~4~ La vie au camp

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~JOUR #2: Reiner~

Bertholdt est bizarre.

J'essaie d'être gentil avec lui, mais il me repousse comme si j'étais un désagréable moustique qui essaie de le piquer. J'ignorais comment bander son bras qui paraissait uniquement foulé, mais j'ai fait de mon mieux avec mes connaissances dans le but de me sentir professionnel. Malheureusement, le garçon a réalisé que je ne suis qu'un mythomane. Son poignet ressemble désormais à un gros chamallow particulièrement appétissant. Je connais une fille du cabanon féminin qui adorerait en prendre une bouchée. Amatrice de tout ce qui se mange, cette gloutonne énergique s'appelle Sasha et elle est actuellement en couple avec Connie malgré son physique supérieur au sien sur l'échelle de la beauté. Que peut-elle lui trouver?

Voyant que la conversation ne pourra plus reprendre, je quitte l'infirmerie afin de retourner au chalet, talonnée par Bertholdt qui tient son poignet enrobé d'un air pensif. À première vue, ce grand brun au corps svelte parait très réservé et peu apprécier l'aide d'étrangers tels que moi. J'aime bien les garçons timides. C'est mignon, agréable à côtoyer et ça ne me tape pas sur les nerfs avec un surplus d'énergie. Selon mon père, en brisant la carapace de ces personnes on découvre ceux avec les plus grands cœurs, des perles plus fidèles que quiconque.

Bertholdt est loin d'être désagréable à regarder, au contraire, il est fort séduisant. Ses yeux verts très pâle sont une pure merveille à admirer. Avant de venir au camp cette année, j'ai dit à Jean que je souhaitais y voir un nouveau à mon goût, ce qui arrive justement. Je suis chanceux. Tout ce que j'espère maintenant, c'est que sous cet air coincé se cache quelqu'un d'ouvert d'esprit qui a un penchant pour les personnes musclées. 

En arrivant au cabanon où la plupart des garçons sont à nouveau endormis, une idée me traverse l'esprit. J'empêche Bertholdt de monter dans son lit, puis je m'approche de celui de Jean qui se trouve sous le mien. Ce dernier dort la bouche ouverte et sans hésitation, je pince son nez. Mon meilleur ami ouvre les yeux, puis il me repousse brusquement.

-Merde, Reiner, j'ai failli m'étouffer, se plaint-il, qu'est-ce que tu me veux?

Je lui fais signe de parler moins fort, ce qu'il fait en me dévisageant avec toujours autant de frustration. 

-Tu vas échanger de lit avec Bertholdt, lui appris-je, comme ça, il ne pourra plus tomber.

-Ce n'est pas nécessaire, se mêle timidement le concerné.

Je l'ignore, préférant attendre la réponse de Jean. Ce dernier essuie ses yeux avec fatigue, analysant ma question qu'il peine à comprendre à cause du manque de sommeil.

-Ça ne peut pas attendre à demain? Je dors, là...

-Bouge ton cul, Jean. Si tu dormais, tu ne parlerais pas.

Jean marmonne, mais il se lève tout de même en agrippant son sac de couchage afin de le déménager, les yeux à moitié fermés. Voyant qu'il porte un simple caleçon rouge à motif de tête de cheval, je me retiens de rire. Ce sous-vêtement lui vaut le surnom disgracieux de « tête de cheval » ou de tout ce qui est en lien avec les équidés, mais le garçon n'a pas envie de s'en départir. Il devrait pourtant réaliser à quel point cette chose est immonde.

Bertholdt agrippe ses affaires qu'il place silencieusement sur son nouveau lit. Il parait embarrassé que je l'aide, mais ce n'est pas ce qui va m'arrêter. J'aime donner mon soutien à ceux qui en ont besoin, surtout à ceux dont le physique est avantageux. Après m'être assuré que le nouveau soit confortable, je m'allonge à mon tour, fier d'avoir fait connaissance avec ce mystérieux timide.

***

-DEBOUT, BANDE DE GOSSES! hurle sans pitié la voix de Livai, c'est le premier jour, vous savez ce que ça veut dire? Avant l'annonce du déjeuner, je veux que ce chalet soit propre. Compris? Cette année, vous n'avez aucune excuse pour vous défiler. Je sais que ça ne prend pas une heure pour aller aux chiottes, donc Jager, n'essaie même pas.

En marmonnant, je place mon oreiller sur ma tête dans le but d'étouffer la voix du petit ténébreux. Chaque année, Livai insiste pour que nous débutions notre séjour au camp par un ménage du chalet et nous devons ensuite recommencer chaque semaine. En proie à un TOC, nous savons que cette obsession pour la propreté n'est pas de sa faute, mais ça reste parfois lourd. Si nos lits ne sont pas faits chaque matin à son gout, il n'hésite pas à nous crier dessus et il est même déjà resté deux heures supplémentaires dans la chambre pour refaire tout l'époussetage qu'il jugeait bâclé. Le connaissant, il a dû arriver en avance hier afin de bien nettoyer son lit avant de s'y installer.

-Reiner, bouge tes grosses fesses, ordonne Livai en frappant doucement l'oreiller sur ma tête, je veux avoir fini avant que les filles aient tout mangé.

-Tu ne peux pas laisser tomber ton obsession pour la propreté une année? se mêle Eren, c'est vraiment lourd de partager le chalet avec toi. Je n'en ai rien à foutre de la poussière.

-Eren, tu sais que ce n'est pas sa faute, réplique Floch, il n'a pas choisi ce qu'il est et nous devons l'aider.

-Ouais, bah ce n'est pas parce qu'il est malade mental qu'on doit tous être à ses pieds.

Je me fige en entendant ce que dit Eren, tout comme le reste des garçons du chalet qui se taisent. Voyant que Livai a cessé de frapper mon oreiller, je la retire afin de le regarder. Son visage est stoïque, mais je lis dans ses yeux gris une profonde douleur face à ce commentaire déplacé. Sans un mot, le petit ténébreux commence son ménage, n'obligeant cette fois personne à le copier. Jager peut parfois être un gros con lorsqu'il ouvre sa bouche sans réfléchir.

Voyant que le roi de la propreté est blessé, je saute en bas de mon lit pour lui donner un coup de main. Cette fois, personne ne se plaint et nous nettoyons tout le cabanon avec rapidité. Lorsque tout le monde s'investit, c'est beaucoup plus facile que lorsque nous nous battons pour rester au lit. Livai mérite notre soutien.

Comme le petit déjeuner n'est pas encore prêt, j'agrippe mes affaires pour aller prendre une douche dans la salle de bain commune des garçons. Il s'agit d'un petit cabanon adjacent au nôtre où les toilettes sont séparées de la pièce qui sert de douche commune. Identique à celles qu'on retrouve dans certains gymnases, la première fois que j'ai mis les pieds dans ce camp je ne n'étais pas à l'aise de me doucher avec les autres. Avec le temps, j'ai cependant appris à ne pas être timide en leur présence. Aucun ne va juger le corps des autres, bien que j'admette aimer admirer subtilement ce qui m'entoure. J'ai bien le droit de consulter le menu.

Les garçons qui préfèrent se laver le matin, comme Jean, Eren, Floch et Connie viennent rapidement me rejoindre. Eux, ils ne sont pas intéressants à observer même si j'ai toujours trouvé Jean très séduisant sans ses vêtements. Je lui ai déjà fait la remarque et comme il a un orgueil surdimensionné, il a pris la grosse tête. Floch aussi est attirant. Cependant, les cicatrices qui couvrent son dos et ses cuisses me mettent mal à l'aise.

Alors que je me lave tranquillement tout en savourant l'eau chaude qui glisse sur mon corps nu, quelqu'un pénètre dans les douches. Une serviette autour des hanches et les joues rouges, Bertholdt reste dans l'entrée. Il lève les yeux vers le plafond afin d'esquiver nos entrejambes.

-Il n'y aurait pas une douche fermée? s'enquiert-il.

-Non, répond Jean, entre mecs on ne doit pas être timide. Pas vrai?

Le grand brun pince les lèvres, incommodé par cette situation. Même s'il s'agit uniquement de son deuxième jour au camp, il ne semble pas aimer l'endroit. J'espère qu'il apprendra vite à nous apprécier et qu'il profitera de cette expérience pour libérer son fou. Après une longue hésitation, Bertholdt va se placer dans l'un des coins de la douche, dos à nous. Le garçon retire lentement sa serviette sous mon regard curieux qui vagabonde jusqu'à ses magnifiques fesses rebondies. Son corps mince est sublime. 

-Reiner, arrête de mater son cul, se moque Eren.

Je pince les lèvres, choqué qu'Eren m'ait surpris en pleine contemplation. Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche que je réalise que Bertholdt est déjà parti. Maintenant, il va croire que je suis un gros pervers!

Le camp d'été ~Reibert~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant