2

538 86 8
                                    

Février 2015

SMS à Soléa : Je passe mes journées chez toi. Tes colocs en ont marre de moi.

Je suis un déchet sans toi.

Reviens-moi.

L'appartement est bien vide sans toi. Je passe le plus clair de mon temps chez toi. Ou ton ancien chez toi. Je ne sais pas. Aria et Paul m'ont laissé rentrer à force de m'entendre frapper comme un forcené à la porte. Ils me laissent dormir sur le canapé. Aria est obligée de me dire de manger, je crois qu'elle s'inquiète pour moi.

Ils vont finir par me faire payer un loyer. Je dors sur le canapé, je ne vais presque plus au studio de Gabin, j'ai l'impression de le soûler, puis je crois qu'il commence à voir quelqu'un... Il ne m'en parle pas. On ne se parle presque plus. Enfin, je ne parle presque plus à personne.

Je suis un fantôme, un déchet.

***

Finalement, j'avais raison. J'ai bien fini par emménager à la colocation. Quand ta grand-mère est venue récupérer tes affaires, j'ai compris que tu ne reviendrais pas de sitôt. Et puis la lettre de ton grand-père m'a beaucoup touché, malheureusement elle m'a fait autant de mal que de bien.

Ce jour-là, en janvier, il n'y avait que Paul et moi à l'appartement, et ta grand-mère avait été aussi surprise que moi en nous découvrant l'un l'autre ici. Je ne savais pas où me mettre.

Mon géniteur avait tué sa fille, son beau-fils, il avait détruit la vie de cette famille. Et je pense même qu'il t'a détruit toi aussi. Mon « père » t'a détruit autant que je t'ai brisé. C'est si douloureux, je m'en veux tellement.

Au vu du regard que m'avait lancé ta grand-mère avant de m'ignorer profondément, j'avais compris que oui.

— Tu dois être Paul c'est ça ? Je viens récupérer les affaires de ma petite-fille.

Cette phrase, aussi courte qu'elle puisse être m'avait brisé jusqu'au plus profond de mon être. Parce que ça voulait dire que mon chaton était vraiment parti. Que tu ne reviendrais pas ici.

J'avais aidé ta grand-mère avec Paul pour éviter de tourner comme un lion en cage. Mais mon aide ne l'avait pas ravie, au vu de tous les regards glaciaux qu'elle m'avait lancé.

J'avais raccompagné Claudine avant qu'elle ne parte, avec le dernier carton - remplis de livres - jusqu'à sa voiture.

— Je suis désolé.

Et c'était vrai. Pour pas mal de choses à vrai dire. Pour la mort de ses enfants, celle de son mari, de m'être introduit dans votre vie à tous, de vous avoir fait du mal. J'en venais presque à être désolé d'être en vie. Parce que je t'avais fait beaucoup trop de mal. Et c'était trop dur.

Ta grand-mère m'avait donné une lettre, écrite par ton grand-père. Il l'avait écrite quelques jours avant de mourir. J'ai mis quelques jours avant de la lire. Je ne voulais pas, je n'arrivais pas à lire cette lettre. Je me demandais ce qu'il avait pu me dire. Quel genre de leçon il aurait pu m'écrire.

Parce que c'était ça. Ton papy savait toujours quoi dire, à quel moment.

Avant de partir, j'avais aussi demandé à ta grand-mère si elle pensait que tu allais revenir. Pas pour les vacances, ça, à vrai dire, je m'en moquais un petit peu. Moi ce que je demandais, c'est savoir si tu pensais revenir pour de bon. A Paris, à Nice, n'importe où mais pas à l'autre bout du monde.

« Je pense qu'elle a besoin de temps, et qu'elle avait besoin de souffler. Mais je ne peux rien te promettre, je ne sais pas comment va se passer cette année. »

C'est ce qu'elle m'avait répondu.

Qu'elle ne savait pas comment se passerait ton année.

Bien. Ton année se passerait bien mais tu te rendrais compte qu'on te manquerait trop. Pas forcément moi, je sais très bien que tu dois me détester... mais tes amis, ta grand-mère...

Au final, Claudine était repartie, et moi je m'étais encore affalé sur le canapé de ton ancien appartement.

Paul et Aria ont fini par me loger complètement à ce moment-là – et me demander un loyer par la même occasion. Ils veulent que je prenne ta chambre. Mais je ne peux pas, parce que c'est la tienne justement. Donc pour l'instant je reste encore sur le canapé. Ça changera peut-être un jour. J'ai l'impression que tu es partout et nulle part à la fois. Il y a encore ton odeur dans ta chambre, et j'ai peur de la faire disparaitre en m'y installant trop longtemps.

La colocation est un peu bizarre pour l'instant. Aria est toujours sur son téléphone, et si on est ensemble et que ce dernier sonne, elle s'empresse de le cacher. Je me demande ce qu'elle a. Tu crois que ça se passe mal avec Hugo ?

Est-ce que tu as arrêté de lui donner des nouvelles à elle aussi ? Elle ne veut rien me dire.

Je me demande comment tu vas. Je ne sors plus, Paul est toujours fourré avec sa copine. Gabin a toujours un truc à faire.

Je m'en veux tellement de ne rien t'avoir dit, serais-tu partie si je t'avais tout dit dès le départ ? Aurions-nous été ensemble ?

Avec tout mon amour,
Nathan

——
LA DEUXIÈME CASE DU CALENDRIER EST OUVERTE MES CHATS ! 🐱

J'ai hâte d'avoir vos avis.

Je ne sais pas trop quoi dire avec ces lettres, alors je vous dis juste à demain.

Je vous embrasse,
Café, manzana et chocolat.
Love,
Chloé. ☕️🐱

24 lettres sans toi (CEUJDE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant