuminées du centre-ville. Les habitants du petit village achetaient les décorations de fin d'année, alors que la température négative me gelait les phalanges. Je crevais de froid dans ma veste en cuir noire défoncée et mon simple tee-shirt à l'effigie de mon groupe de jazz favori. Je courus et courus encore, à en perdre mes jambes, sans jamais m'arrêter. Le centre-ville n'était plus qu'un petit point lumineux à l'horizon quand je poussais d'un coup de pied le petit portail du jardin à la volée. Il fallait que ma mère me console, me prenne dans ses bras en me rassurant. Que mon père me tapote le dos en me répétant de me calmer et que peu importe ce que j'avais fait, ça allait s'arranger.

Sauf qu'à l'intérieur de la maison, c'était la guerre. Bien pire que ma solitude à l'extérieur. Les cris me vrillaient les tympans, et je restais immobile, dans l'entrée, écoutant les insultes, les coups et les deux petits qui pleuraient sous l'incompréhension et la peur. Mes poings se serrèrent mais bien vite, je portai mon regard sur mes mains tremblantes. C'était comme si le sang du père de Yoongi y était resté coller. J'écarquillai les yeux. Oui, oui putain, j'avais du sang, partout, partout, c'était séché et ça collait à mes doigts gelés, il fallait enlever ça tout de suite ! Je montai les escaliers en bois quatre à quatre, me ruant dans la salle de bain. Je me frottai les mains sans m'arrêter, pendant de longues minutes de panique extrême, où les larmes et le goût du sang dans ma bouche se mélangeaient pour former un sérum mortel et amer comme le fiel. Et ça ne partait pas. Ça restait collé à mes phalanges rendues rouges par mes frottements. Un sanglot nerveux s'échappa de mes lèvres, c'était impossible, ce n'était pas moi, Taehyung n'aurait jamais fait ça. Taehyung n'aurait jamais tué quelqu'un. Taehyung aimait la musique et apprenait le saxophone, jouait avec ses frères et sœurs et allait au lycée comme tout adolescent normal de Corée du Sud.

Taehyung ne pouvait pas être un meurtrier.

Je repensai à l'arme qu'avait fièrement ramené mon père quelques semaines plus tôt à la maison, il l'avait fabriqué de ses mains et le patron de l'usine dans laquelle il bossait lui avait offerte pour toutes ces années de bons et loyaux services. Il l'avait exposé et contemplé durant des jours et des jours, jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse, comme par magie. Pour atterrir dans les mains avides de Yoongi. Je fermai les paupières mais les cris du rez-de-chaussée se faisaient alors plus forts, plus cruels, plus meurtriers.

- Taehyung ! hurla mon père et je sursautai en pleurant davantage.

Mes mains étaient toujours sales. Je me sentais sale, ignoble, comme le méchant de l'histoire. Sans même m'en rendre compte, sans penser aux conséquences, j'étais un complice de ce meurtre. Et Yoongi n'avait même pas eu le courage de me l'avouer, c'était moi qui l'avais regardé et avais tout compris. Qu'allait-il arriver désormais ? J'étais terrifié. Et si la police débarquait dans la nuit pour me traîner en prison ? Ou pire encore ? Je descendis les escaliers en tremblant, tentant de réprimer un nouveau sanglot.

- Toi, espèce d'incapable ! hurla mon paternel avec sa ceinture dans la main. Viens ici bordel de Dieu !

Ma mère lui attrapa le bras quand il m'agrippa violemment par le col de mon tee-shirt pour me secouer comme la pauvre merde que j'étais.

- Arrête-ça, ne le touche pas ! cria maman en le giflant.

Il perdit le contrôle et la poussa fortement contre le mur où sa tête cogna et elle tomba par terre sous les cris de peur des plus petits. Tout ça à cause de l'alcool. Tout ça à cause de l'argent. Je me fis peur à moi-même quand je pensai un instant à lui réserver le même sort que Yoongi avec son père. Mais je me contentai de laisser couler mes larmes, alors qu'il me hurlait dessus sans que je ne comprenne rien.

- Vous deux, montez dans votre chambre !

Minsoo et Jinhyun ne se firent pas prier et disparurent du salon alors que j'étais un peu soulagé qu'ils n'aient pas à assister à un tel massacre familial. Ma mère gémissait de douleur et je voulus me diriger vers elle mais mon père m'agrippa les cheveux pour me tirer en arrière jusqu'à me faire mettre à genoux devant lui.

- C'est toi qui a volé mon arme, n'est-ce pas ?! Ton incapable de mère n'arrête pas de répéter que je l'ai perdu quand j'étais ivre, mais je sais que c'est toi, comme toujours ! Tu es inutile Taehyung !

Le premier coup de ceinture partit alors que je serrai les dents, retenant mes cris. Et puis il continua et je le laissais faire, comme si chaque coup administré me lavait de mes abominables péchés. Les cicatrices sur mes avant-bras n'étaient pas suffisantes, je devais payer bien plus pour un tel crime. Alors il continua pendant de longues minutes, jusqu'à ce que je sente la peau de mon dos partir en lambeaux par endroits. Il s'arrêta et je tombai par terre, sur le ventre, le visage tourné vers ma pauvre mère qui tendit la main vers moi en tremblant.

Oh maman, ton fils est un meurtrier.

Je fermai les yeux en écoutant les pas du paternel s'éloigner jusqu'à ce que la porte d'entrée ne claque.

- Je ne te veux plus ici quand je reviendrai, c'est clair petite merde ?

Ce fut les dernières paroles que prit la peine de m'adresser mon père avant de quitter la maison. Et ma mère, croyant être la meilleure solution pour moi, me serra la main et entrouvrit les lèvres pour m'assassiner davantage.

- Pars Taehyung... Va t-en mon fils, ne reviens jamais. Tu trouveras le bonheur autre part...

Les larmes coulèrent toutes seules.
J'avais juste voulu rentrer chez moi pour y trouver un peu de paix. J'avais eu tort.




 J'avais eu tort

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𝟭𝟯𝟰𝟯𝟰𝟬; 𝙥𝙡𝙪𝙩𝙤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant